Du grand nanar d'action fantasy quoiqu'il en soit.
Raaaah, ce pur nanar indonésien dans la droite lignée de
La revanche de Samson se révèle aussi décomplexé que routinier. Il y a pourtant un bon gros paquet de machins osés et débiles, un premier degré en béton armé, un rythme presque sans faille, des décors naturels exotiques grâce aux paysages très "fantasy" de l'Indonésie. Il y a aussi
Barry Prima le justicier, mégastar de l'action indonésienne (ce qui n'est clairement pas un gage de qualité), une musique "vintage" sous
Carpenter et une VF savoureuse pour tout DJ en quête d'échantillons et de répliques métaphysiques du lourd. Mais en même temps, Le justicier contre la reine des crocodiles (même le titre est unique) reprend tout ce que l'initié peut connaître du cinéma martial et de la fantasy dans un mixe Z glissant dangereusement vers un
Star Wars turc ou tout autre nanar qui n'est drôle que parce qu'il est extrêmement mauvais et sympa que par son look aventurier du pauvre exotique. En bref, c’est très nanar indonésien, forcément me direz-vous.
Ainsi "Le justicier..." est un pur mélange sauce indonésienne de fantasy typique Conan le barbare (ou L'épée sauvage, nanar heroic fantasy US d'un autre pro du genre, Albert Pyun), des clefs de l'action du Bras armé contre la guillotine volante avec en bonus un lot d'excentricités supplémentaires venues des kung fus taiwanais (...) et par bribes d'un sous sous sous… sous Ching Siu Tung.
Côté Bras armé... et kung fu taiwanais, on y trouve de la bonne décapitation et autres découpages en règle de mannequins en mousse avec gerbe de sauce tomate, des attaques souterraines et autres déplacements par disparitions successives pareilles aux ninjas, une galerie de méchants spécialistes en leur domaine (une sorcière très moche (en fait une jolie maquillée au lance-bouse) qui n'a pas peur de se faire couper en deux, un gars avec un bâton serpent, un autre avec une guillotine volante justement), des câbles brièvement, des coups de trampoline et du reverse en pagaille ainsi qu'un montage qui glisse plus ou moins vers le Star wars turc, en restant plus lisible évidemment… Impossible d'atteindre le star wars turc à ce niveau.
Côté Conan le barbare / Heroic Fantasy, toute la trame et les héros viennent de là. Les deux guerriers au torses bombés, barbares à vestes poilues et bandanas pas discrets armés d'épées bien balèzes histoire de contrebalancer leur niveau martial plus que risible, sont spécialistes des punchlines de 4 mots qui se résument en une phrase : viens par là mon coco, tu vas dérouiller. Pour ce qui est de l'histoire hautement mystique, pardon typique, un maître confie à son élève le soin de trouver une épée sacrée pour réduire à néant la reine des crocodiles ; le valeureux jeune guerrier part sur son destrier (à peine dressé d’ailleurs) accompagné d'une combattante amazone hargneuse qui veut elle délivrer son époux enlevé et hypnotisé ; et petite originalité shakespearienne, l'ancien second élève et camarade de Mandala (le héros) est passé à l'ennemi pour d'obscures raisons, ou simplement le côté obscure... Tout ce que l'on sait, c'est qu'il n'est pas insensible aux charmes vénéneux de la reine des crocos à qui il demande une petite gâterie avant de partir lui aussi en quête de l'épée… Du coup, ils se retrouvent un instant tous les deux sous l'eau en train de batifoler, une coutume locale pour la métaphore sexuelle sans doute, où ils ont vu ça dans un film US... Reste que contrairement à Conan, le gentil Barry reste 100% chaste. Le sexe étant un pêcher capital avant le mariage, seuls les deux méchants montrent un chouilla de luxure, mais alors vraiment un chouilla.
La sauce indonésienne quant à elle se caractérise donc par des décors naturels exotiques qui permettent une bonne variété (vrais lac, montagne, jungle, grotte, plaine luxuriante, etc), des hommes crocodiles propres au film et assez tordants tant ils ont l'air empêtrés dans leurs costumes, des dialogues eux aussi très "exotiques" qui n'ont rien à offrir si ce n'est le rire, la VF est d'ailleurs parfaitement représentative de ces doublages dont l'équipe ne comprend pas un traître mot de l'original mais parvient les doigts dans le nez à inventer sur le tas ce qui se raconte. En bonus, on a aussi droit à un cyclope en carton caché dans la grotte et gardien de l'épée, juste là le temps de gueuler une ou deux fois tel Godzilla en remuant son popotin... Ah oui, on a aussi le vieux maître empoisonné on ne sait comment ni par qui (le mec au bâton serpent sans doute, m'enfin on s'en fiche), sauvé par une mixture de champignons explosifs mais à qui Barry devra quand même couper les jambes avec son épée chauffée à blanc histoire d'ajouter une autre scène bien : c'est barbare là, ça rigole pas. Ah, notons aussi le radeau fumant conduit par la mort (un squelette vêtu à la mode grande faucheuse) lors d'une sympathique traversée où le duo héroïque est attaqué par les hommes croco (hopla, paye des sauts en reverse).
Voilà, voilà, ça fait déjà pas mal de friandises, surtout et en particulier la première scène qui est bien tripante et assez longue (la meilleure du film en ce qui me concerne), un massacre au village psyché avec des câbles, de l'amputation latex, le méchant qui arrive sur un rocher volant qu'il a kické juste avant à la Tao Pai Pai, parti du haut de la montagne dont il jaillit d'une explosion genre méchant C-rex, la guerrière et son ombrelle ouragan genre Brigitte Lin du pauvre. Et puis le final contre la reine des crocos dont je laisse la surprise est aussi huilé.
Autant de choses et d'autres qui s'amoncellent généreusement en pure insouciance, avec pour seul objectif de remplir un max le métrage d'action Z et de fantasy Y. Malgré l’oppulente et sympathique adaptation libre aux références taiwanaises, Ching Siu Tungesques et Schwarzenegerriennes mélangées au shaker, le résultat final reste assez routinier du nanar et s'approche plus d'un Star wars turc, en plus à l'aise niveau budget, photo et surtout montage, que d'un décidément intouchable Final duel... ça y est je l'ai dit. Sans doute parce que très personnellement, le justicier contre la reine des crocodiles, comme tout une montagne d’autres nanars d'action, a beau être le plus rythmé du monde, gore cheap, brièvement câblé, coloré, excentrique et crétin, son action est tout de même bien trop foireuse, et les athlètes bien trop bibendum, tant et si bien que tout ce foutoir reste mou envers et contre tout. Les nombreux trips cheaps c'est sympa mais les kicks mous du genou de Barry Prima, les chorégraphies éléphantesques et les sauts sur trampoline en contre plongée bien nazes qui existaient déjà dans les années 60 à la Shaw, ça va un peu m'enfin bon.... Dommage, il y a un peu d’overcranking pour dynamiser certains combats mais ils sont tellement mauvais, ça change rien, c’est même encore pire. <-- "real fight addict en roue libre"
Mais bon ok, c'est du gros nanar d'action fantasy, pas de doute là dessus. Une séance en bande avec le pack de binouzes au côté est indispensable. A peine besoin de la télécommande en plus, ça lui donne un certain charme.
Lame sans fond
Une partie de mon éducation cinématographique du plus jeune âge s'est fait avec "Conan" et la ribambelle d'avatars plus ou moins réussis à sortir dans la foulée, que je regardais en cachette et / ou avec mes grands-parents, quand ils étaient diffusés en boucle à la télé allemande. Quand je revois "KRull" et compagnie aujourd'hui, je ne puis m'empêcher de voir le côté fauché de ces productions, en même temps je garderai toujours dans mon esprit et mon cœur les heures d'émerveillement, que j'ai pu éprouver à l'époque. Peu importe, si les squelettes en caoutchouc étaient activés avec des grosses ficelles et que les méchants portaient des fausses barbes; je marchais à fond à voir des licornes galoper entre des arbres en carton-pâte et le héros batailler avec des serpents / crocos en caoutchouc ou des bêtes imaginaires mal rembourrés en paille.
Comment seulement bouder des films comme ce "Golok Setan", qui débordent de générosité, en mettent plein la vue avec deux francs, six sous, dont l'action ne s'arrête jamais et réussit en grande partie à recréer une bonne partie du kitsch assumé des komiks à sortir en Indonésie à la grande époque (et que l'on peine aujourd'hui à trouver dans des petites échoppes du centre-ville de Jakarta ou dans certaines villes de Province).
Il n'y a pas un temps mort dans ces aventures de Mandala, qui traverse maints paysages enchantés et se bat mollement contre tout un tas de bestiaires de plus en plus abscons avec un sens du premier degré totalement assumé, quasi vingt ans avant des blockbusters géants de plusieurs millions de dollars comme "La momie" ou "Le Roi Scorpion", qui sont loin, très, très loin à distiller une même inventivité et surtout énergie. Cheap, peut-être…mais PUTAIN, quelle énergie et générosité dans un trip sans aucune prétention !!!
Tout est dans le titre!
Devil's Sword, de son vrai nom, un representant typique d'un cinéma indonésien bien obscur, une bouffée d'étrange avec son esthetique&ambiance de jungle luxuriante et tout un folklore tribal fascinant! Fondamentalement mal fichu et mou du genou, reste un film d'action bourrin et décomplexé fort agréable! On retiendra quelques scènes out of this world (Guillaume) telles la sorcière coupée en deux, le big kick dans un rocher volant, le sosie de Didier Bourdon, de l'érotisme bien prude, une bande-son cheap&psyché...et les apparitions cultes de ces messieurs les croco! Et l'on rève soudain de découvrir plus en profondeur ces obscures oeuvrettes et de se perdre au fond d'une jungle en compagnie de dame serpent!