Le charme du film "à l'ancienne"
On commence à cerner ce qu’est un film thailandais. Un peu comme les films coréens, ils empruntent à tous les styles, mais il ajoutent en plus un couche de kitsch, de guimauve qui exagère ou désamorce tout. Après, tout est une question de dosage, de juste assaisonnement. Alors Monrak Transistor est réalisé par un maître-saucier. Le film est toujours dans un bon ton, qu’il soit comique ou tragique. Il n’est jamais trop poussé, comme il traverse tous les états, cela lui évite de trop s’éparpiller (c’est l’anti-Miike…). Dans les meilleurs moments, cette modestie est tout à son honneur. Pas de scène de sexe, pas de gunfights, c’est un film « à l’ancienne ». C’est aussi un film « de campagne », une autre caractéristique du cinéma thai que l’on trouve parfois à Hong-Kong. Un film de fête de village, de bois, d’eau, de poules, de cochons, tellement inclus dans le décor que ça respire la sincérité, on aurait juré que la salle de Cannes, ce matin là, sentait la porcherie et le bambou.
En plus de cet exotisme jamais faux, Monrak Transistor échappe totalement de l’ennui par une profusion d’idées de scénario. On est pas prêt d’oublier les fêtes à neuneu ridicules avec leur animateur grotesque, ces chansons au milieu des poules (cela rappelle la tournée pathétique du groupe de Platform). De même, le manager-maquereau qui sent le vieil homo frustré à cent kilomètres, avec ses slips panthère et ses Ray-ban, l’acteur qui se délecte et peut pousser l’énergumène dans la caricature sans peine. Le summum du film, c’est un « Concours du meilleur déguisement de pauvre », on ne vous en dit pas plus, rien que l’intitulé vaut cher. Le plus mignon, c’est la lettre que Pen écrit à sa fiancée, navrante de sincérité balourde. Elle se termine par : « Je t’aime d’un amour gros comme un éléphant ». C’est-y pas chou, ça ?
Monrak Transistor ne tiendrait de toutes façons qu’avec ses deux acteurs principaux. Pas super beaux, ils sont profondément touchants. Leurs scènes ensemble sont intimes et sensuelles, sans que rien ne soit dénudé, comme dans les grands films Hollywoodiens. L’actrice fait une composition difficile, un sucre d’orge de bonté qu’on aime de suite et pour toujours, une paysanne délaissée, alors qu’elle est à l’origine une vraie « urbaine qui bosse dans la com’ » (genre héroïne de soap télé thai). Bref, désolé de vous le dire, ça va encore faire des VCD à acheter, mais il se passe de belles choses dans le cinéma thaï.
Plaisant à suivre malgré les travers de sa mise en scène
Monrak Transistor est plaisant à regarder, c'est vrai. Pour autant, même s'il est bien meilleur qu'un Last life in the universe, il ne permet pas de considérer à ce stade Ratanaruang comme un cinéaste qui compte. Monrak Transistor est en effet un film bon malgré les travers de sa mise en scène. Les travers clinquants de son film suivant n'ont pas encore totalement contaminé sa mise en scène mais sont bien présents. On trouve ainsi un abus pas vraiment judicieux du grand angle, quelques mouvements de caméra amples où le cinéaste se regarde filmer. Mais aussi une course poursuite filmée de façon illisible et quelques choix formels esthétisants. Une focale isolant un objet, un plan large montrant l'ombre des amoureux de nuit par exemple. Lors de certaines scènes, le film a aussi tendance à trop se reposer sur une certaine lenteur contemplative. Le film se fait bien moins agaçant lorsque sa mise en scène se contente d'un classicisme ordinaire.
Une fois ceci dit, le film se laisse suivre volontiers grace à quelques atouts pas négligeables. Son duo d'acteurs touchants de naïveté d'abord. Mais aussi un script en forme de récit d'illusions perdues aux rebondissements bien dosés, aux péripéties mémorables, mélangeant les genres de façon bienvenue. Film de guerre, film policier, comédie musicale, mélodrame, roman d'initiation se retrouvent ainsi à se croiser tout le long du film, les ruptures de ton que cela implique étant bien négociées. Ce goût du mélange des genres associé à une naïveté assumée jusqu'à l'exagération fait de Monrak Transistor le reflet d'une certaine idée typiquement asiatique du cinéma populaire, bien loin du formatage festivalier de Last life in the universe. Surtout que Monrak Transistor nous offre des personnages de Pen et sa fiancée assez attachants et ce jusqu'à sa scène finale très touchante. Le reste des personnages croisés lors du film est quant à lui souvent un minimum haut en couleurs.
Bien sûr, le kitsch assumé du film débouche sur un goût des plus douteux rayon look des personnages comme décors mais on peut préférer ce flirt avec la vulgarité au bon goût hype du Ratanaruang suivant. Du coup, le film parvient à emporter le morceau malgré ses limites formelles pas négligeables.
Mélange des genres enthousiasmant
Monrak Transistor fait partie de ces films au charme rétro et désuet terriblement attachants. La première demi-heure est en cela particulièrement représentative : un petit village thai paumé, une fête "couleur locale" très familiale où un beau gosse en T-shirt vert joue les crooners pour séduire une jeune fille très convoitée, le coup de foudre entre les 2, le mariage, et puis le revirement soudain : le jeune homme doit partir à la guerre et laisser son épouse en pleurs derrière lui - magnifique scène mélancolique où il chante en pleine bataille au milieu des carabines et des morts, avant de collectionner tel Caliméro toutes les emmerdes imaginables qui l'éloigneront inexorablement de sa femme. A la fois conte, comédie musicale et tragédie, le film de Ratanaruang parvient à planter une ambiance très sympa en mixant les genres avec un bon savoir-faire, et brosse le portrait de gens de la campagne trop naifs et idéalistes qui se retrouvent confrontés à la dure réalité de la ville et du monde en général. On en redemanderait bien une tranche, tiens !
Simple et touchant
Monrak Transistor est un de ces films rafraîchissants et authentiques qui font aimer le cinéma. Loin des formules toutes faites ingérées comme un menu du Mac Do, il sent bon le soin apporté à l'écriture, le scénario étant adapté d'un roman. Les personnages sont délicieusement décalés, les situations pas moins, le ton est enjoué, l'humour fait bon ménage avec de la romance très fleur bleue et du drame jamais trop pesant. Le film parle de choses simples de façon simple, évoque les rêves de chacun sans se la jouer success-story trop optimiste, mais adopte au contraire ce ton doux-amer qui laisse les plus beaux souvenirs. Le côté champestre vient également enlever un peu de la tension inerrante aux films plus urbains. Ici on se bat dans les bals populaires, les poules volent au milieu des protagonistes, c'est plus plaisant que des chaises.
De plus l'intégration des chansons est un modèle du genre, celles-ci s'intégrant parfaitement au recit tout en se montrant rafraîchissantes. Il faut dire que la pop thailandaise n'est évidemment pas des plus connues... Mais toujours est-il qu'on suit les paroles avec attention, comme un dialogue classique. La réalisation de Ratanaruang Pen-ek est une nouvelle fois soignée et réserve quelques cadrages tout à fait réussis. Quant aux interprètes, ils se montrent également naturels et convainquants, notamment Pen, le personnage principal. On peut reprocher à l'histoire un petit phénomène d'accumulation dans le dernier quart (mais que va-t-il arriver à ce pauvre Pen?), mais la conclusion est tout aussi plaisante que le reste. Au final on tient là un petit film soigné qui démontre bien que le cinéma thailandais ne se résume heureusement pas à des Ong Bak-like. Drôle, touchant, dépaysant, entraînant, conseillé, évidemment.
Attachant malgré tout.
Film attachant à la mise en scène fraîche et variée en idées, à la photo colorée comme savent très bien le faire les thaïlandais, Monrak transistor pêche tout de même par son "Calimérisme" un peu trop appuyé en grande partie due à l'acharnement opéré sur notre héros. Cultivant tel un champion une naïveté désarmante, il y a donc quelque chose d'assez primaire dans le fil rouge de Monrak qui doit nous faire avaler que oui, toutes les calamités vont s'abattre sans vergogne sur lui sans qu'il ne réagisse d'un poil, préférant de loin l'errance à l'action.
En contrepoids bienvenue, magie de l'enthousiasme Thaïlandais, un beau panel de situations de désamorcage, une subtile touche d'humour, une galerie de personnages excentriques tombée de nul part nous aident à traverser la pénible descente aux enfers. Et il faut surtout ajouter l'optimisme tenace et sous tendant de l'excellent couple vedette qui encense toujours le métrage. Une prestation sensible de KITSUWON Supakorn en première ligne, acteur talentueux et versatile qui passe allègrement du bad guy cambrousard (
Les Larmes du Tigre Noir) au super héros mangaesque (
Sars Wars) jusqu'à cette jolie petite gueule d'amour d'une naïveté extrême, sentiment qu'il maîtrise parfaitement jusqu'au point où le spectateur peut légitimement avoir quelques fois l'envie de lui botter les fesses. Surtout que son délicieux sucre d'orge, incarnation de la bonté faite femme, PUKKAVESA Siriyakorn, joue avec une sensibilité extrême tout à fait délicieuse qui mériterait bien qu'on s'y accroche avec une tenacité bien plus grande que celle de Pan, le Caliméro balloté de place en place.
En attendant, leur histoire extravagante, qui n'est pas sans rappeler un brin de "Forest Gump" baignée dans une ambiance de campagne thaïlandaise, malaxée avec beaucoup de genres différents, formule dont les thaïlandais raffolent, oscille du burlesque retenu à la romance distanciée avec un équilibre réussi qui fait le charme ambiant. Pas forcément évident à apréhender cependant, Monrak Transistor manque un peu de rythme et peut parfois pencher vers un certain misérabilisme gratuit, point qui m'a clairement empêché d'être véritablement touché par la grâce du final.
ps : j'ai trouvé la course poursuite originale et réussie pour ma part. ;p
Pour allers plus loin après le visionnage des 2 dernier films de Ratanaruang Pen-ek, j'ai visionné Monrak Transistor. Et là c'est tous de meme la grosse déception.
Au début on s'ennuie sévèrement devant ce film qui ressemble à un film thaï des plus classique et des plus inintéressant. Puis vers la moitié du film (qui est assez long) ça commence à se densifier et les personnages prennent enfin de l'ampleur, ainsi qu'une réalisation plus soigner. Mais globalement ça reste bof.
Une belle histoire, un film qui transporte...
Pour ceux qui aiment le cinema qui touche, à l'instar de "Happy Times" ou "the Road Home". Il s'agit d'une histoire d'amour, des séparations et de la route tortueuse suivie par l'homme et la femme. On se demande quand s'arrêteront les soucis de l'un, tandis que la peine de l'autre nous touche dans son universalité.
A voir à deux ou seul, ce film vous laissera un sourire de bonheur quand s'affichera "The end"...
Rafraichissant, le terme employé par chronofixer sonne juste
Un film qui mélange les genres, une réalisation très soignée, de bien belles images...une interprétation plutot bonne, enfin, en ce qui concerner les 2 personnages principaux, pour le personnages secondaires, ce n'est pas toujours çà...par contre, chaque personnage à la 'tête de l'emploi' !
Le film est très dépaysant, on y voit la Thailande dans l'eau, sur l'eau, en ville, en prison, dans une plantation, une fete 'foraine'...c'est visuellement varié et très soigné.
Il y a des chansons, mais le film n'en abuse pas, j'ai par contre trouvé le film un peu long, alors qu'il alterne musique, péripéties du personnages principal, enfin, alors qu'il ne manque pas vraiment de rythme.
Le film ne fait pas vraiment rire malgrè son côté comique/burlesque, mais il fait sourrire, le réalisateur semble avoir trouvé un bon équilibre dans tous ses ingédients (mais alors pourquoi j'ai trouvé le film un peu long ?!!!)
Donc voilà, le film se laisse voir, mais je n'ai pas tout à fait accroché, c'est distrayant, soigné, mais il manque plus qu'un petit quelque chose à mon gout.
En tout cas, je pense qu'il est à voir, simplement pour voir quelque chose de différent.
RAFRAICHISSANT
monrak transistor est un bon film sans prétention mélangeant comique loufoque (assez proche de kusturica) et trame dramatique mais pas larmoyante. ca se laisse bien regarder, c'est frais et plutôt joli (belle photo un peu rétro et beaux paysages), ça manque un peu de rythme tout de même mais globalement on passe un bon moment. (petit défaut technique: les sous titres sont assez souvent illisibles: blanc sur blanc...)
Inégal
Inégal est en effet le terme qui convient le mieux pour définir
Monrak Transistor en un mot. La première partie ne se montre pas des plus palpitantes: on passe d'une introduction dans un concert de fortune avec des chansons ringardes et minables à une amorce de chronique sentimentale très niaise et académique. Le héros du film, après avoir mis enceinte sa dulcinée et s'être vu contraint de quitter cette dernière à cause du service militaire, se sent quelque peu déboussolé. Il ne peut mener à bien sa carrière de chanteur et sa chérie lui manque. C'est alors que, par une bien drôle de circonstance, il devient déserteur et se fait récupérer par un drôle de manager qui voit en lui un grand avenir de star. Mais, deux ans durant, il se contente de passer la serpillière aux pieds des autres artistes de la maison. Sa chance professionnelle semble lui sourire enfin, tandis que le soir même, après avoir « cartonné » sur la scène, sa dulcinée, qui a fait tout le voyage pour lui, réapparaît. Il lui donne rendez-vous le lendemain, prêt à rattraper le temps perdu avec elle. Hélas, l'infortune recommence. Le héros commettra un meurtre involontaire, deviendra ouvrier dans une plantation de canne à sucre, perdra son job, enfin, sera poursuivi et emprisonné pour vol de bijou. Aux fers, il se chargera de transporter des sceaux d'excréments de détenus afin de donner de l'engrais aux légumes, en tombant parfois dans le puits de @!#$.
À partir du second paragraphe de votre serviteur,
Monrak Transistor s'avère alors vraiment digne d'intérêt. Le réalisateur a su – maladroitement, certes – nous embaumer de romantisme au rabais pour mieux faire dériver la barque vers le tragique, le dérangeant, par la suite. Traversé de petits éclairs « chocs », le film joue avec notre curiosité et nos nerfs car on finit par ne plus savoir sur quel pied il danse, et là réside sa force. Il faut également dire qu'après une première heure gonflante de monotonie, l'ensemble se réveille et nous gratifie de quelques séquences plutôt haletantes dont une jolie poursuite pédestre dans les rues d'une grande ville entre le héros fuyard et deux policiers. Entre temps, quelques scènes sur l'existence actuelle de son ancienne dulcinée nous sont exposées, mais avec beaucoup plus de conformisme, ce qui limite leur intérêt et nuit au rythme de la narration. L'épilogue surprend en bien: ce genre de production tournée avec trois bouts de ficelle et qu'on trouve à la pelle dans l'industrie du cinéma thaïlandais parvient à être touchant, s'il le veut. En somme, pas d'argent, mais un certain talent. De nombreuses choses à revoir, des maladresses en abondance, un ensemble, on en revient, très inégal, mais une folle envie de faire quelque chose de bien, avec rien. Et c'est déjà pas mal.
Les larmes du soldat noir
Magnifique comédie romantique, démarrant sur des chapeaux de roues et continuant sur les voies d'une intrigue que l'on ne dévinera jamais en avance.
Absolument délicieuse, elle connaît parfois certaines longueurs, mais fait preuve d'une maîtrise au niveau du scénario et de la mise en scène rarement atteinte.
L'on sait depuis (Last Life int Universe), que le réalisateur lorgne vers un cinéma plus "art et essai", mais garde toujours sa petite touche fantaisiste et postiviste dans le pire des malheurs pour faire la différence.
Le propos fait rire, même dans le pire des malheurs de son héros et l'on ne peut que s'émerveiller devant tant d'inventivité.
Il y aurait tant à dire, à dissèquer; laissez-vous tout simplement aller au gré des aventures de Pan et donnez-moi des nouvelles après avoir assisté à l'un des plus beaux et inventifs films thaïs de ces dernières années !!!