Bon traitement d'un sujet pas forcément très intéressant
La force de The Pawnshop est de nous faire rentrer dans l'histoire assez banal de quelques personnages sans que l'on s'y ennuie. On finit par s'attacher à leurs déboires et à les suivre jusqu'au bout sans sourciller. Centrée autour d'Amy, la caissière d'un bureau de préteur sur gage, l'histoire évolue également sur la patronne stricte, l'ami d'enfance d'Amy, le garde du bureau et sa femme malade. Certains événements tragiques viennent mettre la structure quasi familiale du groupe à l'épreuve, et l'histoire montre le courage de ces quelques personnes face à leur destin finalement peu enviable. Milo Sogueco insiste ici sur la banalité du phénomène des prêts sur gage, de son coté pratique mais également d'un point de vue tragique, ainsi que de la banalisation des crimes dûs à ce phénomène. Le film n'est cependant pas violent, contrairement à ce que l'on est habitué à voir des Philippines en France, notamment via les films du maintenant célèbre Brillante Mendoza. En outre, l'ambiance générale du film, qui ressemble presque à une marque de fabrique du cinéma philippin, est la présence quasi constante d'un fond sonore faisant ressortir le coté coin de rue du film. La photo, certes légèrement surexposée, fait bien ressortir la chaleur ambiante et le gargouillement de la rue, très vivante. Les cadres serrés proches de la claustrophobie restreignent encore plus la superficie du magasin dans lequel se déroule la majorité de l'histoire, et les zooms très lents gèrent bien la pression qui s'accentue sur les personnages ou au contraire l'ouverture (surtout dans l'une des scènes finale volontairement plus pop que le reste du film) sur une fin optimiste du récit. Finalement, The Pawnshop est un petit film qui parle de tranche de vie un peu banal mais mis en intérêt grâce à sa belle photo et son traitement soigné. On regrettera certes une scènes un peu ratée lorsque la famille apprend le décès de leur fils.
08 février 2010
par
Elise
Vies empruntées
"Pawn Shop" s'inscrit dans le récent renouveau d'un certain "cinéma-vérité" à vouloir s'attacher à raconter des histories simples de gens tout à fait ordinaires…sauf que pour son premier, Milo Sogueco choisit non pas de tourner caméra sur l'épaule et sur le vif, mais avec une vraie mise-en-scène posée, des acteurs (pour certains) confirmés et avec des ressorts fictifs appuyés…qui jouent d'ailleurs en sa défaveur…
Car force est de constater, que le film n'est jamais aussi intéressant, que lorsqu'il s'attache à retracer justement le quotidien de l'un de ses très, très, très nombreux prêteurs sur gages, qui pullulent dans les grandes villes philippines – et qui auront d'ailleurs également aidés Milo à assurer le financement de son film. On apporte un objet de plus ou moins grande valeur, on reçoit une certaine somme d'argent en échange et on a un certain laps de temps pour récupérer (ou pas) l'objet en question. Certains "prêtent" également de l'argent en liquide, mais à des taux exorbitants de 20 % d'intérêts en moyenne – et ils savent comment et où vous retrouver en cas de non-remboursement.
Les temps sont durs aux Philippines – et même pour ces prêteurs, qui prennent de plus en plus d'objets en dépôt, sans jamais récupérer leur argent en n'arrivant tout simplement plus à revendre ces objets entreposés. C'est donc à l'une de ces agences au bord de al faillite, que s'intéresse Milo et aux gens, qui y travaillent / la fréquentent.
Malheureusement, Milo préfère s'attacher à des malheurs tous simples des employés, plutôt qu'à la misère de leurs clients, peut-être plus spectaculaires (sans demander des effets tonitruants et / ou racoleurs)…et il passe totalement à côté de ce qui constitue sans aucun doute le moment le plus fort et émouvant, lorsque l'un des personnages apprend la mort d'un proche. Trop posé, justement, trop théâtral, trop réfléchi – l'inexpérience d'une première œuvre plombe ce qui aurait justement pu gagner en intensité en ayant été dépossédé de toute mise-en-scène.
En décidant de se distinguer de la pléthore (plus d'une 50aine rien que sur l'année dernière) de petites œuvrettes indépendantes tournées en caméra numérique sans aucun talent (n'est pas Brillante Mendoza qui veut), Milo Sogueco assume une position quasi singulière en marge du système; mais il va falloir suivre ses prochains films pour vraiment pouvoir juger de son talent.