Silence parlant
Adapté du roman primé de Shizuka Iijuin, ce film de commande détonne singulièrement dans la filmographie (accessible) de Ryuichi par l'aspect technique parfaitement maîtrisé, mais également par sa facilité commerciale.
Le récit est un nouvel exemple des typiques productions familiales de la réussite et du dépassement de soi. Magnifiquement éclairée et cadrée par Kazuhiro SUZUKI et parfaitement interprété par une bande d'enfants immédiatement attachants - bien plus convaincants que leur contrepartie adulte (dont le protagoniste principal assez effacé) - seul blesse le bât d'un trop-plein de méticulosité et de format conditionné; et à regretter les productions moins onéreuses de Ryuichi, faisant preuve d'une plus grande audace visuelle et des protagonistes bien plus approfondis.
Sachant - heureusement - éviter la simple énumération de stéréotypes du genre (le bigleux, le gros, le simplet, etc), tous les interprètes sont pourtant trop lisses et un brin trop proprets sur eux. L'intrigue ne sait également ne pas éviter de tomber dans un facile pathos, notamment au cours de quelques scènes larmoyantes par trop appuyées, dont le passage à tabac de l'enseignant muet, sa participation au tournoi de kendo, els retrouvailles avec son grand-père et - cerise sur le gâteau - son départ. Ryuichi fait preuve d'un talent certain pour emballer correctement les scènes et de faire pleurer dans les chaumières, mais par rapport à des personnages infiniment plus intéressants développés dans d'autres films, les protagonistes du présent film répondent trop à leurs origines épistolaires.
Reste un très bon divertissement, magnifiquement mis en scène et parfaitement interprété, dont la morale facile et la fraîcheur de l'ensemble donnent un sentiment de bonheur et de bien-être...Et de regretter de n'avoir jamais connu pareil enseignant...