La technologie 3D au service de la nation
Khemkamnerd Kompin a de la suite dans les idées : après avoir acquis de l’expérience à Hollywood sur l’animation 3D en travaillant sur Tarzan, Atlantis ou encore l’Age de glace il retourne dans son pays d’origine, la Thaïlande, pour revisiter une page de son Histoire, celle du royaume d’Ayuttaya (1365-1768), et lui offrir par la même occasion ses lettres de noblesse dans le petit monde de l’animé dominé par les japonais et les américains. C’est peu de dire que les thaïs sont fiers de ce film qui a bien sûr fait un gros carton en salles ; non seulement il est d’une très bonne qualité technique (sans posséder la richesse graphique d’un Shrek, il comporte une animation tout à fait correcte, souvent spectaculaire dans les scènes de combat notamment), mais il met surtout en avant la culture et l’Histoire d’un pays finalement méconnu lorsqu’on dépasse les traditionnels clichés (boxe, plages, prostitution) qui lui collent à la peau. A travers le parcours de cet éléphanteau qui devient un animal de guerre au service du Roi, des thèmes et des images viennent développer certains traits caractéristiques du pays : les relations de respect mutuel entre les thaïs et certains animaux sacrés comme l’éléphant (cf. L' Honneur du dragon) ou le singe, la profonde fierté du peuple pour les rois qui se sont succédés et qui ont défendu le pays contre les invasions birmanes ou communistes (le roi d’Ayuttaya est dépeint ici comme un bel homme courageux à la moustache valeureuse), les valeurs bouddhistes ancrées dans les traditions, ou encore la rivalité historique avec la Birmanie, au même niveau que celle entre la France et l’Angleterre ou l’Allemagne.
Du côté du scénario, Khan Kluay ne s’aventure malheureusement presque jamais en dehors des sentiers balisés : recherche d’identité du petit éléphant qui a grandi sans son père en compagnie de quelques amis, apprentissage de la vie et de son sens, entraînement acharné et victoires sur le champ de bataille, romance bidon avec une éléphante rose,... C’est du déjà-vu et archi-revu. Par chance, le ton humoristique développé dans la première partie, les personnages attachants et les affrontements guerriers permettent au final de passer un très bon moment devant ce mini évènement cinématographique pour petits et grands, qui intéressera plus particulièrement celui qui s’intéresse de près à la Thaïlande.