Xavier Chanoine | 3 | Le sabre du mal |
Auteur de plus de cent films au cours des "Trente Glorieuses" du cinéma japonais, Hisamatsu Seiji est plus connu chez nous comme étant le cinéaste du Calendrier des femmes, film qui concourra pour la Palme d’or au Festival de Cannes en 1955. Il fit également tourner sous sa direction quelques Morishige Hisaya, Wakao Ayako, Mikuni Rentaro ou encore Tanaka Kinuyo à l’époque où le cinéaste pouvait tourner jusqu’à quatre films par an. Cinq ans après avoir tourné son dernier long métrage en date, Hisamatsu Seiji vient prêter main forte aux cinéastes de la saga des Treize nuits de la terreur en signant avec Le Bourreau l’un des meilleurs épisodes de la saga. Ou la folie d’Asauemon, un bourreau hanté par le fantôme d’une de ses victimes, une criminelle alors enceinte, apparaissant sur la lame de ce dernier lorsqu’elle est dégainée. Celui-ci tentera de s’en débarrasser, en vain, l’arme revenant systématiquement auprès de son porteur comme un fidèle animal de compagnie.
Et dès lors que des marchands ambulants et autres pharmaciens s’amusent à faire circuler une rumeur autour de laquelle Asauemon serait soupçonné d’arracher le foie de ses victimes pour les revendre, l’agacement du principal concerné tourne à la folie meurtrière. L’épisode prend alors une tournure inquiétante lorsque les visions d’Asauemon se multiplient, des visions d’une victime inatteignable, narguant son bourreau à coup d’apparitions aussi rassurantes que les flammes de l’enfer. Cette peur panique forcera le bourreau à dégainer son sabre maudit et à découper tout sur son passage, jusqu’à mettre en danger innocents et proches. Filmé avec une belle application (loin des délires visuels et poétiques d’un Ishii Teruo ou d’un Endo Saburo), Le Bourreau étonne par ses qualités d’interprétation au-dessus de la moyenne, entre cabotinage bien géré du personnage principal et registre plus comique des espions, seul le personnage féminin semble être beaucoup trop rattaché aux valeurs du bourreau ce qui peut la rendre lourde et détestable. Néanmoins, le scénario offre d’intéressants rebondissements au fur et à mesure que l’épisode progresse, dans un climat de destruction et de chaos imagé par le carnage de sépultures et le meurtre d’un vieux sage. Sans être d’une grande originalité (est-ce évident avec un cahier de charges pareil et une thématique autour des fantômes vengeurs ?), Le Bourreau reste un divertissement de bonne facture.