La Thaïlande s'inspire d'Hollywood: projet foireux sans réalisateur, plein d'action, et pas de fin.
Red Eagle aura été un projet qui s'est longtemps baladé. D'abord prévu pour 2006 et par un autre réalisateur, il s'est finalement retrouvé dans les salles en 2010, et signé par Wisit Sasanatieng. J'ai justement dû retrouver cette fiche de film dans les entrailles de la base de donnée pour la mettre à jour. Et même une fois la production réellement lancée, elle aurait été tellement pénible pour Wisit Sasanatieng qu'il aurait décidé, selon certaines sources, d'abandonner la réalisation pour quelque temps. On comprend donc que ce film est né dans la douleur, autant le dire que ça se voit.
Pendant toute la projection, je trouvais des éléments intéressant dans le cadre du film de super-héros, comme le fait qu'il soit drogué à la morphine, ou encore qu'il préfère se battre contre des ministres se payant les services de prostituées mineures plutôt que contre des petites frappes qui piquent des sacs à main. Mais tout ceci s'inscrit dans un classicisme absolu de la trame narrative, tout en manquant de dynamisme pour lier le tout. Oh, y a bien quelques scènes d'action bien menées, comme celle qui se passe dans, puis sur un building. Mais on a aussi quelques grands vide entre ces moments que le réalisateur peine à combler, soit en s'attardant sur les relations entre les personnages, soit en suivant l'enquête du flic. Ce dernier est censé être notre porte d'entrée dans cet univers, celui auquel on peut s'identifier le plus facilement, mais il est tellement peu présent et sert tellement à rien qu'on préfère vite l'oublier. J'en suis resorti avec l'impression que le réalisateur voulait se démarquer du genre, à la fois en abordant des problèmes d'actualité et propres à son pays, mais aussi en créant un héros sombre et torturé, mais qu'il a été constamment été rappelé à l'ordre par ses producteurs. D'où aussi ce côté blockbuster hollywoodien, ou plutôt tentative de blockbuster, car les effets spéciaux peuvent difficilement être comparables. Ce sentiment d'errance de la réalisation est encore appuyé par la fin expéditive, enfin qui n'est même pas vraiment une fin, puisqu'on nous donne rendez-vous dans une future suite, comme si Sasanatieng avait décidé d'abandonner le navire. Pas dit que cette suite voie le jour, et tant mieux, car cette série est déjà poursuivie par la mouise.
