Rougir de rage
Okamoto réussit une nouvelle fois à concilier art et divertissement dans cette folle aventure fabuleuse matinée d'une violente décharge sociale à l'encontre de son propre pays.
Le cinéaste était proche de Shohei Imamura et tous deux hommes aimaient à comparer, en plaisantant, leurs différences fondamentales à aborder des mêmes sujets. "Red Lion" pourrait être appelé "l'Eijanaika" d'Okamoto. Se passant en 1866, le réalisateur enrobe le soulèvement populaire d'une rocambolesque intrigue chambara-esque.
Dans le rôle principal, Toshiro Mifune avait su développer des nombreuses nouvelles facettes sous la direction du cinéaste ("Japan's Longest Day", …); dans le rôle du "Red Lion", il revêt pourtant son jeu préféré: celui du cabotineur outrancier, totalement incontrôlable et en roue libre. Excessif, son jeu saura donner matière à alimenter les discours de ses détracteurs et noie effectivement plus d'une fois la finesse scénaristique par son omniprésence écrasante.
Car au-delà d'une intrigue plutôt classique de l'anti-héros, propulsé malgré lui porte-parole d'un peuple se soulevant face aux magistrats, le film donne surtout le point de vue très personnel d'Okamoto sur l'ère de la modernisation…et de l'abus du pouvoir en général.
Comme dans la plupart des films du réalisateur, longueurs et lenteurs du rythme paralysent l'impression générale lors d'un premier visionnage – et ce n'est qu'après-coup, que la finesse du scénario et de son traitement prennent toute saveur.
Une nouvelle réussite majeure sur un ton mineur.
