Une heure roublarde de trop
C'est à partir de Shanghai Triad que commença le retour de bâton critique hexagonal de Zhang Yimou. Il fut accusé de retournement de veste contestataire, de compromission avec le régime et de produire du cinéma destiné aux festivals et au marché international. Le visionnage d'un Pas un de moins Lion d'or vénitien interdit en Chine appelle un constat moins univoque.
Car s'il confirme plus que de raison les travers roublards entrevus dans d'autres Yimou le film assène son "message" avec suffisamment de légèreté pour ne pas prêter le flanc au reproche de cinéma politiquement vendu au régime en place. Pas d'ambiguïté brouillant le propos comme le final d'un Qiu Ju, une femme chinoise pourtant bien moins villipendé en son temps. Tout ceci n'empeche pas le film d'être un monument roublard usant pour émouvoir de grosses ficelles acceptables dans le cas d'un film sans prétention mais bien plus gênantes pour un film d'auteur. Pourtant tout avait démarré sur les chapeaux de roue. Sans être extraordinaire, la réalisation évitait les travers esthétisants souvent présents chez cet ancien directeur de la photographie. Surtout, la fraïcheur des acteurs non professionnels offrait au film un début en forme de chronique paysanne plaisante. Mais le film dégénère dès que l'usage d'un score mièvre pour émouvoir fait son apparition. Procédé qui sera d'ailleurs réutilisé plusieurs fois au cours du film. La misère du monde rural s'y retrouve assénée de manière ultradémonstrative.
Et quand le film part en ville Yimou se met à resservir les plats réchauffés de Qiu Ju sur l'écart monde urbain/monde rural de façon encore plus lourde que l'original. Comme en plus le caractère de l'héroïne rappelle celui de Qiu Ju, on se retrouve proche de l'effet Breaking the Waves bis d'un Dancer in the Dark. Moins d'un an après le Lion d'Or de Yimou, le procédé sera tout aussi efficace chez le Danois en terme de reconnaissance académique. Avant cela, le film aura offert l'insupportable scène des gamins de la campagne misérables se passant une canette de Coca Cola (symbole léger comme un tank de la société de consommation de la Chine urbaine). Ou comment transformer la dénonciation de la misère en clip publicitaire. Dans son dernier tiers, le film n'arrête pas pour autant le recours aux facilités pour émouvoir: les scènes à la télévision, le plan de près sur le gamin pleurant, spoilers le retour au village avec les journalistes télévisés, la voix off assénant le message du film sur la misère comme un spot publicitaire d'organisation caritative en fin de film fin spoilers.
Tout ceci a bien fonctionné à l'époque à Venise. Il n'empêche, le vrai Lion d'Or vénitien de cette année-là était bien le chef d'oeuvre de Kiarostami le Vent nous emportera. Et pas le film d'un cinéaste qui fit illusion d'un point de vue critique à ses débuts sur son réel potentiel: le renouveau qu'il apportait au cinéma chinois était incontestable mais ses limites actuelles étaient aussi déjà là. Du coup, on en vient presque à trouver ce retour de bâton aussi exagéré que l'était l'enthousiasme critique passé autour du cinéaste.
Une véritable leçon de détermination
Pour moi c'est toujours un plaisir de regarder des films asiatiques qui nous montrent des scčnes de vie et des traditions qui nous sont inconnues. Et ici aussi bien ŕ la campagne qu'ŕ la ville. Ce qui nous permet de voir le fausser qui sépare ces deux mondes.
Qui, par chez nous aurait la męme détermination que cette jeune fille ? Non seulement elle a le sens des responsabilités par rapport ŕ ses jeunes élčves, mais elle met un point d'honneur ŕ ne pas en laisser partir un seul. Et ça paye, puisque, aprčs un début plutôt chaotique, elle finit par gagner la confiance de sa classe.
Comme souvent ce film demande un peu de concentration pour ne pas décrocher, mais cela va quand męme.
Chronique douce-amère de la vie de l'école d'un petit village paysan chinois, émouvante et discutable...
En narrant cette jolie histoire de façon très simple, Zhang Yimou n'a eu aucun problème pour émouvoir et toucher ses (télé)spectateurs. Tout commence dans un petit village chinois où l'instituteur Gao, qui doit s'absenter pendant un mois, demande au maire de lui trouver un remplaçant. Faute de moyens, il ne dégote qu'une jeune fille de 13 ans qui sort à peine de l'école. Gao lui promet un petit salaire à son retour, et un supplément si aucun des 30 élèves n'a quitté la classe pendant son absence (il faut savoir que dans les régions reculées de Chine, beaucoup d'enfants sont contraints de quitter le système scolaire à 8 ou 10 ans pour gagner leur croûte et rapporter de l'argent dans leurs familles, pauvres et démunies).
Evidemment, l'enseignement qu'elle va dispenser se révèle rapidement très limité (elle recopie un tableau d'idéogrammes et sort de la classe en laissant ses élèves seuls...), jusqu'au jour où un de ses élèves, le plus turbulent d'ailleurs, est obligé de partir en ville pour gagner de l'argent. Se souvenant de la promesse de l'instit, elle va remuer ciel et terre pour tenter de le retrouver et de le ramener à ses chères études. Mais ce qui est au départ un acte purement égoiste va finalement aboutir à un bien collectif pour tout le village: comment est-ce possible ? Regardez le film et vous saurez !
Mais on peut se demander encore une fois, comme après la vision de Qiu Ju, ce qu'a bien pu vouloir dire Zhang Yimou avec ce film. Pour ce qui est d'émouvoir et de faire prendre conscience aux gens que de nos jours encore, un million d'enfants chinois en bas âge arrêtent l'école pour causes financières, c'est réussi. Mais la conclusion, en forme de happy end, est bien trop merveilleuse, bien trop miraculeuse pour être crédible. En tout cas elle ne peut s'appliquer à tous les villages de Chine, ça n'est pas la solution universelle contre la pauvreté. D'ailleurs, ce bien durera un temps, mais dans quelques années on en sera peut-être revenu au même point au fur et à mesure que l'oubli s'installe. Non, encore une fois, je pense que Yimou a voulu montrer le fossé béant qui existe entre la Chine urbaine et la Chine rurale, fossé qui n'a pas l'air de se combler. Une Chine avance économiquement parlant, l'autre stagne, voire régresse, sans que rien ne soit fait.
Ce constat dur mais pourtant très réaliste a enthousiasmé le jury du Festival de Venise 1999, qui lui a décerné le Lion d'Or. Preuve supplémentaire que si Zhang Yimou a du talent pour décrire la Chine des années 20 (Epouses et Concubines) ou d'après-guerre (Vivre!), il en a aussi pour parler de la Chine contemporaine.
Une histoire simple
Zhang Yimou fait dans la simplicité et on n'en demandais pas plus. Emotions, personnages attachants et dépaysement, un film agréable, sans star, sans gros budget... Un film qui fait du bien.
un beau film, simple et rural
j'ai préféré THE ROAD HOME, mais Pas un de moins, dans un style très proche, est aussi agréable à voir. ce qui limite l'empathie est l'attitude de la jeune institutrice, qui je dois l'avouer, m'a gonglé à la moitié du film (le côté borné et stupide). malgré tout cette histoire, tirée d'un roman et donc d'une histoire vraie, est intéressante bien que simpliste. on y voit vraiment le décalage entre ces deux Chines, rurale et misérable économiquement, et citadine avec son lot de problèmes aussi, mais déjà entrée dans la modernité. c'est ce qui m'a le plus intéressé, ainsi que les acteurs non professionnels qui s'imposent pour ce genre de film. assez naturels dans l'ensemble, la seule vient pour moi du personnage principale, la jeune instit je le répète.
pour ceux qui aiment ces films tranquilles, ruraux, celui est sympa, mais je conseillerait aussi POSTMEN IN THE MOUNTAIN, A MONGOLIAN TALE et BLIND SHAFT dans un style plus sombre.
Un beau film de plus
Ce film n est pas un grand film mais il reste dans son genre attendrissant et simple. Un bonheur simple comme les chinois savent si bien le décrire.
L'héroin est très attachante.. tout autant que le vieux professeur. Les enfants n'en parlons pas ils sont vrais, beaux et pleins de malice.
Ce film fait du bien, une fois de plus bravo à Jang Yimou
Un "Zhang Yimou" efficace
Si ce grand cinéaste n'a pas retrouvé la poésie et la puissance d'oeuvres comme Vivre et surtout Epouses et concubines, son cinéma n'en est toujours pas moins de grande qualité.
Pour une fois Zhang Yimou filme la Chine contemporaine, et ce n'est jamais chose aisée lorsque l'on veut s'exprimer plainement. Mais le film remplit correctement son office, et YImou dépeint des villages chinois où, certes, la vie n'est peut-etre pas un enfer, mais où la vie est difficile et surtout à 100 lieues de la vie urbaine.
Une Chine à deux vitesses donc, qui défile sous le regard critique de Zhang Yimou, la chine campagnarde incarnée par une jeune fille absolument craquante (WEI MINZHI), émouvante au possible, et determinée comme une lionne lorsqu'il s'agit de retrouver un de ses élèves perdus.
Un bon film.