Nicky Larsène
... parce que Philippe Lacheau a su s'approprier le manga sans renier sa french touch et que le coup de coude (de mon titre) à Lupin ze 3rd est rigolo. Comme le jeu de mot, Maître Capello ! Mince, je viens de me griller. Tout individu qui cite Maître Capello trahit son âge, c'est bien connu.
Ca n'est pas évident d'extrapoler sur une comédie, raison pour laquelle le genre n'a pas les préférences du critique lambda. De ce que je crois en comprendre (lunettes posées sur un nez pré-sceptique de merde), ça marche quand les blagues sont drôles, nombreuses, bien rythmées, le tout sur un canevas qui permet de tenir la distance. Mmm. Ici, c'est bien simple, tout sonne juste. Le lâcher prise du spectateur se fait d'emblée via une superbe gestion d'un flash back - et d'un zizi -, puis sans discontinuer jusqu'au générique de fin. En clair : la salle était bidonnée tout du long. Lacheau sait incarner Nicky Larson (avec parfois des petits airs à Dujardin, mais chut), sait s'entourer - le casting est aux petits oignons - il aime le DA et ça se sent. On sait, nous, avoir vu une très bonne adaptation live du célèbre détective privé adepte de jupons (je n'ai pas encore vu Mr Mumble, mais du coup va falloir).
Je reste épaté, aussi, par la bonne tenue des scènes d'action, le p'tit mélo très touchant avec Laura - Elodie Fontan est juste parfaite dans le rôle - le rythme de blagues ahurissant, l'écrit chiadé, jusqu'à une mise en scène efficace qu'on devine très bien story bordée en amont. Puis, en aval, montage impec'. C'est réglé comme du papier à musique tout ça, avec comme récompense un goût de reviens-y surprenant en bout de course. Le film va jusqu'à tenir la dragée haute à pas mal de comédie trashouilles US (Very Bad Trip et consorts), et l'on a même le droit de penser au Peter Sellers de La Panthère rose le temps de grosses blagues au potentiel culte non négligeable. La gestion du philtre de vérité est au moins aussi poilante que celle du philtre d'amûûûr. Sur Wikipedia on découvre " la possibilité d'une suite si le film est un succès, mettant en place un cross-over avec l'autre œuvre du mangaka, Signé Cat's Eyes". Je signe.
Potache et ultra-régressif
Souvenez-vous du tollé provoqué par l'annonce du film en 2017. Souvenez-vous des crises d'apoplexie lors de la mise en ligne de la bande-annonce en 2018. Des Français osent toucher à City Hunter alors que toute une génération est encore plus ou moins traumatisée par le doublage très approximatif mais néanmoins culte de la série télévisée. Plus jamais ça ! Brûlons-les !
Sauf que... voilà, le film est sorti en salle il y a quelques jours et force est de constater que c'est un énorme kif de gros gros fans qui fonctionne du feu de Dieu et qui pourrait bien séduire bien plus que les aficionados de la première heure de l'univers de Tsukasa Hojo.
Parole de fan jusque-là dubitative justement : l'hommage est là, au pied de la lettre et au poil de cul de Mammouth.
Philippe Lacheau en Nicky Larson paraissait totalement improbable, sauf que ça marche étonnamment bien. Tout comme Laura, Hélène et surtout Mammouth qui semblent tout droit sortis du petit écran. La façade de l’immeuble où habitent Nicky et Laura a été recréé numériquement et l’emblématique Mini rouge fait une courte apparition. Visuellement, on ne pouvait être plus proche pour un film live. Et c’est sans parler des références à la pelle (et à la massue) autant à la série et au manga qu'à toutes les séries qui étaient diffusées sur les ondes à la même période. Il faut être attentif à tout : scènes en arrière-plan, décors, affiches, caméo, textes dans les haut-parleurs, jeux de mots... C'est bourré de clins d’œil d'un bout à l'autre. Même la musique d’origine est reprise pour rythmer le film. Même le célèbre mokkori est présent à sa façon dès les premières minutes. C’est un déluge qui fait faire un bond de 30 ans en arrière en un claquement de doigts. Il faut être vraiment réfractaire pour ne pas au minium sourire à tout ça.
Ce qui est encore plus fort, c’est d’arriver à faire fonctionner aujourd’hui un humour potache sous la ceinture très années 90 qui ne pouvait marcher que parce que c’est Nicky Larson. Même là-dessus, le film est inattaquable, c’est exactement l’esprit de l’original. Les scènes d'action cartoonesques fonctionnent, c'est plein de bonnes idées et même si ce n’est pas pour sa trame que le film restera dans les annales, tout ce qui fait un bon épisode de Nicky Larson est là.
Pour ne pas laisser sur le carreau un public un peu moins spécialiste (que l’on reconnaît au fait qu’il ne rit que 45 minutes sur les 90 que durent le film), la réalisation n’hésite pas à avoir recours à de la bonne ficelle de comédie française, à un célèbre Inconnu et à des références très franco-françaises qui, si le film sort un jour au Japon, risquent de ne pas faire mouche là-bas ou, tout du moins, de paraître très très exotiques. En tout cas, ici, un juste milieu est atteint et il permettra sans doute à un public un minimum curieux d’y trouver son bonheur, ce qui n'était pas forcément évident avec un sujet de niche pareil.
Donc, si toi aussi, tu as environ 40 ans, si toi aussi, tu es de la génération Club Dorothée, si toi aussi, tu dis encore parfois "Maaammut" et pas "Mammouth", alors ce film est sans doute plus pour toi que tu ne l'imagines. D’ailleurs, ne te pose même pas la question et file en salle fissa. Car oui, Nicky Larson et le secret de Cupidon s'adresse en premier lieu à toute cette génération qui, si elle n'a pas totalement renié sa jeunesse, devrait prendre un pied d'enfer.