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Kashima Paradise
les avis de Cinemasie
1 critiques: 3.75/5
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1 critiques: 3.75/5
Plus que jamais d'actualité, 30 ans après
Dans cette période trouble du lendemain de mai 1968, 2 documentaristes français sont partis filmer le combat des paysans japonais face à des hommes d’affaires projetant de transformer le visage rural de l’archipel en un complexe industriel performant et ambitieux. Prenant clairement parti pour les paysans, les réalisateurs nous offrent un magnifique portrait d’une société qui se cherche, dans de très belles images en Noir et Blanc. Leur grand mérite est de nous offrir, par une construction narrative autant philosophique que pédagogique, une démonstration sans concessions du pouvoir insidieux et manipulateur du capitalisme, qui n’hésite pas à puiser dans des traditions nippones séculaires (le mariage, la famille), mais aussi dans les rêves de grandeur de chaque individu (modernisme, réussite, richesse) pour contraindre les paysans bon gré mal gré à offrir leurs bras pour faire tourner des usines défigurant un paysage autrefois inviolé.
Tour à tour admiratifs, motivés, désabusés et révoltés, les paysans de ce documentaire posent en filigrane une question insoluble : qui connaît LA bonne vision du progrès et de l’avenir de l’humanité ? Qui sait où la technologie va nous mener ? Sur une autre planète, ou bien à notre perte à tous ?
Nippophobes de tous les pays, unissez-vous !
Impressions d'il y a trente ans : les Méchants, c'était alors l'Amérique (ça l'est redevenu), le Japon, c'était le pays martyr qui avait réussi à préserver son identité tout en sortant du sous-développement. Yann Le Masson et Bénie Deswarte, dans un film didactique qui rappelait assez Brecht (la tarte à la crème des Maisons de la Culture : le talent et la technique, plutôt que l'art, mais beaucoup de talent et beaucoup de technique, au service d'un marxisme dogmatique), mettaient à mal ces clichés, avec une vision très noire de la tradition japonaise aliénante et paralysante.
Courrier International publie chaque semaine une page démoralisante sur la perte des valeurs japonaises ; quand on a lu quelques dizaines de ces billets, on se demande s'il reste encore quelque chose du Japon, et comment il se fait que les Japonais continuent à produire tant d'oeuvres d'art, d'excellents films et de romans à valeur universelle. Si pesant qu'il soit,
Kashima Paradise, au moins, oblige à se poser des questions plus fondamentales.