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The Park
les avis de Cinemasie
1 critiques: 2.75/5
vos avis
1 critiques: 3.25/5
Jardin paisible
Si Le Jardin Public n'est pas un grand film, sa cinéaste reste tout de même à suivre. L'histoire est très classique, aux mécaniques bien huilées et suffisamment bien travaillées pour que l'on s'attache au parcours semé d'embûches de la belle Jun, sympathique petit bout de femme journaliste dynamique, symbole de la réussite chinoise. Elle vit seule, mais entretient une petite relation avec un jeune musicien qu'elle va vite échanger contre son père, débarqué sans prévenir pour s'installer chez elle afin de lui trouver un mari digne de ce nom. D'abord très respectueuse de son père, voir même impressionnée, Jun va rapidement déchanter suite à l'imposante présence du monsieur, exigeant et surtout pesant. La recherche du mari prend alors des tournures grotesques, l'un des prétendants au titre d'époux étant même homosexuel. La vision que l'on a de la société chinoise, à travers la peinture réalisée par Yin Li-Chuan, est celle d'une société au ralenti, lente dans ses démarches et projets (un comble quand on connaît l'essor économique redoutable du pays) ressentie à la fois dans le personnage incarné par Jun, épuisé, et son père, fatigué physiquement et surtout moralement compte tenu des difficultés qu'a ce dernier pour trouver un mari à sa fille. Il en fera un malaise en toute fin de métrage. La cinéaste démontre alors non sans emphase l'importance du mariage dans la société, l'importance de marier ses enfants pour que la descendance puisse perdurer, et confronte les générations dans ce fameux "jardin public", théâtre de rencontres improbables et de couleurs locales assez fantastiques. L'aspect "documentaire" est aussi relativement poussé, les tentatives de débusquer le mari idéal ressemblant à d'étranges interviews. Relativement solide dans son discours, sorte de mélange -hélas trop- probable d'humour, de critique sociale et de drame qui font de ce Jardin Public un vrai film d'auteur avec une vision à la fois ironique et réaliste de la société chinoise contemporaine.
Point de rencontres
"The Park" est le second projet dans la série de dix films au total initié par Lola Zhang dans le cadre du Yunnan New Film Project, qui donne la possibilité à dix jeunes réalisatrices de Chine, Hong Kong et Taïwan de mener à bien leur premier projet, pourvu que certaines scènes se passent dans la région du Yunnan. Le premier de la série a été "The Case" de Wang Fen et le prochain à se terminer très bientôt sera "Here is Shangri-La" par la taïwanaise Ismene Ting.
"The Park" jette un regard très lucide sur l'incroyable bond en avant dans les mentalités intergénérationnelles. Le pauvre Gao Yuanshan vit encore à son époque et se retrouve totalement largué devant les faits et gestes de sa fille. Il ne peut pas s'imaginer une seule seconde, qu'elle puisse mener des relations non sérieuses, sortir le soir et mener une vie "dissolue". Sa prise de conscience s'effectuera petit à petit au contact d'autres gens, et notamment à travers une série d'événements assez naïfs (des hommes qui s'avouent leur amour, le vol de son portefeuille dans un bus bondé). Le "parc" du titre du film sert finalement comme un refuge au cœur de la capitale chinoise pour le père, qui y retrouve calme et quiétude de sa campagne et surtout des gens de son âge, qui tentent – tout comme lui – de marier leurs rejetons.
Démarrant comme un Ozu dynamisé (le père joue les entremetteurs pour sa fille et discute ferme atour de plats maisons), le film prend ensuite la voie d'une petite comédie enlevée à la française (la réalisatrice Yin Lichuan a fait ses études en France) avec ses moments doux-amers. Les métaphores sont parfois un peu grosses pour exprimer les incompréhensions intergénérationnelles et les situations un peu naïves, mais l'ensemble respire le bonheur de pouvoir réaliser son premier film et la volonté d'exprimer un profond ressentiment. Une agréable surprise et une réalisatrice à suivre.
