Le "fait peur" sonne toujours deux fois
Suite au phénoménal succès du premier "4bia", qui a entraîné ribambelle de produits similaires, la société de production GTMH signe une suite plus longue (5 sketches au lieu de 4) et encore plus réussie (qualitativement, mais également en termes de bénéfices, le film signant le meilleur démarrage, le meilleur week-end de tous les temps, ainsi que le second meilleur score au box-office 2009, juste après la comédie romantique "Bangkok Love Traffic Story" de la même société…).
Les mêmes réalisateurs rempilent pour cette séquelle, sauf THONGKONTHUN Youngyooth, judicieusement remplacé par SUGMAKANAN Songyos (Le Pensionnat), qui signe ans aucun doute le meilleur segment, "Backpackers", ainsi que le producteur vétéran Wisoot Poolworraluck, qui ne démérite pas avec son réussi "Ward".
Comme toujours, il y a à boire et à manger, pas un grand mal sachant qu'aucun des segments ne dépasse els 25 minutes, au cas où l'on accrocherait moins avec telle ou telle histoire; tous se valent pourtant dans des registres les plus variés.
La moitié du duo responsable des deux meilleurs succès du renouveau de l'horreur thaïe de cette dernière décennie, "Shutter" et "Alone", Parkpoom Wongpoom signe – comme dans le premier – le moins convaincant de toutes les histoires avec son "Salvage", histoire d'une vendeuse de voitures d'occasion, qui sont en fait des véritables épaves, à peine retapées pour être revendues au prix fort. Après une forte dispute avec une cliente mécontente, elle se rend compte, que son petit garçon a disparu. Sur les écrans de contrôle, elle le voit en train de parler à une personne invisible avant de disparaître…et elle va se mettre en quête de le retrouver dans un lieu isolé et menaçant…
Ce n'est pas trop mal foutu, mais mise un peu trop sur des effets grossiers à base de cris inutiles et de sursauts provoqués à coups de grosses instrumentalisations…LE manque de développement de son personne ne permet également à aucun moment de s'identifier à la détresse de la jeune femme.
Son collègue Banjong Pisanthanakun s'en tire déjà beaucoup mieux, en misant – comme dans le précédent – sur la combinaison gagnante de l'humour associé à la comédie…Un genre à part dans la riche cinématographie thaïlandaise…Sauf qu'à la différence de "4bia", il réussit un véritable tour de force, en se moquant de ses propres films (l'équipe tourne un "Alone 2") et de la plupart des grosses ficelles du genre…Cela donne lieu à une avalanche de gags franchement réussis jusque dans son hilarant dénouement plein de cynisme et de noirceur.
L'autre segment parmi les moins réussis est incontestablement le premier de la série, "Novice", signé Paween Purikitpanya. La bonne nouvelle, c'est que le réalisateur de "Body 19" abandonne finalement les gros effets spéciaux visuels pour signer une histoire un tout petit peu plus soigné au niveau du fond, sans pour autant abandonner la forme…On appréciera ainsi le côté profondément bouddhiste, plus particulièrement ancrée dans les croyances thaïes…Sauf que Jirayu Laongmanee (Love of Siam) paraît un tantinet trop arrogant pour éprouver quoi que ce soit au niveau de ses énormes malheurs…et il va bien payer de sa vie, le pauvre.
"Ward" est franchement pas mal avec le jeune Arhit (Omen), qui va se faire persécuter par un vieillard beaucoup plus offensif, qu'il n'y paraît…et la fin est toute aussi excellente, que les meilleures des courtes histoires de Stephen King…
Mais le morceau de choix, c'est inconestablement le "Backpackers" du très bon Songyos Sugmakanan avec son acteur désormais fétiche (et qui a bien grandi depuis ses débuts) Charlie Trairat. Nourri aux films de zombis, le réalisateur s'en donne à cœur joie en réussissant à distiller une atmosphère franchement poisseuse jusque dans son terrible plan final…tout simplement E-NORME !!! JE donnerai cher pour voir le film rallongé en un bon vieux long-métrage, tellement c'est bon et qu'il resterait des aspects à y développer.
Un très bon crû, qui semble d'ores et déjà annoncer un troisième opus en vue des excellents résultats obtenus.