Une fresque historique excellente...Le fils du Loup Bleu est éternel.
Enfin…enfin un film sur Gengis Khan. Le plus grand conquérant que la Terre ait connu, l’un des hommes les plus marquants du dernier millénaire, n’avait toujours pas eu droit à un vrai film digne de ce nom, c’est désormais chose faite. Produit par des kazakhs, des russes, et des allemands, avec un acteur japonais dans le rôle phare et un réalisateur russe (
Sergei BODROV) aux commandes,
Mongol avait des raisons de susciter des inquiétudes. Certains mongols se sont paraît-il offusqués que l’histoire de leur héros national soit raconté par leurs voisins, ou par d’autres tout simplement. Et bien j’espère qu’ils l’ont vu ou qu’ils le verront, et qu’ils s’apaiseront, car le pire que l’on pouvait redouter ne s’est pas produit.
L’acteur américain
Steven SEAGAL souhaitait tirer en long métrage la vie de l’empereur mongol (et même interpréter lui-même le rôle principal). Par ailleurs, la récente tendance de réécriture de l’histoire chinoise à coup de blockbusters aurait pu laissé imaginé un
ZHANG Yimou à la tête d’un film sur la vie du Khan. Et bien n’en doutez pas une seconde, dans le premier cas, nous aurions eu droit à un Gengis Khan défenseur de la Liberté et des valeurs démocratiques ; et dans le deuxième, à une propagande dangereuse tournant le Khan ou en un horrible envahisseur sanguinaire et illettré, ou, en retournant la chose, aurait fait de lui un chinois et à ce titre, un de leurs héros (l’image qu’ont les populations d’aujourd’hui de Gengis Khan est complexe et parfois contrastée voire contradictoire, surtout en Chine). Mais surtout, le premier aurait évidemment été tourné en anglais, et le second en mandarin…pas terrible. D’un autre côté, il est clair que sans l’aide de la Chine ou de la Corée, ou même des USA, les mongols n’auraient malheureusement pas pu produire eux-mêmes un film à l’envergure de leur héros national. Au vu du relatif respect général de ce film, il faut donc sans doute se réjouir d’une telle co-production. Car le film est en langue mongole (et en mandarin pour les passages dans le Tangoute) et, sinon les valeurs (bien grand mot), la réalité historique et culturelle du personnage ont été relativement bien respectées et retranscrites. De plus, il faut tout de même rappeler que la Russie (terre natale du réalisateur et d’une bonne partie du financement), a été sauvagement envahie par la Horde d’Or de Gengis Khan. Une grand partie de la population du pays a été massacrée et, preuve macabre du chaos qui régnait : aucun bâtiment de pierre ne fut construit dans certaines régions russes pendant environ deux siècles à cette époque.
La profonde admiration pour Gengis Khan qui se dégage de ce film n’est donc que plus respectable, tout le monde n’en aurait pas fait autant avec le pire envahisseur que son pays ait connu.
L’incroyable vie de Gengis Khan étant trop longue à narrer, ce film commence lorsque Temüjin (son véritable nom, Gengis Khan est un titre) est enfant, et se termine lorsqu’il devient le Khagan en unifiant les tribus mongoles ; il n’aborde donc pas ses futures conquêtes qui feront sa véritable renommée.
Côté acteurs, nous avons quelques très belles prestations et l’ensemble est correct.
ASANO Tadanobu est très bon, et correspond au fond assez bien aux descriptions physiques que l’on a de Gengis Khan. Le petit Temüjin (
ODSUREN Odnyam ) est très convainquant malgré son jeune âge et l’acteur jouant le rôle de Djamuqa (
SUN Honglei ) est également excellent. Le film a été taxé d’ultra violence…question de point de vue. Il y a certes beaucoup de sang et un ou deux gros plans désagréables, mais dans l’ensemble cela reflète tout juste la brutalité qui devait régner à l’époque, pas plus. La musique est efficace, les chants mystiques mongols accompagnent les scènes de combat avec une touche enivrante. La mise en scène (et le montage également) par contre, est responsable à plusieurs reprises d’erreurs dérangeantes (cadre pas idéal, montage maladroit…) rendant certaine scènes un peu confuses. Tourné en Mongolie, en Chine et au Kazakhstan, le film montre du début à la fin de magnifiques paysages, des steppes mongoles verdoyantes au désert de Gobi. Mais plus généralement, c’est la culture mongole qui est montrée ici avec égards et réalisme (quoique peut-être un peu carte postale ou cliché par moments). Les chevaux, la force des femmes mongoles, le chamanisme éloigné du bouddhisme, l’oppression relative par les sédentaires voisins (Tangoute, notamment)…quelqu’un qui ne connaît rien des mongols aura une vue d’ensemble de ce peuple et de son histoire, et les plus connaisseurs ne seront à aucun moment révoltés de ce que montre le film. Entre les légendes et le peu que l’on sait de la vie de Temüjin avant qu’il ne devienne
Gengis Khan (l’histoire du film),
Sergei BODROV parvient donc à broder un portrait ni trop irrévérencieux, ni trop idéalisé ; quelques détails historiques sont déformés, mais rien de capital.
Le destin du film est à présent entre les portefeuilles des spectateurs du monde entier. Espérons que le film connaisse un succès car, la presse ayant parlé de trilogie, le succès du premier apparaît donc comme incontournable pour rendre réalisable une ou deux suites ; et il va sans dire que la densité de la vie de ce personnage historique mérite au moins ça.
On peut imaginer que les suites traiteront des conquêtes de Genghis Khan, en Chine évidemment mais aussi en Russie (la nationalité du réalisateur n’y serait pas pour rien). Le film s’appelle « Mongol » et non « Gengis Khan », qui sait ? Peut-être auront nous même droit à un rapide traitement des conquêtes des ses fils jusqu'en Iraq, en Pologne ou au Vietnam.
En Bref, à ceux qui n’aiment pas les fresques historiques : n’allez pas voir ce film. Pour tous les autres, Mongol est un excellent film qui rend une vision plutôt juste historiquement et « culturellement », de la vie (une partie) du célèbre conquérant Gengis Khan. Sergei Bodrov, grâce à une coproduction kazakhe, russe et allemande, nous épargne un film propangandesque chinois ou un blockbuster dégoulinant américain désireux de s’accaparer le personnage (l’idée était dans l’air), et signe ici un formidable film où scènes d’action et découverte historique sont de mises. A voir.
M O N G O L ! ! !
Grand film, Merci Serguei Bodrov et Merci Asano Tadanobu qui comme d'hab est génial !!
Un film sur Gengis Khan ?
En allant au cinéma, ne vous attendez pas à voir un film sur les conquêtes du gran Khan. Car il s'agit principalement de son enfance dans les steppes. C'est donc une histoire romancée d'un jeune mongol, chassé par les siens, et qui doit survivre dans les steppes, afin d'accomplir sa vengeance et son désir d'unifier tous les mongols sous un même étendard.
Le nom de Gengis Khan n'apparaît réellement que dans le générique de fin.
Il pourrait donc s'agir de la vie d'un Mongol comme un autre au XIIième siècle.
Et puis il n'y a pas vraiment de tromperie, car le titre du film n'indique que ce que l'on verra.
Mais si le parallèle avec Gengis Khan n'est pas évident pendant 90 % de l'histoire, ce film reste une fresque historique très bien réalisée. Et des films (bien réalisés) représentant les mongols sont tellement rares qu'il serait dommage de ne pas le voir. D'autant plus que le soucis du détail apparaît clairement : tout le film est en langue monguol, les chansons proviennent de leur culture, et les images des steppes et de ses cavaliers sont magnifiques.
Restent tout de même quelques longueurs et quelques clichés mais qui ne nuisent pas vraiment à l'oeuvre.
Donc dans l'ensemble c'est un bon film, sans être exellent, mais qui a le mérite d'exister. Maintenant, il termine un peu au moment où l'on voudrait qu'il commence. Donc il faut que ce film marche pour que l'on ait une suite digne de ce nom, avec en tête d'affiche le grand Gengis Khan !
y a parfois du sang qui gicle, c'est déjà ça
Cruelle déception ou pas (en attendait-on vraiment autre chose qu'un gros blockbuster sans ambition ?),
Mongol n'a pas grand intérêt. Gengis Khan a pourtant un potentiel plus que convenable pour y puiser une épopée gandiose (pensons, d'après la vie d'un autre grand conquérant, au
Alexandre d'Oliver Stone)(bon, ok, je suis une des rares personnes à aimer ce film), encore faudrait-il lui en donner les moyens. Par la mise en scène tout d'abord, mais Seigei Bodrov ne maitrisant qu'une valeur de plan et demi c'est pas gagné.
De plus le scénario pâtit de trous dans son déroulement (la femme qui n'a pas une thune et suis la caravane en payant "vous savez comment" et qui arrivée à destination a des belles fringues sorties de je ne sais où ; Gengis Khan a "sa stratégie", euh... quelle stratégie ?) qui au coeur d'un projet plus maitrisé auraient pu faire office d'ellipses parfois audacieuses, mais qui le cas présent sonnent comme autant de difficultés escamotées avec je-m'en-foutisme.
Escamotons, escamotons.