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3.33/5
Le Jour où le cochon est tombé dans le puits
les avis de Cinemasie
5 critiques: 3.2/5
vos avis
17 critiques: 3.49/5
Tout à l'Ego
La découverte du Jour où le cochon est tombé dans le puits permet de compléter le puzzle Hong Sang Soo. Parce qu’outre de confirmer la cohérence de son œuvre naissante le film est un complémentaire et non un brouillon des suivants.
Certes, on trouve déjà ici le gout du cinéaste pour les dispositifs alambiqués (ici quatre récits chacun du point de vue d’un personnage, tous les personnages ayant de forts liens entre eux : l’écrivain raté Hyo Seop pour la première partie, le cadre Tong Woo, Min Jae l’ouvreuse qui est amante de Hyo Seop et occupe divers emplois pour subvenir à ses besoins, Bo Gyung femme de Tong Woo et amante de Hyo Seop) et la capacité de sa mise en scène à créer la durée afin de susciter le malaise et faire ressentir le quotidien pesant de solitude de ses personnages du Pouvoir de la Province de Kangwon. Le Jour où le cochon est tombé dans le puits partage également avec ce dernier film une façon très crue de filmer la sexualité qui n’est qu’un passe-temps pour les personnages du film (l’amour a si peu de sens qu’on dit « je t’aime » à son amant provisoire ou à une prostituée). Hong Sang Soo se montre d’ailleurs sans pitié avec l’égocentrisme de ses personnages masculins qui déborde le cadre des relations amoureuses : Hyo Seop n’a aucun respect pour Min Jae et demande de l’amour de la part de Bo Gyung sans etre capable de lui en offrir, Tong Woo qui s’introduit égoistement dans la salle de bain et laisse la porte ouverte, gelant ainsi la prostituée dont il est le client, le meme qui aurait voulu que le bus ne parte pas sans lui au prix d’un retard. L’homme le plus détestable du lot est Hyo Seop, un etre bourru, se comportant en macho et n’hésitant pas à user de la force vis à vis d’une amante trop encombrante ou à provoquer une bagarre pour un mot de trop d’anciens camarades moqueurs de la faculté (il finira d’ailleurs en prison). Ce personnage d’homme incapable de s’assumer qu’on croirait échappé des premiers Pialat est d’une grande originalité par rapport à la suite de l’œuvre de Hong Sang Soo. Il donne en effet lieu à des scènes de colère et d’explosion de rage dont la violence brute évoque le réalisateur de Loulou. Par la suite, le constat de Hong Sang Soo sur l’incommunicabilité des sexes demeurera mais le cinéaste ne filmera plus jamais l’explosion, les rapports de force seront intériorisés. Quant à Tong Woo, s’il est en apparence plus policé, il se révèlera etre un mari infidèle et à la fin du film sa femme a l’impression d’etre violée quand il la touche ou lui fait l’amour avec agressivité.
Un autre point très intéréssant du film est qu’il donne au constat de Hong Sang Soo sur le couple une dimension politique absente par la suite. Les personnages du film représentent en effet le devenir de ceux qui ont cru au changement durant les années de la dictature militaire : ils sont depuis devenus des individualistes forcenés, à l’image de l’éditeur du début du film qui veut écrire un livre sur le passage du Marxisme au Confucianisme mais dit à Hyo Seop qu’il ne peut lui avancer sa paye. Ce dernier constat fait écho à l’embourgeoisement des anciens soixante huitards français et rend du coup le film si proche. On pourrait alors voir dans le film un constat sur l’envers de la libération des mœurs qui n’est pas sans évoquer le Houellebecq inspiré d’avant la gloire médiatique (la scène où l’on voit Min Jae obligée de doubler un dessin animé porno pour subsister et se faisant engueuler parce qu’elle ne donne pas l’impression de faire son doublage avec conviction n’aurait d’ailleurs pas dépareillé dans les Particules Elémentaires). Ici, ce sont des petits détails tels que les aliments qui tombent sur le pantalon de Hyo Seop alors qu’il propose de façon insistante un verre à une voisine de table, le meme ne pouvant plus chanter au karaoké parce que ce qu’il chante est trop proche de sa souffrance ou encore Bo Gyung brisant un cadre vu dans la vitrine d’un photographe qui représentait son couple heureux qui font office de puissants révélateurs. Les reflets sont bien utilisés lors des scènes de musée pour ménager l’arrivée d’amis découvrant les liaisons de Hyo Seop. La caméra reste quelques secondes fixe alors que les personnages ont quitté le cadre pour renforcer l’impression de vide. Ce dernier aspect est renforcé par des cordes dissonnantes soulignant le désespoir derrière un quotidien routinier et culminera dans une fin de film désespérée. Outre ces aspects, un des grands plaisirs du film est la courte apparition de Song Kang Ho en ancien camarade de faculté de Hyo Seop : en un instant, il devient le centre d’attraction du plan, son charisme se manifestant par sa façon assurée de tenir une cigarette contraste avec la façon calculée dont Hyo Seop tire sur les siennes et du coup cet aspect révèle le manque d’assurance de Hyo Seop.
Meilleur film coréen des années 90 comme le pensent certains critiques coréens ? Pas vraiment du fait de quelques erreurs de jeunesse : quelques raccords trop abrupts, un récit par moments opaque et surtout certains choix musicaux plus que douteux (le slow sirupeux du karaoké, Janet Jackson sur une scène). Mais il s’agit en tout cas d’un premier film réussi qui ne néglige pas la dimension humaine meme si le projet a été longuement pensé par le cinéaste (le film provient de la fusion de quatre de ses scénarios). Contrairement aux Taiwanais dont il semble proche par le style de mise en scène et les thèmes, Hong Sang Soo ne se met pas à distance de ses personnages et n’a pas peur des plans assez rapprochés comme s’il cherchait à renvoyer au spectateur un miroir peu flatteur de son comportement. Bien qu’ancré profondément dans la réalité coréenne, il s’agit dès lors d’une œuvre universelle.
Déjà toute la mise en scène de Hong sang-soo, pas encore totalement maitrisée.
Un film aride et sombre, qui révèla le goût de Hong Sang-soo pour les chassés croisés théoriques et son sens inouï du cadre. La narration est très difficile à suivre mais chaque moment, toujours aux bords de l'improvisation, est précieux.
Un essai aussi sombre que plaisant
Avis Express
Premier film d'un des cinéastes coréens les plus portés sur le cul et la boisson, tout en arborant un superbe titre
Le Jour où le cochon est tombé dans le puits possède déjà une partie de la grammaire de Hong Sang-Soo, de part ses thèmes abordés et son aspect formel particulièrement froid, à l'image de la peinture décharnée des rapports humains et du pessimisme général. Mais la personnalité du cinéaste et de ses acteurs est telle que le film peut être perçu comme une comédie un peu malade, oscillant entre des instants de tension proche de l'hystérie (Hyo Seop perdant tous ses amis après s'être mal comporté) ou d'autres aussi menaçants que sombres renvoyant à un autre cinéma malade, celui de Tsai Ming-Liang, avec ces personnages pris chacun de leur côté, étudiés à la loupe jusque dans leur plus profonde obscurité. On en ressort à la fois amusé et avec un goût amer dans la bouche, sans doute parce que la solitude de la jeune femme du plan final annonce combien le cinéma de Hong Sang-Soo aime les courbes et les loopings sentimentaux.
Fragments d'une chronologie du hasard
Avec son premier long métrage, Hong Sang-Soo met en scène un petit théâtre de la vie, universel dans son propos, par le biais d'une narration éclatée faisant se succéder 4 personnages principaux, hommes et femmes, empétrés dans des moments de vie difficiles, décevants et délicats à gérer. C'est par exemple cet écrivain sans succès (personnage caricatural par excellence d'un film d'auteur...) qui n'arrive pas à trouver l'équilibre avec une femme et qui provoque une rixe le menant tout droit vers la prison ; c'est aussi ce cadre supérieur parti en mission qui s'abandonne dans les bras d'une prostituée. Délitement du couple, incertitudes face à l'avenir, isolement de l'individu, tous ces thèmes surgissent au travers de la succession de scènes du quotidien d'une apparente banalité. Seul problème, le délitement concerne également le film lui-même ; outre un titre tiré par les cheveux qu'il n'est pas évident d'interpréter, Hong laisse traîner ses plans et son intrigue lors de la dernière demi-heure, ne parvenant pas tout à fait à créer un ensemble d'histoires individuelles cohérent. Pas étonnant dès lors de voir naître une pointe d'ennui ponctué par un plan final dont on ne sait quoi penser. Au final, un premier film encourageant mais qui mérite confirmation.
Le jour, où Hong Sang-soo est tombé dans la formule magique
Après huit ans à étudier le cinéma et les Beaux-Arts aux USA et une année sabbatique à humer l'air parisien dans la grande capitale française, Hong Sang-soo revient à Séoul pour intégrer la nouvelle société de production de sa mère, Cinetel Seoul. Ancienne productrice émérite de plus d'une soixante de films à la fin des années 1960s et notamment des films de Lee Man-hee, cette dernière travaille surtout avec la télévision, en produisant notamment "Novelist & work piece", qui occupera Hong Sang-soo pendant des nombreux mois.
Il enchaîne les scénarii, qui se feront primer, mais n'osera sauter le pas qu'en 1996 pour réaliser son premier long, "Le jour…" en partie basé sur une nouvelle de Koo Hyo-seo, "A strange summer".
Curieusement, ce premier film éveilla l'attention des critiques dès sa sortie. "Cine 21" le comparaissait même comme "un coup de revolver, qui a ébranlé l'Histoire du cinéma coréen". On était en plein élan de ce qui allait plus tard donner lieu au renouveau du cinéma coréen. Hong Sang-soo tombait à pic, en attirant dès son premier l'attention d'un circuit festivalier et notamment du festival de cannes, qu'il n'a plus cessé – depuis son second – de fréquenter en étant sélectionné dans l'une ou l'autre catégorie année en année.
Cette attention n'était nullement galvaudée. Le film puisait son influence autant chez un Bresson, que chez un Bunuel ou dans la Nouvelle Vague Française. Des personnages peu définis hantaient des images, sans que l'on en apprenne forcément tout sur leurs motivations. La structure narrative totalement éclatée rendait toute compréhension difficile à une première vision et on avait du mal à discerner le fil conducteur des nombreuses digressions. Des sons triturés (dès le début du film) créaient une atmosphère en parfait décalage avec ce qui se passait à l'écran, tandis que les personnages ne disaient pas forcément des choses sensées ou en adéquation avec leurs actions…et il fallait attendre la toute fin pour que finalement tous les bouts narratifs éparpillés donnaient enfin le fin mot de l'histoire dans une violence, qui n'était pas sans rappeler la Nouvelle Vague Hongkongaise du début des années 1980s et notamment les débuts derrière la caméra d'un certain Patrick Tam.
Plus de 15 ans plus tard, "Le jour…" n'a absolument rien perdu de son pouvoir fascinant. Le cinéma coréen a connu son âge d'or avant de désormais emprunter des chemins beaucoup plus balisés. Des nombreux auteurs ont pu prétendre à la reconnaissance internationale, avec plus ou moins de bonheur…dont Hong Sang-soo, qui ne retrouvera jamais entièrement la puissance de ses trois premiers. Qui tourne désormais en rond, incapable de se renouveler.
"Le jour…" est un cas unique dans le récent cinéma coréen, dans le cinéma d'auteur tout court. Un cas d'école.
Très fin.
Le premier film d'Hong Sang-Soo est celui qui m'impressionne le plus. Il est plus incisif que les 2 suivants "Le pouvoir de la province de Kangwoon" et "La vierge mise à nus par ses prétendants" qui s'ils évitent la redite, n'apporte pas tellement par rapport au "Jour ou le cochon est tombé dans le puits", tant qu niveau de la forme que du fond.
Un film très sombre dont le côté "film d'auteur asiatique" pourrait en agacer plus d'uns mais qui remporte la mise (prouvant une fois encore que la différence entre un bon film et un mauvais film est minime :-).
En attendant avec impatience "On the occasion"
bien
Des longueurs, mais on ne s'ennuie pas une seconde .
L'être, la vie, la passion..
Ce premier film de Hong Sangsoo nous indique clairement la thématique de ses prochains films : l'homme et son rapport avec le sexe. En fait, un très mauvais film, malgré quelques bons passages, l'ensemble est vraiment ennuyant bien l'idée n'est pas mauvaise sauf les histoires d'amours / amants est deja vu et revu dans le cinéma. Seule sa technique de filmer la vision de chacun de ses personnage est vraiment intéressante, et leur sentiment vis à vis des autres, ceci est indispensable à la comprehension réelle de la trame, contrairement à la plupart des films où "les personnes tierces n'ont pas le droit à la parole". Néanmoins, ce film, malgrès ses attraits techniques n'accroche pas du tout en dépit d'un scénario interessant.