Bonne critique de la société carcérale thailandaise
Doté d'un scénario particulièrement intéressant, et bien pensé, Bangkok Hell est une oeuvre intéressante sur l'univers carcéral en Thailande. Il en donne une allure assez primitive, où tout le monde dort ensemble, sur le sol et sans courverture dans une sorte de hangar craceux. De même, la toilette et les repas sont en extérieur dans une ambiance très picnic mais en un peu plus stressé. Comme pour les films américains, il décrit les différents profils des détenus, du simple voleur au tueur en série, et globalement arrive à faire le tour de tout ce petit monde. Cela le place ainsi dans un discours critique, puisqu'à travers le personnage principal, le système est vivement accusé d'endurcir les criminels plutôt que de les réhabiliter. L'histoire est renforcée par de bons acteurs, mais on regrettera certains choix de mise en scène, comme des flashback un peu boiteux, et les élipses très mal gérées ; on a vraiment l'impression que le personnage entre dans la prison, fait un pacte avec les gardiens le lendemain et sort quinze jours plus tard (il purge une peine de 3 ans). On est loin des Evadés de Darabont, qui arrivait vraiment à nous faire sentir les 20 ans d'emprisonnement de son personnage. Finalement, c'est un bon film, au sujet intéressant, et bien joué, même s'il aurait pu être un peu plus soigné au niveau de la mise en scène.
05 octobre 2009
par
Elise
L'enfer, c'est les autres
Le sous-titre anglais, "Bangkok Hell", est forcément trompeur sur la marchandise…mais n'entache en rien le plaisir, que l'on prend à découvrir cette petite pépite méconnue du récent cinéma thaïlandais. Un film de prison, dis donc, unique en son genre et franchement bien foutu, même s'il ne peut rivaliser avec les meilleurs films de genre, dont le français "Le prophète" ou l'excellente série (du moins au cours des 3 premières saisons à de "Oz".
Une réussite d'autant plus salutaire, que le film a été entièrement réalisé par des gens semi professionnels, mais qui connaissent leur projet. A l'origine, "Nor Chor" (littéralement "Prisonniers") est un assemblage de témoignages de détenus thaïs recueillis par Manop Janejaruskul. Ce dernier va lui-même adapter ces récits, chercher une trame principale réaliste (sous la forme du héros, principal observateur et pôle identificateur du spectateur) et tenter de relier entre elles plusieurs anecdotes rapportées au cours de son enquête. Une fois le scénario terminé, il rassemble autour de lui une équipe de techniciens semi professionnels, caste des inconnus dans les rôles principaux et trouve des sources financières pour boucler un budget que l'on devine mince, mais pas du tout insuffisant pour assurer une incroyable qualité au produit final. Voilà "Nor Chor" mis en boite – mais qui souffrira malheureusement d'une distribution insuffisante pour obtenir le succès, qu'il aurait pourtant mérité…
Tous les codes du genre sont respectés avec rixes, initiation et même une émeute, même si certains clichés ne sont pas évités avec quelques figures trop stéréotypées pour pleinement convaincre ou des scènes ridicules, comme celle où notre héros laisse tomber son savon au lavage et apprend à ses dépens, qu'il ne faut jamais se baisser pour le ramasser (sic)… Curieux également toute une série de flash-backs, qui en apprennent certes un peu plus sur le personnage principal, mais qui alourdissent finalement inutilement le récit et sont tout à fait dispensables.
Il n'empêche, que ce film détonne dans la récente industrie cinématographique thaïlandaise assez formatée et qu'il aurait très certainement mérité une bien meilleure exposition universelle, que cette seule édition UK ultra confidentielle…