Double lecture
Au-delà d'une nouvelle entrée dans la longue liste des films d'horreur coréens, "Muoi" symbolise également la lente conquête d'une cinématographie d'un marché international. En effet, après avoir pris d'importants parts de marché dans l'actuel Cambodge en finançant la reconstruction des principaux cinémas du pays pour pouvoir y placer leurs films, la Corée deale d'importants marchés avec le Vietnam en plein renouveau de son propre cinéma.
Avec ses 3 millions de dollars, "Muoi" est l'une des plus importantes coproductions depuis la relance du cinéma au début du nouveau millénaire…mais également un coup dans l'eau: non seulement, le film a totalement coulé au box-office coréen face à l'omniprésent "D-War" en août 2007, mais il n'est à l'heure actuelle toujours pas distribuée dans les salles vietnamiennes pour d'innombrables différents, dont le principal reproche est d'avoir réalisé un film trop profondément "coréen" pour pouvoir se nommer une "coproduction". Si absent des salles, le film connaît au moins un certain succès sur le marché noir vietnamien, les copies illégales se vendant par centaines sous le manteau.
Ce succès est très certainement dû à l'effet annonce et un tournage très médiatisé; peut-être également en raison de la fascination des vietnamiens pour le genre de l'horreur (le récent "Spirits", l'une des très rares productions locales à avoir connu les honneurs d'une distribution DVD française très peu connue), encore très largement absent des écrans pour cause de censure; car "Muoi" est loin de révolutionner le genre et – surtout – très, très loin de l'originalité des autres productions coréennes horrifiques à être sorties durant l'été 2007.
Soit un autre film avec une revenante pas très contente aux longs cheveux noirs dans un film avant tout ciblé au public adolescent. Ca commence par beaucoup de parlotte entre djeunz en Corée, se poursuit par un magnifique étalage de quelques paysages vietnamiens (co-prod oblige) sur fond de bruits sonore st subits entrées dans le champ pour faire sursauter avant de se terminer sur quelques cinq dernières minutes avec quelques morts graphiques. Ces cinq dernières minutes – bien que riches en hémoglobine – semblent – du coup – totalement hors sujet et reflètent l'entière fragilité d'un projet ne sachant quel ton adopter; car "Muoi" n'est finalement pas une historie de fantômes dans le sens premier du terme, mais plutôt un drame psychologique d'une fille, qui appréhende tout le temps une action revancharde se son ancienne amie, qu'elle a osée rabaisser dans son précédent roman. L'idée est très originale, surtout que cette appréhension se mélange rapidement avec les avancées de l'enquête sur l'esprit de "Muoi", mais il manque l'approfondissement psychologique de son réalisateur, qui passe totalement à côté de son sujet.
La fin est certes surprenante, mais pas du tout adapté au restant de l'intrigue; sans parler, qu'il n'est pas à supposer, qu'il ait mis les quelques morts pour "satisfaire" un certain public et couper plus facilement en vue d'une éventuelle censure vietnamienne…
Bref, un ratage en puissance sur un sujet, qui aurait mérité bien mieux!
