Un Naruse moins atypique qu'il n'y parait.
Avis Express
Le cinéma de Naruse consiste en l’exécution d’un art aussi magnifique que redoutable d’évidence, de simplicité.
Okuni et Gohei, un homme et une femme, un bonheur trop éphémère car brisé par un décès, une tragédie, comme souvent chez Naruse. Grand cinéaste des mots et des maux, grand cinéaste de la femme aussi. Puis au film de basculer vers le récit d’aventure, de quête d’Okuni et de son serviteur Gohei à travers les années et le Japon pour retrouver l’assassin. Transpercé d’amour qu’on ne saurait avouer, il est ici question d’honneur (celui de Gohei envers celle qu’il aime mais qu’il préfère finalement protéger et servir), et puis finalement d’amour à travers l’épilogue qui se voudrait épique (un duel à l’arme dans les hautes herbes façon
La Légende du grand Judo de Kurosawa) où l’on en apprend de bien belles au sujet du prétendu assassin. Pure antithèse du cinéma d’Inagaki en définitive, car ici l’émotion prime sur le spectaculaire. Mais lorsque ce cinéma, assez rare chez Naruse (Japon féodal, adaptation de Tanizaki, combat) s’aventure sur les sentiers du spectaculaire, il le nie et le rend anecdotique : le duel final n’apportera rien de transcendant, il est une étape sentimentale comme une autre, où la violence physique se fait hors-champ mais où le superbe tranchant des sentiments est cadré plein cadre.
On est finalement bien chez Naruse.