Après un Le Jour où le porc est tombé dans le puits qui avait commencé à la révéler aux cinéphiles, Hong Sang Soo offre avec un The Power of Kangwon Province une oeuvre pas encore aussi accomplie que la Vierge mise à nu par ses prétendants mais déjà révélatrice de son désir de rendre compte des changements des rapports de couple dans la Corée des années 90. Tout d'abord, il offre un mélange d'éléments esthétiques et thématiques déjà vus ailleurs dont l'assemblage cohérent construit son style singulier -ce qui évite ainsi le risque du cliché visuel- : la distance détachant la parole de celui qui la prononce et la rendant ainsi plus forte évoquant tout un pan du cinéma japonais, l'économie de moyens de longs plans fixes étirés jusqu'à plus soif rendant compte du malaise des personnages -notamment lors de scènes de sexe où le mal-etre des partenaires est filmé de façon frontale- comme chez Tsai Ming Liang, le regard très pessimiste sur le couple et son usure à propos duquel la critique a souvent évoqué Antonioni, la capacité de la direction d'acteurs à capter de beaux moments de lassitude, le cinéma comme expérience sensorielle totale avec une prépondérance des bruits de fond dans le mixage sonore. Parmi ses apports personnels, on a l'utilisation récurrente de la symbolique animalière comme révélateur des impasses relationnelles de ses personnages ainsi que celle de l'obscurité comme second moyen de produire l'effet de détachement de la parole.
A l'instar de la Vierge mise à nu par ses prétendants, la grande force de The Power of Kangwon Province est son dispositif, certes à l'originalité moins forte, mais néanmoins efficace narrativement: le week end de l'étudiante Ji Sook à Kangwon pour essayer d'oublier une liaison avec un homme marié et mieux retomber dans ce piège en s'y entichant d'un policier marié pour une nouvelle liaison sans lendemain, puis un changement radical de point de vue avec le week end à Kangwon de Sang Kwon, jeune professeur trentenaire marié, avec son ami, cherchant à y oublier une ancienne liaison qui se révèlera etre Ji Sook. Son rendez-vous raté avec une jeune femme (croisée par Ji Sook et ses amies durant la première partie du film et dont le film nous apprend ensuite la mort après la chute du haut d'une falaise) va offrir une scène chargée de malaise où il lui fait des reproches à l'hotel, irritant de fait son compagnon; son corps sera découvert près d'une falaise dans la suite du film faisant ainsi un triste écho au récit de Ji Sook. Mais le gene du spectateur va s'accroitre d'abord lors de la scène de la descente de Sang Kwon et de son ami chez les prostituées qui reflète la vision désespérée des rapports homme/femme du film par son regard clinique sur la sexualité et enfin culminer lors de l'aboutissement du dispositif narratif du film qu'est la "rencontre" finale des deux "héros" du film qui étaient venus à Kangwon pour des raisons quasi-identiques, chargés de la meme solitude, du meme désespoir . Si le final offre un semblant d'apaisement, sa métaphore animalière sur un homme revenu de vacances plus seul qu'avant contrebalance cette impression, soulignant le retour à l'ordre et aux convenances sociales. Le seul défaut du film est la présence de quelques petites longueurs qui n'amoindrissent néanmoins pas trop son impact émotionnel.
Au final, la capacité de Hong Sang Soo à utiliser un dispositif narratif bien construit au service de choix formels cohérents en faisait un auteur coréen talentueux qui continuera à étonner avec la réussite éclatante de son film suivant.
Si certains cinéphiles apprécieront dans Le Pouvoir de la province de Kangwon sa description du couple coréen et sa narration scindée en deux, d’autres risquent vite de déchanter face à ce monument de banalité et de vide que nous sert HONG Sang-Soo sur un plateau. Entre discussions creuses et situations bateau filmées à distance, on cherche désespérément un intérêt, une signification, un trait de société un tant soit peu pertinent pour accrocher, mais c’est sans espoir. On dirait du cinéma intello parisien mixé avec du cinéma taiwanais ch@!:, c’est horrible, j’ai même dû m’y reprendre en 3 fois pour enfin voir le générique final qui advient juste après qu’un prof fixe du regard un poisson rouge dans une bassine en songeant à des trucs sans doute passionnants. Filmer sans véritable message le quotidien de gens quelconques qui vivent des aventures sans intérêt, pourquoi pas mais il y a des limites.