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moyenne
3.36/5
Poppoya
les avis de Cinemasie
3 critiques: 3.33/5
vos avis
9 critiques: 3.61/5
Le style japonais dans toute sa splendeur...
Ken Takakura - probablement le plus grand acteur encore en activité - interprète ici le rôle du Railroad man, un vieil homme consciencieux, épris d'un travail qui n'intéresse plus grand monde, et qui enchaîne méthodiquement des procédures désuètes.
Brisé par le destin, veuf, fatigué, n'attendant plus grand chose de la vie, la seule chose qui le retient encore en ce monde -sa gare- est sur le point de fermer. Au lieu de baisser les bras, il s'acharne encore plus dans son travail. Les quelques voyageurs qui descendent à son terminus l'encouragent.
Reposant entièrement sur cet acteur magnifique, le film est mélancolique et nostalgique. Les dialogues ne fusent pas et les scènes d'exposition sont particulièrement nombreuses. Ce qui ne lui nuit cependant pas. Ce style langoureux est magnifié par l'ambiance mystérieuse et merveilleuse imposée par le réalisateur.
Alors que le dit-"style Japonais" peut sembler rebutant dans de nombreuses oeuvres, ici tout est magnifique. Du jeu des acteurs (Ken en premier), aux scènes de silence lourdes de sens. Le spectateur se laisse emporter par la magie dégagée par cet univers poético-fantastique. Voilà une preuve flagrante que le beau existe et surtout sans artifice marketing.
25 septembre 2001
par
Chris
Vraiment très beau.
Un film qui reflète toute la finesse de la romance japonaise.
A voir, assurément !
Au terminus de la vie
Yasuo Furuhata adapte ici respectueusement la nouvelle de Jiro Asada (LE CHEMINOT en France).
L’histoire de ce vieil homme qui dirige une gare isolée vouée à la fermeture est d’une grande simplicité, chronique nostalgique d’une solitude chargée de souvenirs et de regrets avec les pertes successives de sa petite fille puis de son épouse. Le rythme est lent, les images des vieilles locomotives parcourant des lignes ferroviaires enneigées succèdent aux scènes contemplatives du chef de gare planté sur le quai et noyé dans sa remémoration passéiste à l’heure de la retraite proche.
En même temps, l’environnement quotidien du héros est subtilement esquissé : accomplissement de procédures d’un autre age à l’arrivée de trains qui vont bientôt aller au musée, village qui se dépeuple, visite d’un vieux compagnon de route qui a déjà préparé sa reconversion et tente vainement de persuader son ami de suivre la même voie après un repas bien arrosé.
Les flash-back sont nombreux, permettant de connaître les drames qui ont jalonné la vie du cheminot et de mieux cerner sa personnalité.
Hommage à une corporation de travailleurs d’un autre temps, ce parfait mélodrame fait aussi intervenir un élément très présent dans l’imagination populaire nippone, les revenants. C’est paradoxalement avec l’apparition des jeunes filles que le film prend une tournure plus souriante, étincelle de vie dans la grisaille ambiante, qui permet à Otomatsu de connaître ce qui aurait pu être et d’atténuer une culpabilité qui le ronge toujours plus, ayant toujours fait passer son métier avant les problèmes de sa petite famille. Le dénouement attendu et inéluctable se révèle finalement moins triste qu’il ne parait, ultime hommage à une époque révolue.
POPPOYA est un film tout en retenue et pudeur, distillant une mélancolie diffuse et une émotion grandissante au fur et à mesure de la découverte des évènements qui ont marqué la vie du cheminot, renforcée par la vision des solitudes enneigées.
Car la photographie est magnifique, et les scènes du passé filmées en noir et blanc son tout aussi soignées. Quant à la musique, Ryuichi Sakamoto nous livre là une composition toute en finesse qui participe entièrement à la nostalgie ambiante.
C’est bien sûr l’interprétation de Ken Takakura qui force l’admiration, il porte tout le projet sur les épaules et sa stature rigide impose un respect immédiat. Il EST le cheminot, mais les autres interprètes sont à l’unisson de cet acteur charismatique. En particulier, Ryoko Hirosue qui n’apparaît que dans la dernière partie, apporte une vraie fraîcheur dans le rôle de la jeune revenante.
POPPOYA dépeint sans mièvrerie et avec une grande humanité des personnages attachants et crédibles. Un beau film classique qui fait la part belle à la noblesse des sentiments pour nous toucher au plus profond.