Barry en transe
La seconde réalisation de l'ancienne scénariste et clippeuse Upi Avianto, chouchoute du Far East Film Festival d'Udine. Une comédie dramatique façonnée pour ados, au message plus "mature" que la moyenne, mais dont le vrai potentiel est une nouvelle fois gâchée par le manque de recul et d'investigation de sa réalisatrice.
Soit la réponse indonésienne à l'américain "Transamerica" (avec la génialissime Felicity "Desperate Housewive" Huffman à qui le film doit tout) avec un jeune garçon un peu paumé, qui rêve de devenir musicos et apprend qu'il n'est pas seulement adopté, mais en plus le fils d'un transsexuel. On a donc droit à une première partie foncièrement immature et inintéressante au cours de laquelle deux potes d'enfance font les 4000 coups à – et en-dehors – de l'école. Des scènes, qui tentent de montrer à quel pont ils sont cools et qui ne peuvent que remporter l'entière adhésion d'une jeune génération rebelle de par leurs écarts de conduite et affronts frontaux avec des profs, forcément moins "malins" qu'eux. Tout constat ou représentation un tantinet réaliste de l'actuelle jeunesse indonésienne en pleine rupture avec les générations passées est noyé sous l'avalanche d'effets et l'exécution extrêmement sommaire d'Upi.
Le même traitement sera malheureusement accordé à la seconde partie, guère plus intéressante, au cours de laquelle Nugi rencontre son père biologique devenu transsexuel. Une rencontre, qu'on aurait souhaité touchante, émouvante et qui aurait pu être le point de départ à tout un tas de sujets sensibles, dont la propre recherche identitaire et – pourquoi pas – sexuelle de Nugi, l'intolérance et les éventuels préjugés de personnes "différentes" dans un pays musulman ou encore l'actuel conflit intergénérationnel…Au lieu de cela, Upi se contente de filer d'un point A à un point Z avec le premier rejet de Nugi à la découverte de son père, puis le raisonnement et l'acceptation, le tout noyé sous une bande musicale parfaite, mais qui ne laisse guère place aux vraies émotions.
Tout parait donc "toc" dans ce drame, abordé d'une manière horriblement clichesque et superficielle, un peu comme elle le fera dans ses métrages suivants sur la drogue (Radi & Jani) ou le gangstérisme (The last wolf).
Seule vraie curiosité: celui de pouvoir célébrer le retour de Barry Prima sur le grand écran dans un rôle de "composition" pas vraiment à son avantage, ni vraiment maîtrisé, la faute surtout au médiocre scénario et son exécution. On se contentera finalement de jubiler à ce court hommage (et auro-dérision), lorsque Barry botte le cul à un pickpocket, vêtu de ses jupettes. L'image même de la bouffonnerie de cet ensemble.
