Jeunesse qui a besoin d'espace
Pour son premier long-métrage, Kang Mi-Ja raconte la vie des lycéens coréens de deuxième génération en Chine. Ceux qui n'ont jamais connu la Corée comme leurs grand-parents et qui la considère plus comme un pays lointain que comme le pays où ils devraient retourner. Parmi ceux-ci, un jeune garçon vit seul avec son père alors que sa mère est elle retournée en Corée pour travailler (illégalement) et leur envoyer régulièrement de l'argent. Avec cet argent, et l'accord de son père), il achète une moto qui lui permet de gagner des points auprès de la gente féminine en général, mais qui a également pour effet de voir s'éloigner celle qui était sa quasi petite amie.
Dans sa mise en scène, Let the Blue River Run ressemble un peu au film taiwanais Blue Gate Crossing ; d'une part il raconte l'histoire de lycéens se découvrant, et recherchant une certaine liberté, et d'autre part, le titre même implique la couleur bleue, qui sera omniprésente dans le film. On pourra ajouter à cela les scènes de course à vélo en rentrant de l'école, ou l'intrigue à propos du garçon partagé entre deux filles. Mais la comparaison s'arrête là ; tout d'abord parce que l'histoire s'oriente différemment, puis, la réalisatrice n'ayant pas vu le film taiwanais, les ressemblances sont purement fortuites.
En effet, le bleu est omniprésent dans le film. Tout d'abord dans le titre, dans lequel la rivière est une métaphore de l'adolescence cherchant son chemin vers l'émancipation, caractérisée par l'océan (le scénario ne cherche pas à nous faire réfléchir ; la métaphore est clairement énoncée par la mère du garçon). Ensuite, le garçon porte tout le temps un t-shirt ou une chemise bleue, devenant ainsi l'incarnation même du titre, même s'il n'est pas le plus présent à l'écran. Les passages où l'on voit sa mère travailler durement en Corée et faire face à la politique d'immigration coréenne qui n'accepte même plus les Coréens expatriés de première génération sont assez poignants et déroutants face à la légereté avec laquelle sont décrits les événements au coeur du lycée, ce qui a son petit effet sur la fin. Enfin on notera qu'il est particulièrement difficile pour les jeunes acteurs de jouer en imitant un accent différent (plus proche de l'accent nord-coréen), et que cela se ressent à l'écran.
Finalement, un film intéressant à regarder qui, malgré ses ressemblances avec Blue Gate Crossing, aborde aussi des problèmes sociaux plus sombres.
12 décembre 2008
par
Elise