drélium | 2.5 | ça passe, sans plus. |
Ghost Dog | 2.5 | Un yakusa-eiga classique |
Ordell Robbie | 2.25 | C'était bien sur le papier... |
En voyant le Territoire du sang versé on comprend qu'à quelques exceptions près (les ninkyo eigas transcendés par Gosha ou Kato Tai) ce soient les relectures stylisées et surréalistes du yakuza eiga (Suzuki) ou les entreprises de déshéroisation des yakuzas en démolissant au passage la notion de code d'honneur (Fukasaku) qui soient plus passées à la postérité que les yakuzas eigas classiques. Si le Territoire du sang versé annonce par certains cotés la troisième vague de yakuza eigas dont parlait Schrader (cf ici pour plus d'explications là dessus), reste qu'il témoigne de l'essoufflement des grands thèmes du ninkyo eiga. Parmi les éléments annonciateurs de la troisième vague, on trouve la volonté de transposer l'univers yakuza, ses codes, ses rites dans le Japon contemporain là où les ninkyos se situaient plutot dans les années 20, certains plans d'enseigne tokyoites de nuit et des plans quasi-documentaires d'extérieurs tokyoites et une tentative de transposer dans un contexte de cinéma de genre nippon certains acquis de la série B américaine (le cinéaste revendique son admiration pour Fuller et Siegel et la mise en scène vise se veut économe de ses effets). On retrouve ici quelques grands thèmes et passages obligés du ninkyo: la notion de sacrifice, du tiraillement entre fidélité au clan et sentiment personnel, celle de code d'honneur, les combats à l'arme blanche. Sauf que si les acteurs ne sont pas mauvais il se contentent du service minimum sans transcender leurs roles et qu'en plus de franchir la frontière séparant économie de moyens de platitude la mise en scène devient brouillonne lors des rares fois où elle tente une approche plus stylisée. Et si les thèmes du film sont intéréssants, le film n'arrive jamais à dépasser la routine du genre. Au final, le film demeure une tentative intéréssante mais la volonté d'amener un peu de sang neuf ne fait que souligner l'épuisement des formules. Et la meme année Fukasaku offrait une vision bien moins ennuyeuse, bien plus empreinte de tristesse du genre (avec Tsuruta Koji, grand star du ninkyo) avec le Caid de Yokohama qui réussissait avec plus de succès à introduire une influence extérieure (Melville) dans le genre.