Capote trouée
Combien de fois vais-je tomber sur des films coréens socio-dramatiques estampillés comédies ? Sous prétexte qu'il est interprété par deux stars de la comédie, Lee Beom-Su et Kim Jeong-Eun, Live Good devrait être drole ? En tout cas, il est vendu tel quel et la bande annonce en donne vraiment l'impression. Et pourtant...
Parlant de la forte natalité dans les années 70 en Corée, Ahn Jin-Wu montre comment la contraception fut reçue dans les campagne reculée, toujours en proie à un doctrine confucianiste profondément ancrée dans les moeurs. Evidemment, pas mal de gags viennent apporter le sourire aux lèvres, plus basés sur le choc idéologique, quelque fois un peu exagéré, mais jamais sur de la parodie de situation. Si c'est exagéré dans certains cas, c'est pour bien montrer le problème que c'était de faire sortir un pays d'une idéologie perpétuée depuis 6 siècles, que personne ne veut quitter. En effet, personne n'est choqué par le fait qu'un grand propriétaire terrien reigne en seigneur sur tout un village pendant que les autres cultivent ses terres et croule sous ses dettes ; et quand on leur fait comprendre que leur situation est injuste, il se heurte non seulement au pouvoir du grand propriétaire, mais également à l'incompréhension des habitants qui n'ont jamais pensé pouvoir devenir riche un jour, dans la mesure où ils sont de basse classe.
Un autre problème confucianiste est mis en avant : le besoin quasi-primordial pour toute famille d'avoir un fils. Donc si une femme accouche de 7 filles, elle devrait encore faire des enfants jusqu'à temps de tomber sur un garçon. De même, la femme est rabaissée, ne devant servir qu'à perpétuer le nom en accouchant d'un garçon, quelque soit la souffrance qu'elle endure. L'intervention du gouvernement et donc de cette sensibilisation aux intérêts économique du pays vient montrer, sans le dire explicitement, qu'il n'est plus nécessaire pour chaque famille d'avoir un fils, puisque les femmes (en théorie...) se verront octroyer des pouvoirs équivalents aux hommes ; c'est ce qu'on voit par le personnage de Kim Jeong-Eun, responsable du programme dans ce village, mais également le fait qu'elle ose interrompre le président lui même pendant une réunion et lui donner conseil, alors que n'importe qu'elle autre femme n'aurait même pas osé le regarder (elle n'aurait même pas participé à la réunion d'ailleurs).
Mais ce choc idéologique n'est pas sans retour néfaste. On voit nettement l'absurde dans lequel se lancent les villageois, prenant des mesures draconiennes, allant jusqu'à exclure des familles qui ont fait trop d'enfants. La fin pousse également les personnages à bout, et vient porter le coup de grâce à cette politique vouée à l'échec, ne prenant pas soin de s'adapter aux moeurs ancrée au lieu d'essayer de les supplanter sauvagement. Cependant, d'un point de vue sociologique, ce film ne tient pas lourd, car à vouloir trop exagérer la situation, il perd de sa constance et semble un peu vide de sens, surtout dans une société qui a finit sa transition, même si le confucianisme est toujours bien présent encore.
Les personnages sont plutôt crédibles, surtout Lee Beom-Su et Ahn Nae-Sang qui, ayant déjà joué des rôle similaires dans des films un peu plus historiques, rentrent bien dans leurs personnages. Cependant, on ne sait pas si le réalisateur a voulu faire un film franchement dramatique ou plutôt a cherché à le tourner en dérision. Dans les deux cas, le résultat est franchement raté, et les clichés un peu trop gros n'ont pas vraiment d'intérêt. Il est plus intéressant de voir les films tournés à cette époque pour voir clairement le problème que représentait le confucianisme dans une société qui essaie de se sortir de son bourbier dans lequel il s'engluait depuis des siècles pour devenir une nation développée.
Donc finalement, peu d'intérêt. L'humour tant proclamé n'est pas là, et le sujet social enfonce des portes ouvertes.
21 décembre 2006
par
Elise