Dragon Mortel
Voilà le parfait exemple de l'étrange tournure que risquent de prendre bien des co-productions chino-hongkongaises dans les années à venir. Policé, un brin nostalgique, un sucre d'orge écœurant, le réalisateur et son équipe technique n'ont dû avoir droit à l'avance sur recettes pour le seul portrait idéalisé d'une Chine chaleureuse et accueillante.
Le générique mentionne la collaboration de TROIS scénaristes - dont celle du réalisateur Johnny Lee - pour accoucher de cette simple histoire s'étirant bien trop longuement en longueur. La première dépeint le départ de deux nigauds pour un village reculé chinois pour retrouver les racines de l'un d'entre eux et d'apprendre le Tai Chi - pourquoi ? La raison en sera véritablement dévoilée dans la seconde partie, total revirement des idées développées dans la première, qui voit affronter l'un des personnages principaux l'adversaire d'une autre école.
Autant dire, qu'il ne se passe absolument RIEN pendant la première heure de film, concourant aux seules retrouvailles d'une famille séparée d'antan et dont le père est interprété par Samo Hung himself. Quelques mous mouvements de Tai Chi, exécutés sur fond de jolis paysages, quelques belles actrices amatrices chinoises pour remplir le quota nécessaire à al co-production et combler les trous scénaristiques d'histoires d'amour tirées par les cheveux...et les endroits du film semblent avoir inspiré subitement les trois scénaristes des scènes à rajouter de toute urgence, comme le - soit - merveilleux décor du pont, qui est à l'origine de plusieurs scènes totalement inutiles - dont une hilarante scène de danse d'une macarena chinoise dans un pur style bollywoodien - autre que pour rallonger le film et exploiter l'unique décor.
La seconde partie est en définitive très vite torchée; les quelques rares scènes d'entraînement provoquent le seul étonnement, comment l'insupportable héros principal ose défier un champion invétéré du Tai Chi, alors qu'il n'ait encore jamais combattu. Heureusement la raclée qu'il prend est à la hauteur de son insouciance, même si la fin lui donne bien évidemment la victoire (et je ne dévoile franchement rien en racontant ceci).
Pour terminer, Johnny Lee abuse de monologues des personnages prenant directement à part les spectateurs; révolutionnaire lorsque exploité pour une première fois par Godard dans les années '60s; drôle lorsque utilisé par les premiers films de Woody Allen dans les années '70s; totalement bidons dans ce film. Le réalisateur dilapide également un budget que l'on devine finalement assez important, en vue des nombreux SFX dont il abuse, animant même au détour d'une frappe puissante une coccinelle semblant s'être tout droit égarée du très mauvais "Bug me not" - et que dire de cette brique rattrapée par l'un des personnages exécutant du coup 1001 pirouettes, comme le ballon de foot dans "Shaolin Soccer" - sauf qu'ici, l'action n'amène à rien.
Pauvre, pauvre navet de plus pour Samo Hung, qui a le don pour dégotter les pires productions HK pour y dilapider son ancien vedettariat...