visiteur | note |
Manolo | 3 |
le singe | 3.5 |
L'histoire
Une jeune fille impulsive est amenée à passer quelques temps en enfermement après une violente altercation avec une bande d'individus provocateurs. A sa sortie, elle apprendra la disparition accidentelle de sa mère en même temps qu'elle sera confiée à la garde de sa grand-mère qu'elle juge conservatrice et ennuyeuse, une dénommée Huang Fei-Hong qui guide notamment les scéances de tai-ji locales. Du rapprochement obligé de ces deux femmes que tout semble opposer si ce n'est leur perte commune, mélées à la vie semi-communautaire et pitoresque d'un groupe d'anciens du quartier, naitra progressivement une compréhension mutuelle.
Le film
Présenté ainsi, "Kung-fu master is my grandma!" constitue à l'évidence un bel exemple de l'incursion morale grandissante de la Chine sur des petites prods dramatique HK post 2000 (on est ici aux antipodes du "Made in Hong-Kong" de Fruit Chan). Pour autant, si ce mélodrame familliale de quartier présente indéniablement un ton mainland typique (un peu longuement appuyé dans le larmoyant sur certaines scènes et d'une tenue morale éducative obligatoire), il sait éviter de tomber dans la pure propagande vertueuse grâce à un traitement authentiquement et universellement humain. De même, son aspect réaliste est agréablement contrebalancé (ou complété) par la présence de petits éléments de déconne et de bonne humeur purement HK (ce qui est un minimum avec Wong Jing producteur exécutif).
Techniquement, s'agissant d'un film au budget probablement aussi limité que le public auquel son sujet le destine, il ne faut pas s'attendre à des prouesses (mais le sujet ne s'y prête pas non plus). En dehors de quelques effets bien pensés, on reste ici dans du propre limite anodin, laissant principalement la place aux comédiens pour "faire l'image par la scène". C'est donc essentiellement sur le casting que reposera la mise en phase du film et de son sujet, par le mélange judicieux de 3 générations d'acteurs dont les carrières mêmes représentent parfaitement les personnages interprétés. Dans le rôle titre de la grand-mère, on trouve ainsi une Helena Law forte de plus de 150 films en 40 et quelques années de métier (personnellement, je dois avouer que c'est un peu pour elle que je m'étais décider à aquerir ce film). Bénéficiant ici d'un vrai rôle, elle se montre tout à fait à la hauteur de la tâche et incarne cette grand-mère idéale à la chinoise un peu vieux jeu avec une émouvante retenue. Le seul bémol à émettre à son sujet viendrait de ses postures de tai-ji qui s'avèrent à mon goût peu convaincantes mais c'est presque un détail. En face de cette vétérante, le film présente une petite nouvelle en devenir : Isabel Chan. Celle-ci interprète l'évolution de son personnage de l'irresponsabilité à la maturité naissante avec une conviction touchante. Pour cadrer sa prestation, je dirais qu'elle se situe entre la sauvagerie difficilement retenue d'une Zhang Ziyi et la douceur adolescente d'une Gillian Cheung. Quoi qu'il en soit, c'est très clairement une authentique révélation, à confirmer dans les prochains temps si la loi du pop-casting lui en laisse la chance... Et entre ces deux femmes, on pourra noter la performance remarquable de l'immuable Lam Suet dans le rôle d'un officier controleur dont on a du mal à dire si il joue ou si c'est pour de vrai. Quant aux rôles secondaires que constituent la bande d'anciens du quartier et leurs petits problèmes, ils achèvent de "meubler" le film de son ambiance profondément humaine.
Verdict
Porté par un casting au poil et mixant intelligement le coté raisonnable des drames réalistes mainland avec la bonne humeur HK, ce "Kungfu master is my Grandma" est une petite prod agréable et surprennante. Un film que l'on pourrait qualifier "différent", simple sans être trop simpliste et dont la vision risque de laisser une émotion persistante. A tenter.