Xavier Chanoine | 2.5 | Pas vraiment raté, il manque un vrai regard de cinéaste |
Ghost Dog | 1 | Looking at the watch |
François | 2.5 | Inégal mais sympathique |
Présenté au cours du 10ème Festival du Film Asiatique de Deauville, Keeping Watch est le premier film de la cinéaste Cheng Fen Fen, qui fit ses premières armes dans le domaine de la publicité. Plus ou moins directement influencée par les travaux d'un Wong Kar-Wai, la cinéaste ne se cache pas de son goût pour les films de ce dernier sans pour autant admettre sa source d'inspiration, toujours est-il que certains choix de cadreLes Anges Déchus rappellent par moment un certain Fallen Angels réalisé près de 15 ans plus tôt et qui garde encore aujourd'hui un panache et une envie de bousculer les codes dépassés d'un cinéma devenu peut être trop contemplatif. Le problème est que hormis la bonne volonté de la cinéaste de réaliser un mélodrame à l'esthétique facilement identifiable, notamment grâce aux séquences textuelles doté d'un filtre aquarelle entre mauvais goût et prise de risque formelle, le propos général ne dépasse pas le stade de mélo pour adolescents malgré un effort d'ensemble louable : l'actrice Haden Kuo (Ching), débutante, est particulièrement jolie et joue justement de sa beauté naturelle pour masquer un manque de présence à l'écran. Elle demeure attachante dès la première scène, et le gros plan en biais sur son visage évoque une certaine idée de cinéma codifié "auteur" ou "contemplatif" déjà vu certes ailleurs mais qui trouve ici une utilité précieuse pour dynamiser un script light, pas bien aidé par l'interprétation moyenne de Joseph Chang (Han). La cinéaste évoque aussi le temps par une symbolique très appuyée de l'objet qui nous renseigne du temps qui passe : montres, réveilles et horloges décorent les murs pâles de la demeure de Ching. Comment ne pas citer non plus les montres endommagées de Han qui les perd constamment dans l'eau, symboliques de ses tentatives échouées de faire le premier pas pour conquérir le coeur de Ching qui travaille justement dans un petit magasin de réparation de montres. Signe distinctif de Han, il paie en billets pliés en cubes, il sait que la jeune femme attend sur le quai l'arrivée du train pour pouvoir jouer de l'harmonica sans que l'on puisse l'entendre, propos un peu naïf qu'il est, rien de bien surprenant compte tenu du caractère un chouya puéril du film, comme cette séquence où Han manque de se noyer dans cinquante centimètres d'eau. La cinéaste tente alors le parti pris de l'audace pour donner de la matière à son oeuvre, comme ces quelques passages filmés à l'envers ou accompagnés d'un mixage sonore peu commode.
Si Keeping Watch n'est pas un mauvais film, il émane de lui un pouvoir trop inoffensif pour convaincre à tous les niveaux : les audaces ne sont jamais écrites et sont retranscrites directement à l'écran, balancées à la figure sans grosse justification. Pas décevant dans la mesure où l'on n'attendait rien de lui, Keeping Watch ne marquera pas les esprits, surtout si un distributeur trouve la motivation de le faire projeter dans nos salles obscures. Ca, c'est moins gagné...
Elle est toute mimi, Fen Fen, avec sa bluette adolescente tragi-comique dans laquelle un schizophrène tombe amoureux d’une réparatrice de montre. Mais Fen Fen, même si c’est son premier film, elle a quand même 38 ans, ce qui fait qu’on est forcément beaucoup moins indulgent avec elle face à la naïveté confondante de son scénario et de sa mise en scène. Tous les tics tape-à-l’œil des cinéastes débutants sont présents (caméra à l’envers, image brouillée, montage rapide pour rien), et tous les poncifs du genre aussi. Ajoutons à la liste noire de Fen Fen des acteurs d’une inexpression chronique qui n’aident vraiment pas à la réussite de Keeping Watch, et on obtient un film à oublier dare-dare.