La chute
"Labor's love" est le film chinois le plus ancien encore existant aujourd'hui – quel ne fut donc le frisson qui a parcouru mon échine et celle des plusieurs centaines des spectateurs l'ayant découvert sur le grand écran (21 m) du Teatro d'Udine en 2011.
En piteux état, mais accompagné d'une partition musicale parfaite, l'émerveillement était évident…et la fascination encore plus exaltante pour ce qui s'est avérée être une comédie particulièrement noire. Puisant la plupart des gags dans la comédie américaine de la même époque (sans être trop slapstick), c'est le dénouement de l'histoire, qui surprend: le vendeur de fruits va trouver un piège particulièrement diabolique pour ramener des patients à son futur beau-père pour obtenir la main de sa promise…Pour coller aux "valeurs" plus traditionnelles de l'époque (valeurs toujours d'actualité aujourd'hui), les scénaristes ont accentué les traits de caractère de leur héros, "petit homme du peuple" un brin égoïste et macho et – surtout – fait des "victimes" des buveurs, joueurs et gens de mauvaise fréquentation…Il n'empêche, que la "chute" est moins drôle, que franchement féroce.
A noter que le réalisateur, Zhang Shichuan, est l'un des pionniers authentiques du cinéma chinois, metteur en scène et producteur de 156 films entre 1922 et 1937 et notamment réalisateur du premier long-métrage d'arts martiaux, "The burning of red lotus temple" en 1928 et du célèbre "Street Angel" de 1937.