| Xavier Chanoine | 2 | Des emphases sur toute la ligne. Dommage |
Sur un script médiocre et pas original pour un sou, Kim Jeong-Kwon n’exploite pas ce qui aurait pu faire la force de Miracle of Giving Fool, à savoir un traitement plus en adéquation avec son sujet qui ne verserait pas systématiquement dans le mélodrame larmoyant qui s’empêtre dans une intrigue bis avec des gangsters en carton. Sung-Ryong, simplet interprété sans grosses difficultés par Cha Tae-Hyun, est orphelin de ses parents mais essaie tant bien que mal de s’occuper de sa petite sœur, Jee-In, qui le repousse sans cesse et l’ignore la plupart du temps. Il prépare ses fameux toasts à la sortie du lycée tout en étant l’attraction du quartier. Une de ses anciennes camarades de classe, Ji-Ho, débarque en ville après avoir passé une partie de ses études en Europe dans une école prestigieuse de piano. Après un coup dur, celle-ci décide de rentrer plus tôt pour oublier et recroise par hasard Sung-Ryong sans le reconnaître. Les souvenirs reviennent et la belle décide de s’occuper de ce dernier. Plus qu’une amitié va naître entre eux mais Sung-Ryong ne semble pas évoluer malgré le soutien de son meilleur ami Sang-Soo, impliqué dans des affaires qui auraient dû rester entre les mains des gangsters qu’il fréquente à cause de celle qui l’aime, gavée de dettes.
En voulant mixer les genres sans y croire vraiment (il suffit de voir le traitement très médiocre des affaires de Sang-Soo), Kim Jeong-Kwon brasse du vide et au spectateur de déchanter rapidement devant l’avalanche de mimiques grossières d’un Cha Tae-Hyun encore cloitré dans des rôles d’idiots (le syndrome post My Sassy Girl oblige) qu’il n’arrive décidément pas à se détacher. Pourtant le film mise tout sur son personnage et celui de Ji-Ho, leur relation ne va hélas jamais au-delà de la simple aide à autrui et ses non-dits amoureux, rendant le film particulièrement répétitif passé la mise en place de l’ensemble des personnages. S’il se suit sans flancher, Miracle of Giving Fool est irritant parce que sa très belle photographie et sa narration emprunte d’une vraie douceur ne font jamais corps avec la maigreur de ce qui est raconté. L’évolution de l’histoire est intéressante et ravira les amateurs de bluette émouvante, mais le traitement est trop scolaire : Sung-Ryong n’a pas l’appui de sa sœur Jee-In mais trouvera celui de Ji-Ho, Sang-Soo veut défendre celle qu’il aime mais s’attirera les menaces de ceux qui veulent son argent, Jee-In est malade, son frère courra à son secours et recevra l’amour de sa sœur en retour le temps d’une séquence lacrymale efficace. Pourtant on reste dans le classique et le téléphoné. Malheureusement le film vire presque volontairement dans le complaisant où le personnage de Cha Tae-Hyun finira par prendre tout sur la tête en fin de métrage à cause d’une bavure annoncée par une vrille scénaristique grosse comme un trente-tonnes. Presque malhonnête avec les personnages qu’il met en scène, le cinéaste veut que sa clientèle exploite au maximum la boite à mouchoirs. Si on peut dire qu’il a réussi son coup, le résultat ne va pas plus loin que le mélodrame de base. Les flash-back n’apportent rien à la narration, tout comme la voix off plutôt présente mais à l’utilité gadget, stabylo pleurnichard. Au final, l’œuvre n’apporte pas grand-chose au paysage cinématographique coréen déjà bien chargé en comédies dramatiques où tout peut s’anticiper par manque de renouvellement jusque dans un final optimiste comme pour minimaliser le choc des dernières scènes mettant en scène Sung-Ryong. Des qualités, mais un traitement emphatique au possible.
