Navy Seals, les meilleurs
Dante Lam continue d'illuster des faits historiques au profil de la mère patrie, avec en l'occurence "l'évacuation de 225 étrangers et presque 600 ressortissants chinois du port d'Aden au Yémen en 2015 durant la
guerre civile yéménite" (Wikipedia). Réquisitionné par la Chine comme Wilson Yip par Donnie Yen, Lam tourne d'ailleurs actuellement, avec Chen Kaige, The Battle at Lake Changjin (source IMDb), a priori consacré à
un passage de la guerre de Corée.
Sur un premier visionnage, j'avais tenu une dizaine de minutes et collé 0.25 et crâne noir en note. Le côté pro-China excessif m'avait franchement gonflé. Eh puis je me suis dis : "mec, t'es moins regardant sur les conneries US". Du coup j'y suis retourné, en me rappelant aussi que Dante Lam
nous avait avoué sur un entretien qu'il voulait refaire du SDU avec le budget nécessaire. En acceptant le postulat "concession post-rétrocession" - et en étant affamé de bourrinos - on va dire que ça passe.
En l'état, on voit le projet à la "Chute du faucon noir" qui à l'arrivée ressemble à du Peter Berg généreux type Du sang et des larmes. Entendre foutraque, oui, cependant hautement appréciable lorsqu'on est d'humeur. Personnages à peine esquissés pour plans trop courts, mais alors bonjour les morceaux de bravoure. Et c'est sacrément gore ! Une fois passée la pénible scène d'intro sur le bateau - qui renvoie à celle de Wolf Warrior 2 - ça s'enchaîne non stop. La longue boucherie centrale dans le désert est d'anthologie, la guérilla qui suit dans un village mémorable (le gosse sniper moudjahidine leur en fait baver) et le gros duel final au tank complètement dingo (coucou
La bête de guerre). Ca tire à la ligne sur une scène bourrin d'épilogue en trop - a pu faim, là, ça va aller, merci - mais on en prend plein la tronche tout du long. En plus du show, le matos high-tech du moment est décliné sous toutes ses formes : drones variés (équipés de missiles, mais aussi de fumigènes), wingsuit, fusils mitrailleurs dernier cri (superbe portée sur le coude du chef de l'escouade) etc. C'est bien simple : voilà une formidable démo militaire "Milius approved", sans la conclusion pacifiste d'un
Buki Yo Saraba, dernier sketch anime d'Otomo de l'omnibus
Short Peace auquel j'ai souvent pensé dans ce délire post-
Robert A. Heinlein.
C'est du pur plaisir coupable difficilement défendable, d'un point de vue cinématographique, mais aussi moral. Les "vagues à l'âme" de Ringo, aussi mort que l'archipel, s'éloignent avec Dante. C'est du cinéma-machine, du cinémachine... du cinéma Chine ?
Ce qui m'a le plus gêné, en fin de compte, ce sont les passages où les héros s'efforcent de sauver de brave gens alors que les zones de combat ne sont pas sécurisées. A ces instants, on baigne dans la pure propagande débilos profundis. Mais elle est équilibrée par des scènes d'action de cinglé, comme cette poursuite en bagnole qui en voit une tomber à la renverse sur l'autre et tous les occupants de se tirer dessus à bout portant à travers la carlingue. Si mes chouchoutes d'envolées galvanisantes
"Sir, yes sir !" ont coulé avec l'ancienne colonie britannique (snif), nonobstant toute réflexion ça défoule bien son homme tout ça.