Love conquers all

Xavier Chanoine

3.5

Amour acharné

Amour acharné

Premier film de la réalisatrice Tan Chui Mui, première réussite dans le domaine de la love story anarchiste et respectueuse d'aucunes conventions habituelles du genre. On y trouve d'ailleurs à plusieurs reprises des bribes du cinéma de Kim Ki-Duk notamment dans Bad Guy pour cette approche de l'autisme d'un des personnages principaux rappelant le mac du film en question que ce soit au niveau de son aspect physique ou de son acharnement presque obsessionnel envers la séduisante et très seule Ah Ping, interprétée par Coral Ong.

Film tourné en DV pour renforcer cet aspect d'amateurisme et de séquences prises sur le vif, lui conférant cette approche documentaire déstabilisante, le film de Tan Chui Mui est aussi une dénonciation de la pauvreté à la fois matérielle (cadre à la limite du délabré) et morale (liens cassés entre les membres de la famille, prostitution...) dont on se demande comment toutes ces personnes vont s'en sortir. Histoire d'amour sous fond de road movie improvisé à travers Guadalumpur, Love conquers all est un essaie intelligent et mature sur l'aléatoire amoureux et l'errance (virées noctures au marché, ballades en bagnole forcées...). Ah Ping connaîtra la prostitution à son grand regret pour retrouver son amoureux d'un jour, mais quand on aime on ne compte pas. Ce long métrage puise donc ses inspirations dans l'universalité du cinéma asiatique, piochant chez Kim Ki-Duk ou encore Wong Kar Wai lorsque la cinéaste met en scène les -belles- séquences d'amour. Et puis il y a cette affiche ciné de Chungking Express qui ne traîne pas pour rien dans l'appartement de monsieur...

visiteur	note
Illitch Dillinger	3
Bastian Meiresonne	4
jinroh	1.75

L'amour à revendre

Premier long-métrage d'une jeune réalisatrice malaisienne pleine de ressources, originalité et – surtout – talent pleinement démontré à travers ses précédents courts-métrages. Une artiste accomplie, faisant partie de l'actuelle Nouvelle Vague malaisienne. Derrière la caméra, on retrouve d'ailleurs un autre membre du mouvement, James Lee et – devant la caméra – des habitués de la petite scène indépendante, comme le musicien Pete Teo. "Love conquers all" a déjà réussi à se rayer son petit bout de chemin dans le circuit festival, primé à des très nombreuses fois – et pour cause. Le film de Tan regorge d'une belle vitalité et – surtout – d'un jeu incroyable de la part des protagonistes principaux. Film, où les silences sont une nouvelle fois bien plus parlants que tous les mots, il dispose d'une sensibilité nécessaire à communiquer le torrent d'émotions à s'abattre sur le personnage principal. Sa destinée est clairement annoncée dès le départ – mais l'amour conquiert tous les terrains et scelle donc son destin en fin de film. Parallèlement à cette histoire se développe également une bien belle intrigue secondaire, paraphrasant la première: il ne faut pas hésiter à regarder au-delà d'un premier abord et d'approfondir une certaine identité. Depuis, Tan Chui Mui a décroché une résidence au fameux programme de développement de scénarios des jeunes talents à Cannes pour écrire une autobiographie fictionnelle sur sa vie dans cinquante ans. Aucun doute, qu'elle saura viser juste. Le DVD vient d'être édité et mis en vente en Malaisie pour malheureux 4,17 euros - un effort à encourager par un achat obligatoire!!!