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Blind Shaft

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.45/5

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18 critiques: 3.68/5



Anel 3
Ghost Dog 4 Le salaire de la peur
Ordell Robbie 3 un film social chinois non dépourvu de qualités mais pas à la hauteur de la hype
Tenebres83 3.5
Yann K 3.75 Bon film social qui mélange habilement docu et fiction.
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Le salaire de la peur

Devant ce film sulfureux qui dénonce avec virulence l’envers du décor du « miracle économique chinois », devant le traitement abrupt, pertinent et quasi-clandestin d’un sujet d'actualité dont on entend fréquemment parler dans les journaux (les milliers de morts, probablement 30 000 par an, qui jonchent les mines de charbon chinoises), et surtout face à ce postulat de départ violent qu’on ose à peine imaginer vrai (des mineurs choisissent une jeune proie à la recherche d’un boulot, l’entraînent dans une mine, le tuent et viennent demander des compensations à un patron qui veut au maximum étouffer l’affaire par peur des autorités), on est tenté d’écrire un pamphlet outré contre une société hyper capitaliste dont le seul mot d’ordre est « Enrichissez-vous par tous les moyens » et qui transforme de pauvres bougres des campagnes en impitoyables serial killers assoiffés d’argent dans un monde sans foi ni loi où l’être humain ne vaut plus rien.

Mais quand j’ai revu l’autre jour Le bon, la brute et le truand, j’ai été frappé par le nombre de similitudes inattendues avec Blind Shaft : un pays en plein développement, une ruée vers l’or, des chasseurs de primes à tous les coins de rue, des femmes exploitées sexuellement, une loi du plus fort irréversible. Alors, Song et Tang sont-ils les nouveaux Tuco et Sentenza des temps modernes, les nouveaux cowboys de l’Est rouge ? On peut le penser. Certaines choses changent, d’autres ne changent pas, disait je ne sais plus qui dans Matrix. Seule différence notable : le contexte social et mondial a considérablement évolué, et cette course toujours plus grande au profit, cette grande fuite en avant collective dans lequel s’invite aujourd’hui le pays le plus peuplé de la planète va décidément beaucoup, beaucoup trop vite et, non seulement n’est pas prête de s’arrêter (la pénurie de pétrole dans les années à venir poussera sans doute la Chine à investir massivement dans le CTL – procédé de transformation du charbon en pétrole), mais risque également de nous conduire tout droit dans le mur (ce n’est pas moi qui le dit, mais les dirigeants chinois eux-mêmes qui osent regarder le monde avec lucidité sur le moyen terme).

Au milieu de toute cette fureur, le courageux Li Yang brandit sa caméra comme un drapeau blanc en pleine bataille. Il a énormément de mérite, et on lui tire notre chapeau pour avoir tourné ce film au péril de sa vie. Mais qui prendra le temps de l’écouter vraiment ?



03 décembre 2005
par Ghost Dog




un film social chinois non dépourvu de qualités mais pas à la hauteur de la hype

Blind Shaft décrit au quotidien les conditions de travail des ouvriers chinois à la mine, le monde de la prostitution et une certaine désillusion vis à vis du régime communiste. Dès lors pas étonnant que le film ait été censuré en Chine. Si le film s'inscrit dans la mouvance récente d'obédience néoréaliste du cinéma chinois indépendant qui offre une alternative bienvenue aux fresques signées Yimou ou Kaige, reste néanmoins que mis à part le fait que son moteur narratif soit lié au polar il ne distingue pas vraiment à l'intérieur de cette mouvance. Outre que le film n'apporte rien de nouveau sur certains thèmes par rapport au cinéma de Jia Zhang Ke (l'ennui de la Chine industrielle, la description de la marge et d'une Chine tiraillée entre matérialisme et restes du communisme), le film alterne une approche contemplative et une approche documentaire: ce choix de mise en scène rappelle le Plaisir Inconnus récemment sorti en salles mais là où Jia Zhang Ke réussit par ce choix à exprimer une tension entre des personnages inertes et un monde en changement perpétuel les moments contemplatifs et les moments documentaires sont placés de façon plus arbitraire ici. On me dira que ce film a été probablement tourné dans des conditions d'urgence mais ici contrairement aux films de Jia Zhang Ke cela n'aboutit pas à la création d'un style cohérent et personnel. Les bonnes prestations des acteurs ainsi qu'un scénario écrit arrivent néanmoins à compenser ce dernier point. Au final, le film se laisse regarder sans déplaisir (surtout si le film vu juste avant à la Panasia était médiocre) sans pour autant etre une grosse claque. Néanmoins, il a été accueilli par la critique française comme la Nouvelle Révélation Asiatique: le film n'est certes pas inintéréssant mais aurait-il été porté aux nues s'il était sorti dans les années 90 à l'époque de l'explosion des Kitano, HHH, Edward Yang, Wong Kar Wai etc? J'en viens à faire l'hypothèse que le film a bénéficié du fait d'être présenté dans deux festivals (Berlin, Deauville) où de l'avis général les films (et pas qu'asiatiques pour Berlin) en compétition n'étaient pas d'un niveau fameux.



18 avril 2003
par Ordell Robbie


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