Smells like Bruce's spirit
Johnny Nguyen est un acteur sur lequel il faudra dorénavant compter dans l'actuelle scène cinématographique vietnamienne. Après un premier retour "au pays" depuis les USA pour les besoins de son rôle remarqué dans la comédie "Truong Ba's Soul in the Butcher's Body" (réalisé par son oncle, ça aide…), il a multiplié les apparitions dans des productions locales. Peut-être pas encore tout à fait populaire dans le cœur du public vietnamien, ses liens familiaux dans l'industrie (il a un autre oncle, producteur influent et propriétaire d'une chaine de cinémas), les charmes dus à sa double-nationalité et son engagement personnel à contribuer à l'actuelle essor des productions privées en font, qu'il s'impose petit à petit comme une valeur incontournable…
En attendant son nouveau projet personnel, après "The rebel", actuellement en bouclage financier, il tient donc la vedette d'une autre production locale, emballé par personne d'autre, que le prodigieux réalisateur du très bon "White Silk Dress". La réunion de ces deux talents suffit-il à donner un bon film ?
La réponse est OUI, même si les défauts sont nombreux et que le spectateur veuille faire abstraction d'une première partie dénuée de toute action martiale. Il s'agit en fait de la libre adaptation d'un classique de la littérature vietnamienne, "La femme de Nam Xuong" et s'attache à raconter la merveilleuse relation entre une femme seule et son fils handicapé mental.
Elle fait abstraction de son handicap et l'élève comme le ferait n'importe quelle mère tout en lui inculquant les valeurs de l'art de combat de Binh Dinh.A l'interrogation de son fils où est passé son père, elle lui dit, qu'il est le descendant direct de Bruce Lee, fruit d'une courte relation entre la superstar et de sa mère avant que Bruce ne retourne aux Etats-Unis. A la mort de sa mère, le jeune homme décide donc d'amener les cendres de sa défunte mère aux pays "de toutes les opportunités" sans se douter un seul instant, qu'il ne s'agit pas là de quelque pays lointain.
C'est donc au cours de son voyage, que démarre la seconde partie, qui emprunte des chemins plus classiques du film d'action…et toute personne ayant su tenir sur la première partie (un très bon mélodrame d'ailleurs, parfaitement mise en scène et bénéficiant d'une interprétation sans faille du jeune Luc Ba Them et de sa mère interprétée par Kim Xuan) sera récompensé par un final assez enragé, où Johnny Nguyen laisse libre cours à ses talents d'artiste martial au cours d'un duel où chaque coup porté fait assez mal…Les maquilleurs des effets spéciaux n'ont d'ailleurs pas lésiné sur leur palette de couleurs et prothèses artificielles, défigurant singulièrement le visage de Johnny au fur et à mesure de ses coups reçus.
Le film se termine finalement sur une ultime séquence assez sirupeuse, mais traversée d'une jolie touche poétique, qui achève ce film de constituer un singulier exercice de style, quelque part entre mélodrame arty et film de baston classique.
Une nouvelle belle réalisation d'un pays en pleine ébullition cinématographique, qu'il faudra surveiller de très près !