Film de procès trop romancé
Avec La Neige tombait sur les cèdres, adaptation du best seller de David Guterson, le réalisateur de Shine tenait un récit riche abordant beaucoup de thèmes pas forcément évidents à traiter : l’Histoire sombre des Etats-Unis avec les camps de concentration de japonais situés dans les Montagnes Rocheuses, la justice, le racisme, l’intégration des étrangers, l’amour impossible, le pardon ou l’honneur, pour ne citer qu’eux. Tout ça en un seul film pouvait paraître trop, et c’est un peu le sentiment général lorsqu’on prend un peu de recul : aplanis par la musique pompière ultra présente, par les flash-backs et les rebondissements nécessaires pour le rythme, certains thèmes ne sont qu’au mieux survolés, au pire illustratifs. Heureusement, il y a Ethan Hawke, impeccable, Youki Kudoh, sobre, ou encore Max Von Sydow, classe, bref il y a un casting tout à fait honorable qui permet de faire passer la pilule, y compris lors d’un dénouement tiré par les cheveux et un poil décevant. Il y a également une photographie magnifique qui entraîne le spectateur sans grande difficulté dans l’Amérique des années 40-50, ainsi qu’une mise en scène efficace.
Au final, on est en présence d’un film qui vaut le détour par son atmosphère particulière et sa richesse thématique, mais qui déçoit dans sa relative superficialité des débats.
Captivant, mais on pourrait en attendre un peu plus
Tout le film est relativement très captivant. Les effets de saut entre le passé et le présent sont d'ailleurs très bons. On se prend donc très vite au jeu de ce procès. Mais sans vouloir dévoiler la fin, je dois avouer avoir été déçu par la conclusion. "C'est tout!" voilà à peu prêt ce que j'en ai pensé. En fait le coté sombre et l'ambiance de tout le film font espérer un dénouement bien plus compliqué.
D'un autre coté, on peut se demander si le procès est le point principal du scénario. En fait il faut peut être plutôt le prendre comme un prétexte qui va confronter Ishmael Chambers à son passer.
En fin, en toile de fond, l'antisémitisme américain vis à vis des japonais après la deuxième guerre mondiale. On en entend peu souvent parlé, mais ça a été un problème important. Dans le film, les plus méchants sont américains, mais les plus gentils aussi, alors ça va...
Un film de procès d'une rare beauté.
Ce qui frappe d'entrèe dans ce film, c'est la photo de Richardson. Elle retrenscrit à merveille la grisaille humide de cette petite île portuaire dans une sorte de clair obscur magnifique.
La réalisation est virtuose, il faut voir comment Scott Hicks film la foret et notemment le passage où les deux enfants se poursuivent dans le petit sentier avant de se réfugier dans le tronc d'un vieux cèdre.
Le BO, peut-être un peu pompeuse, donne de l'ampleur aux images (le film regorge de séquences musicales non dialoguées).
Ethan Hawk joue tout en retenu un personnage brisé par un amour impossible et écrasé par la notorité de son père. Kuhdo Youki est elle aussi impeccable en jeune fille prise en étau entre un amour impossible et le poid des traditions japonaises.
Max von Sydow n'est pas en reste et colle parfaitement à son rôle de vieux sage empreint d'humanisme.
La trame de l'histoire, c'est un procès d'un "Japono-américain" accusé de crime pendant la période anti-japonaise que l'amérique a connu durant la seconde guerre mondiale. Mais par dessus vient se fixer, en flash back, la romance impossible entre une japonaise (Kuhdo Youki) et un américain (Ethan Hawk).
J'aime beaucoup ce film, car les thèmes qui y sont abordés me parlent énormément: La peur de l'autre, l'obnubilation d'un amour impossible (excellente prestation de Ethan Hawk et très bonne séquence de la lecture de la lettre de rupture), la médiocrité de l'homme (symbolisée par l'individualisme hypocrite de la propriétaire terrienne et la justice subjective du procureur), médiocrité d'autant plus haïssable qu'elle entre en contraste avec des personnages d'une grande humanité (Max von Sydow et le mari de la propriétaire terrienne) et d'une grande objectivité (le juge), le besoin de l'homme à trouver des coupables pour se rassurer ("les accidents régissent l'univers sauf peut-être les méandres du coeur humain" -L'avovat de Myamoto- Max Von Sydow)...
Donc, un très bon film de procès dans le forme et le fond (intelligente plaidoirie finale) qui sert de prétexte à évoquer une période sombre et méconnue de l'histoire américaine, et qui montre que l'amour peut aussi (certain diront même "surtout") être générateur de souffrances, en tout cas qu'il n'est pas toujours vainqueur (selon ma propre lecture du film bien entendu).
un film magnifique
C'est le deuxième film que je voie avec Ethan Hawke, et même si ici on ne le voit pas tant que ça, je trouve que c'est l'un des meilleurs acteurs de sa génération. Il est toujours naturel, n'en rajoute jamais plus qu'il n'en faut, et fait parfaitement passer l'émotion, il rentre totalement dans son personnage. Personnage plutôt interessant, obsédé par son passé je dirais, incapable de s'en dépétrer, jusqu'à ce qu'il comprenne que l'héritage de son père n'est pas un tare s'il fait en sorte de s'en montrer digne, tout en restant lui même.
Comme le disait Tomsifu, la photographie est magnifique, il ya eu un réel travail sur l'harmonie des couleurs et des éclairages, chaque plan est une véritable peinture, sans que cela fasse faux ou déplace. De ce côté, le film me rappelel le sublime "la ligne rouge" de Terence Malick (que je trouve en tout points nettement supérieur au pompeux "soldat ryan") Dans ce sens que les émotions sont générées non pas par de longs dialogues, de longues scènes exposées, mais par des images symboliques, souvent muettes, et une musique très présente qui porte le spectateur lors des rêveries des différents protagonistes.
Ce qu'il y a de beau dans ce film, c'est que personne (ou presque parce que perso, je deteste la mere) n'est tout noir ni tout blanc, ce en sont pas des personnages que nous voyons en action, ce sont de véritables êtres humains. Personne n'est héroïque dans ce film (à part peut être l'avocat d'une certaine manière) chacun à ses motivations propres, pense à lui, parfois un peu aux autres. La réalisation est composée donc de très beaux plans, très travaillées, mais elle n'est pas classique pour autant, puisque le montage (surtout audio) se révèle inventif et approprié. Tous les acteurs sont très justes dans leurs roles, et le film est loin d'être une histoire à l'eau de rose comme on pourrait s'y attendre. C'est traité avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, c'est un film d'une grande humanité je trouve, à voir absolument. Je ne vois rien à redire.