Deuxième meilleur film d'action derrière A toute épreuve de John Woo.
Tout simplement gigantesque, cette suitte écrase le 1er. Vivement le trois! Vivement le Blu-Ray en décembre!
Once Upon a Time in Jakarta
Après avoir frappé un grand coup avec un film de baston à petit budget, mais avec de grandes intentions, qu'est la fable morale Merantau, le gallois Gareth Evans prépare un autre "petit film" beaucoup plus ambitieux, originellement titré "Inside". En fait, entretemps, Evans souhaitait réaliser Berandal, une fresque noire de plus de trois heures sur l'ascension vengeresse d'un mystérieux étranger. Beaucoup trop ambitieux pour être produit (des séquences d'action qui nécessitent des moyens que le Cinéma Indonésien n'a pas encore et le projet ne se limitera qu'à un pilote), Evans reprend l'argument du film Dredd dont il fut longtemps approché (à-priori pour les soi-disants reshoots) pour faire son nouveau film faussement plus petit. Ainsi, son polar d'action en huis-clos impressionne le monde et faire du gallois un nom à suivre... Le succès international de ce qui deviendra The Raid incite les investisseurs à mettre la main au compte-en-banque pour produire la fresque ambitieuse dont rêve Gareth Evans. Mais pour cela, il passera par une longue séance de réécriture pour faire de ce projet la suite directe de The Raid. Ainsi, le mystérieux Yuda deviendra l'identité secrète de l'agent Rama. Le film débutant quelques heures après la fin du premier...
CETTE LONGUE PARTIE DE LA CRITIQUE EST 100% SPOILER !!!
On commence le film sur l'assassinat injuste d'Andi, le frère ainé de Rama qui s'était battu pour essayer de le sauver. D'abord réticent à abandonner sa famille, il acceptera finalement une mission d'infiltration uniquement dans un réel désir de vengeance. Après avoir dû passer deux années en prison pour avoir battu à mort le fils d'un politicien mêlé au meurtre de son frère (histoire d'être crédible aux yeux de la pègre), Rama, devenu Yuda (même nom que dans Merantau), entre au service du parrain Bangun après avoir sauvé la vie de son fils Uco. S'ensuit une humiliante scène de déshabillage (le parrain étant, comme tous les mafieux, un grand paranoïaque). Puis, Rama/Yuda fait ses premières armes dans le milieu où il devient, avec le comptable Eka, le garde-fou de l'enragé dauphin (référence plus qu'évidente à Vincent Cassel dans Les Promesses de l'Ombre) impatient de poser son c** sur le trône. Tellement impatient qu'en s'associant avec le gang de meurtriers de Bejo (l'assassin d'Andi), Uco provoquera une apocalypse sans fin dans les rues de Jakarta...
Si le film raconte une des trames les plus classiques et les scènes d'actions les plus éculées du monde, Evans réussit à nous surprendre, notamment avec une course-poursuite qui s'inscrit directement dans le panthéon des meilleures jamais tournées. Mais c'est surtout un vrai film de personnages tous aussi charismatique les uns que les autres, et quiconque n'a pas été séduit par la machiavélique jeune fille aux marteaux, ni impressionné par le vagabond à la machette (dont la fin sur la Sarabande d'Haendel, célébrée dans Barry Lyndon, en fait une des scènes les plus déchirantes de la décennie), par le jeune homme à la batte de baseball, ni trouvé le fils-à-papa Uco finalement assez proche d'un Iago et qui n'a pas versé de larmes dans un simple appel téléphonique demeurera à jamais le plus grand des blasés.
S'il y a bien des yakuza dans le film, The Raid II est surtout un vrai yakuza-eïga dans l'esprit et le cœur... Ainsi, la dernière partie est une pure marche funèbre pour Rama (le dernier coup-de-fil qu'il donne à son supérieur) qui décide de venger son frère d'armes (leur premier échange grille un twist dans le film, mais cela ne rendra un des climax et tout ce qui suivra beaucoup plus émouvant) au mépris total de sa propre vie. Et dans une dernière scène de toute beauté, rappelant ce grand cinéaste qu'est Tony Scott (on y trouve une belle référence à Man on Fire à travers le personnage de Koso) où de la menace viendra un véritable respect de la part du clan japonais voyant en ce flic infiltré un vrai samouraï. D'ailleurs, la dernière réplique retranscrit très bien l'état dans lequel se trouve le spectateur, remué par ce rollercoaster cinématographique.
Si l'on peut regretter que des images vues dans les bandes-annonces et en photos d'exploitation ont dû être coupé au montage (l'exécution ishiiesque dans l'ascenseur, réduisant à fond le personnage de Kazuki Kitamura, mais aussi le quotidien de Koso le vagabond... et ne parlons pas de ce carnage que nous a offert indépendement le cinéaste et qui demeure plus un court-métrage), certaines seront insérées dans le dors-&-déjà annoncé "The Raid III" qui est censé débuter trois heures avant la fin du 2.
FIN DES SPOILERS
En donnant dans la fresque ambitieuse allant vers les cîmes du Mythologique (notamment par ses personnages, tous icôniques, qu'il en devient un authentique film chevaleresque ; un ninkyô-eïga donc ! D'ailleurs, le titre Berandal sonne médival), Gareth Evans réussit avec cette croisé des genres (le polar, le giallo, le film d'arts-martiaux, le slasher, le drame épique, le western...) ce que peu ont aboutis jusqu'ici ; faire la meilleure sequel jamais réalisée !
Une suite à la hauteur
Que ce soit tout de suite dit, The Raid 2 est un excellent film d'action, avec des bastons et des scènes épiques à couper le souffle. La réalisation est géniale, et malgré la durée de 2h30 et quelques passages un peu longuets, on ne s'ennuie pas.
Les séquences mémorables se multiplient: le combat dans la prison, la poursuite en voiture, le personnage de Yayan Ruhian ( de retour ici sous un autre rôle) offre des passages extras et surtout le fight final dans la cuisine, qui arrache et se hisse au panthéon des meilleurs fights finaux que j'ai vu.
De là à dire, quand même, que c'est la meilleure suite de tout les temps et le meilleur film d'action jamais fait, non, je ne trouve pas. Clairement dans le haut du panier, mais pas The film.