Année plutôt faste pour les films asiatiques en festivals, 1993 a également permis de faire connaître au monde entier un cinéaste vietnamien ayant jusque là fait ses armes avec des courts-métrages. Changement d’ambitions pour Tran Ahn Hung et son premier long très remarqué, le beau L’Odeur de la papaye verte s’est alors imposé comme un véritable étendard dans la représentation d’une culture à la fois exotique et zen. De nos jours, de tels films peuvent régulièrement être taxés de films asiatiques pour festivals parce qu’ils dépeignent une culture relativement éloignée du monde occidental – bien que le film soit tourné en studio en région parisienne- et de ce fait attirent plus facilement la clientèle occidentale à la recherche de dépaysement. Pourtant, cette remarque mise de côté, L’Odeur de la papaye verte est un parfait récital de ce que le cinéma peut montrer de mieux. Plus que toute autre chose, le film de Tran Ahn Hung existe parce qu’il est totalement maîtrisé d’un point de vue cinématographique, et simplement cinématographique. Son histoire n’a rien d’extraordinaire, une jeune fille de dix ans arrive en ville pour travailler en tant que servante, mais la plastique de l'oeuvre étonne par sa superbe : L’Odeur de la papaye verte c’est le travelling, en d’autres termes le voyage, c’est le regard distancier – de nombreuses scénettes à travers des parois- sur un sujet qui ne date pas d’hier à savoir la condition de la jeune fille/femme au Vietnam.
La magie du film réside dans son énergie formelle, ses longs plans captant les va-et-vient des personnages dans des bâtisses en forme de labyrinthes, ses successions d’actions au sein d’un même plan en jouant avec le premier champ mais aussi le second (belle utilisation du flou), en revanche cette magie ne serait rien sans l’infinie douceur du métrage prouvant que Kim Ki-Duk n’est pas le plus original dans sa manière de représenter le zen avec Printemps, été, automne, hiver...et printemps, et que Apichatpong Weerasethakul n’a pas le monopole de faire d’une scène du quotidien un beau moment de grâce. Idem, Trân Nu Yên Khê n’a pas attendu Seo Min-Jeong de L'Arc pour véhiculer des émotions mystérieuses par un simple regard et une absence de paroles qui accentue encore plus son personnage de femme soumise dans la société. L’Odeur de la papaye verte, en dehors de ses immenses qualités formelles, est aussi un beau conte de jeunesse, où les vilains garçons font peur aux filles et leur pètent au nez parce que c’est drôle et moqueur. Beau conte de jeunesse, oui, car son dernier tiers se déroulant dix ans après l’arrivée de Mui n’est pas des plus passionnant et fait plus office de –belle- redite d’une relation envisageable entre un homme de bonne tenue et sa servante. Sa première moitié, plus drôle et émouvante, suscitera davantage les sens du spectateur intrigué face au monde qu’il découvre, merveilleusement bien représenté par le medium cinéma et par un cinéaste sur qui l’on peut compter.
Un film très agréablement surprenant. Tout en sensations et jeux de mouvement, les dialogues sont vraiment limités au juste nécessaire. Ce qui oblige bien sûr à suivre le film attentivement pour ne pas perdre le fil de l'histoire. Ce n'est peut être pas pour plaire à chacun, mais cette technique à du charme et, il faut le dire, est très bien utilisée dans ce film.
Le fond de l'histoire est lui plus banal: une histoire de sentiments entre une femme et un homme issus de classes différentes. Je dirai même que le scénario se prête bien à la manière de filmer du réalisateur plutôt que l'inverse.
Globalement un très bon film, par forcément pour réfléchir, mais plutôt pour passer un agréable moment de détente sur un fond musical et sonore tout aussi plaisant.
L’Odeur de la Papaye Verte est un film très sensuel, où le goût, le toucher et l’odorat du spectateur sont sollicités par le simple biais de l’image et du son. Les insectes, les fruits, la peau, tout est filmé en plans serrés, ce qui rend ces éléments presque à notre portée. C’est aussi un film dépaysant, puisqu’on se croirait vraiment revenu dans les années 50 au Viêt-Nam. Aussi quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai appris qu’il avait été entièrement tourné en studio à …Bry-Sur-Marne (banlieue de Paris !!!). Ca gâche quelque part un peu le plaisir mais ça renforce également l’admiration, car le cadrage et le décor ne laissent rien transparaître.
L’histoire, quant à elle, est racontée de manière très douce, en phase avec une certaine époque où régnaient le respect et un certain renfermement sur soi-même. Rappelons que si cette époque des années 50 a placé ce pays sous les feux de l’actualité avec la guerre, il n’en est question en aucune façon ici. Ce qui intéresse TRAN Anh Hung, c’est la condition de cette femme qu’il a décidé de suivre depuis son enfance jusqu’à son mariage. Il en tire un constat assez désespérant : cette femme, comme beaucoup d’autres, a du se soumettre à l’autorité, notamment celle des hommes qui l’ont entouré : d’abord le maître de maison qui ne lui épargne aucune tâche ménagère ingrate, puis le mari qui, sous couvert de l’aimer, lui demande d’exécuter exactement les mêmes choses…
On ne s’ennuie pas durant la vision de ce film, qui montre que Tran Anh Hung a du talent à revendre dès son premier long, même si on pourrait lui reprocher d’être un peu trop sage pour son âge. Il se rattrapera avec Cyclo.
C'est un film que j'ai trouvé poignant, cruelle (comme le dit si bien Leo). Ce film retrace bien hélas ce qu'une fille pauvre, servante peut endurer de la vie. Je l'ai regardé à 6 ans (comprenaits pas grand chose mais ) ce film et j'en étais choquée par la vraisemblance des personnages, et leurs sentiments ( j'ai vécu 6 ans là bas). Quand je l'ai revu, j'en ai pleuré (c'est pas parce que je suis une fille) , mais c'est parce que j'ai été encore plus sensible à ce film!
Une film qui m' a marqué par son histoire, sa mise en scene, son montage et surtout par son actrice incroyable. Innoubliable. TRAN Anh Hung se fait beaucoup trop rare.
C'est la pure verite. La preuve, tout à coup, j'eu envie de chocolat (c'est mon peche mignon, voir ma drogue...lol) et en temps normal, je me serais leve pour aller en chercher, mais là je n'ai pas pu, un etrange pouvoir d'attraction m'a empeche de me lever! (inspire d'un fait reel) J'ai vu ce film juste apres l'empire des sens de nagisa oshima, titre qu'il aurait plus merite.
Je m'explique: Dans le film de Oshima, il est question de sexe, et je n'ai pas trouve que les sens soient superbement exploités, surtout si on compare à la seule scene de ce genre que l'on peut voir dans le film japonais culinaire "tampopo", où là on peut vraiment parler d'utilisation pleine des sens, là il s'agit d'une scene sensuelle. Dans l'odeur de la papaye verte, il n'y a aucune scene d'amour physique, mais une sensualité extraordinnaire se dégage de l'oeuvre, et ce pour plusieurs raisons : Tout d'abord, les decors sont très beaux, meme si en studios
Ensuite, la musique qui est plus une musique de fond, d'ambiance qu'une bande originale à proprement parle. Et là, que ce soit le goput, l'odorat, le toucher l'ouie ou la vue, tous les sens sont pleinement exploités, de manières si diverses qu'il est impossible de les resumer (de plus ça gacherait l'interet du film). Les scènes les plus sensuelles etant celles ou Mui agee de 20 ans se lave le soir, les gouttes d'eau ruisselant le long de son corps, avec un éclairage alternant bleuté et vert, sensualité renforcee par la beaute evidente de l'actrice.
Le realisateur alterne plans sequences très longs (qui, j'ai cru remarquer, se deroulent principalement la nuit) et plans courts, de sorte que ce n'est finalement pas si linéaire qu'on pourrait le croire à première vue. Il y a vraiment très peu de dialogues dans ce film (surtout dans la deuxième partie) ce qui fait, un peu à la manière d'un film de Kitano sa force. Comme pour les films muets, il suffit de regarder pour comprendre l'enjeu de la scène, on ne se perd pas en bavardages steriles, chaque geste, chaque plan en devient essentiel. Ainsi, le film ne parait jamais long, on reste rive devant son ecran, emerveille par tant de beaute visuelle et une esthetique si travaillee.
La fin peut laisser perplexe (tout comme certaines scènes que je qualifierais de moins essentielles que l'ensemble des autres, ces scenes etant celles avec le plus "d'action") L'odeur de la papaye verte est une oeuvre forte, belle et cruelle à la fois (mais pas autant qu'un film comme "epouse et concubines" auquel, par certains cotes [peu de cotes, mais c'est comme ça] il m'a fait penser, notamment par son debut. Toutefois le film est plus optimiste j'ai trouve) sensuelle qui ne laisse pas indifferent, et dont les moments creux sont les plus beaux, à l'instar d'in the mood for love! J'aime!
Le réalisateur franco-vietnamien nous délivre ici son premier long métrage et force est de constater qu'il est très abouti. Tran Anh Hung nous narre l'histoire d'une petite paysanne embauchée comme servante dans une famille de commerçants. L'ensemble est merveilleusement filmé, l'histoire est simple mais captivante, les décors sont sobres et beaux, le film est rythmé grâce à une musique fort bien choisie (piano, musique traditionnelle, chant des animaux) et les acteurs assurent une prestation tout à fait honorable et l'actrice principale (que ce soit Mui à 10 ou 20 ans) en particulier. Bref, Tran Anh Hung propose via ce film un petit moment de magie, un dépaysement dans le Viet Nam des 50' et 60' et réalise en additionnant savamment des éléments simples, un film tendre et rafraîchissant.
J'adore les films possédant leur l'atmosphère propre, couleurs, musique... mais encore faut-il qu'il y ait un minimum de matière derrière pour faire avancer le film. Autant j'étais tombé sous le charme de cette ambiance vietnamienne si particulière avec "A la Verticale de l'Ete", autant là avec "L'Odeur de la Papaye Verte" c'est plutôt l'effet du pétard mouillé.
Pourtant les premières minutes me laissaient penser que j'aprécierais vraiment ce film, hélas plus l'histoire défile et plus on se lasse des personnages qui finalement sont "trop loin de la caméra", sans véritable intérêt. Le scénario est en effet très maigre, d'autant plus que tous les acteurs sont plutôt mauvais (sauf la petite Mui lorsqu'elle était petite en première partie).
Les liens avec la nature, les bruits lointains d'avions, les sentiments cachés de Mui, tout apparaît avec retenue (à l'image finalement de la mentalité asiatique pourrait-on ajouter) ; mais avec l'impression personelle qu'outre cette timidité et cette naïveté de circonstance TRAN Anh Hung oublie l'ingrédient principal pour son premier film.