Allez jusqu'au bout de vos passions
Succédant à la trilogie, Colour Blossoms reprend les thèmes chers à Yonfan, mais avec une démesure qu'il n'avait jamais encore atteint. Parallèlement aux thèmes abordés, Colour Blossoms est aussi le film où l'esthétique de la photographie vient le mieux s'intégrer à l'histoire pour créer avec la musique une ambiance où se mêlent surnaturel, passions, sexe. Nul ne pourra reprocher à Yonfan une chose: il ose! Là où certaines démonstrations mêmes virtuoses ne sont finalement qu'un feu d'artifice d'esbroufe (qui a dit Oldboy?), il n'y a dans l'extrémisme de Yonfan que la prolongation naturelle de la quête perpétuelle de ses personnages, une quête d'identité, de reconnaissance de soi à travers le regard de l'autre, de l'infinie passion de ceux qui ne veulent pas abandonner cette vie. Tous les excès qui pourraient paraître gratuits de la part d'un autre, deviennent ici naturels, les lectures sont multiples, les ressentis le seront aussi. Pour servir ce tableau grandiose, la maîtrise technique de Yonfan est assez impressionnante. Jamais on ne l'a vu si personnel dans ses cadrages, dans l'enchaînement des plans. Il y a là une maturité qui vient à la fois servir humblement l'oeuvre et la magnifier.
L'histoire de Colour Blossoms fait partie de celles qui se dessèchent lorsqu'on veut les raconter tant elle forme un tout vivant qui croît, se nourrit et se développe sous nos yeux au long du film. Que dire du jeu des acteurs? Les souffrances bien réelles qu'endura Teresa Chiang au cours du tournage nous donnent une idée de ce que Yonfan a exigé d'eux. Colour Blossom c'est aussi accessoirement un des rares films qui aborde la question SM avec franchise, objectivité et sans les a priori communément retrouvés. Cela participe aussi de la probité intellectuelle de Yon Fan dans le traitement de ses personnages. Vous l'aurez compris ce film est simplement indispensable, mais pour en apprécier pleinement l'humanité de sa démesure il est hautement recommandé de voir avant la trilogie de Yonfan qui en constitue la meilleure introduction possible.
06 septembre 2005
par
jeffy
troublante surprise
Les vingts premières minutes sentent le chef-doeuvre. Les mouvements de caméra, les cadres, le montage, la photo, la musique,... tout est splendide, pensé au service d'une ambiance sophistiquée et troublante, parfaitement assuré tout en restant audacieux, léger et fluide. La narration est elliptique et le début d'intrigue, éclatée, laisse entrevoir son mystère. Malheureusement, le film est déservit par son approche parfois vulgaire et allumeuse de l'érotisme (surtout sur les premières scènes, cela s'améliore sur la fin), ce qui reste dommage, vu qu'il s'agit du (d'un des) moteur(s) du film, et surtout font ressentir la maitrise technique du film comme vainement esthétisante - ce qui n'est dans l'ensemble pas le cas (ou alors dans le bon sens du terme).
Reste qu'à l'image de ses cadres, constamment cassés et flottant d'un coté sur l'autre,
Color Blossoms cultive merveillement son instabilité, glissant entre les époques et les personnages, prompt à basculer en un instant de la réalité au fantasme, alliant dans sa danse mortels et fantômes.
(réflexion en passant,
Ha Ri-Su se doit-elle à chaque d'incarner une transexuelle ? c'est con... en tout cas, elle choisit bien ses projets, entre
Beating Heart, le génial
Yellow Hair 2 et maintenant
Color blossoms, je ne l'ai vue que dans des trucs osés, différents et intéressants)
27 janvier 2008
par
Epikt