3-4x = 2.5
Takeshi Kitano prouve qu'il est un réalisateur plutôt polyvalent. Comme d'habitude, son film est fait de mystères dans un quotidien très banal, en effet on suit les mésaventures d'un jeune looser de station service pris de menace après avoir frappé un Yakuza. Pour faire plus simple, c'est bien le truc qu'il ne faut pas faire là-bas. Le film est traité sur un ton le plus neutre et naturel possible. Aucune musique, un paysage banal, des Yakuzas plus gueulards qu'autre chose, et une relation amoureuse timide entre le héro et une jeune femme.
Mais le tout se corse dès l'arrivée de Uehara, interprêté par un Kitano peteur de plombs. Il tabasse sa femme sans gêne après lui avoir ordoné de faire l'amour à un de ses subordonés, lui tire un coup puis la laisse seul dans un champs comme si l'on jetait une vieille chaussette. Il n'hesite pas à piccoler, à tenter de violer un de ses sbires, bref, quand Kitano arrive, gerbes de sangs et cassages de bouteilles sur la tronche s'enchaînent à vitesse de la lumière.
Mais le plus déroutant est au final...le film en lui même. Manquant cruellement d'ambiance, d'intérêt et d'émotion (ce n'est pas un looser nébuleux, une poignée de Yakuzas excités et un Kitano qui en fait des tonnes qui vont me faire lacher une larme), Jugatsu aurait pu être uniquement une jolie fable sur la vie d'un paumé fan de Baseball.
Non au lieu de ça, le scénario prend une toute autre forme, le film bascule dans une violence douteuse (les excès de Kitano) en l'espace de quelques minutes, faisant perdre à Jugatsu ses quelques espoirs de tireur de larme. On se retrouve au final avec un film de gangs dénué de tendresse et d'émotion qui faisait son charme en première partie. On est encore loin du savant mélange des genres de Sonatine, Hana-bi ou encore Kids return.
Ceci dit, il reste quelques séquences magnifiques, comme celles où Kitano et ses compagnons entament une partie de baseball improvisée sur la plage ou le court moment passé dans le champs de fleurs japonaises. On restera quoiqu'il en soit un peu sur notre faim même si l'on sait au fond de nous que le meilleur reste à venir.
Esthétique : 2.75/5 - Assez bancale, manque de folie évidente.
Musique : -/5
Interprétation : 3.5/5 - Digne d'autres productions Kitaniennes. Un ensemble attachant.
Scénario : 3/5 - Deux histoires parrallèles, bien construites.
Errance à Okinawa.
Acte un : Une partie de Base Ball, acte deux : Accrochage avec les Yakusa, acte trois : Voyage à Okinawa, acte quatre : Rencontre avec un Yakusa particulier (Takeshi Kitano), acte cinq: Errance à Okinawa et enfin acte six: Règlement de compte. Une façon très simple de résumer une œuvre pessimiste mis en scène par Takeshi Kitano avec une extrême simplicité. Un cinéma au style unique.
Le second film de Kitano et le premier dont il est l’auteur en totalité, Jugatsu est un film dérangeant, déroutant et glacial, bref indispensable.
Premier constat après la vision de ce film : c’est bien du Kitano. Le montage elliptique si particulier à son auteur est déjà bien rodé (exemple : on voit un jeune homme tout fier de rouler en moto sans casque, et le plan suivant on le voit par terre, le visage en sang…), les scènes récurrentes sont déjà présentes (les jeux sur la plage), la violence sourde et si choquante parce que si banale nous explose déjà à la figure.
Deuxième constat : Kitano n’avait pas encore rencontré son compositeur préféré, Joe Hisaishi… En effet, durant 90 minutes, Kitano ne nous gratifie ni d’une mélodie, ni même d’une note ! Les génériques de début et de fin sont muets, comme d’ailleurs beaucoup de scènes du film où le silence règne. C’est suffisamment rare pour être signalé, et cette non-communication par le son contribue grandement à la signification et à l’interprétation que l’on peut tirer de ce film.
>Troisième constat : Jugatsu est peut-être le film le plus intéressant de Kitano, parce que le message qu’il y fait passer est assez explicite et provoque des réactions chez le spectateur. En effet, Kitano donne à voir l’état d’esprit caractéristique du peuple japonais, qui peut se résumer par le clivage soumission / domination ici porté à l’extrême. Les soumis sont les jeunes, les femmes et une grande partie des hommes, qui courbent l’échine sous les coups d’une poignée de caïds qui se croient tout permis et qui abusent de la soumission des autres.
Le personnage incarné par Kitano, lui, est un électron libre. Il profite de sa situation de dominant pour taper sur les faibles (sa femme se prend des baffes à répétition sans broncher simplement parce qu’il l’a obligé à coucher avec un des membres de son clan et qu’elle s’est exécutée, il viole, il coupe des doigts à tout va…), et n’hésite pas à se rebeller contre son statut de dominé, en crachant sur ceux qui le dirigent, voire même en les descendant. Scandale ! En tentant de changer sa condition, en tentant de dominer à son tour, il est condamné au châtiment suprême : la mort.
Le jeune héros spectateur de cette histoire, qui pensait lui aussi qu’un jour il pourrait dominer, être un leader (grâce au base-ball ou aux yakusa), et qui finalement se fait embaucher comme caissier dans une supérette sous les ordres d’un patron, se rend à l’évidence : le suicide est la seule solution pour échapper à sa condition d’homme soumis…
Le dernier plan renvoie au premier plan du film : on voit le jeune japonais sortir des toilettes et courir rejoindre son équipe de base-ball, innocent et naïf. Il n’est pas encore conscient de sa condition. Nous, si. C’est pour ça que le film est si glacial et si pessimiste.
J'ai une affection toute particulière pour ce titre :)
Jugatsu est un film qui m'a beaucoup plu, j'ai adoré les deux héros un peu nigaud, certains gags assez énormes ( le coup de boule du motard, le pêcheur, la séquence du karaoke devenu culte pour moi) et l'ambiance générale qu'il s'en dégage. Peut être pourra t-on reprocher le début assez lent, avec cette partie de base ball un peu longuette, mais dés que le film commence à prendre son rythme, il ne nous lâche plus.
Intéressant
Un film froid et lent qui mérite qu'on y réflechisse à deux fois. L'absence de musique : bien ou pas bien ? Je ne sais pas. En revanche, l'interprétation de Kitano, toujours aussi impassible, est excellente.
Un peu chiant mais sympa quand même.
Pas de musique... Ca commence mal. C'est un film assez lent et sans la musique on s'endort un peu. Sinon l'hisoire est pas trop mal, les acteurs pas exceptionnels mais corrects. Dans le même genre je préfère nettement Aniki Mon Frère, il est bien plus joli (oui je suis pas trop fan des vieux films...) et plus marrant.
14 septembre 2002
par
Piaku
Haaaaaaaa, Kitano!!!
En plus d'un bon scénario et d'une réalisation si particulière (=exceptionnelle); Beat Takeshi nous gratifie d'un perosnnage de Yakuza original et hilarent!!
Les messages que cherche à faire passer le réalisateur donne une certaine saveur au film (ex= ce que les jeunes font de leur vie...cela sera le thème de Kids return).
Gros bémol du film....l'absence de musique (t'étais où Joe???)
Le style Kitano
On découvre dans ce film le vrai style Kitano, qu'on pouvait juste deviner dans Violent Cop. Lorsqu'il apparait sur l'écran, Beat Takeshi transcende le film. Bonne réalisation dans l'ensemble. Néanmoins, je suis d'accord pour dire qu'il y a quelques scènes malsaines, en particulier, quand Kitano viole les femmes... Mais en général, un bon Kitano.
Jugatsu, le film préféré du réalisateur
Jugatsu est en effet le film préféré de Kitano (parmi ceux qu'il a tourné lui-même s'entend), et c'est tout à fait compréhensible : même si le jeu des acteurs n'est pas toujours excellent, qu'il n'y a pas de musique (à part peut-être la scène culte du karaoke) - Hisaishi n'étant pas encore là pour renforcer l'émotion que procure le film - et que ce qu'il raconte est assez complexe (2 parties un peu indépendantes), on peut dire qu'en fait ce film expose très bien le style de Kitano : les ellipses, les gags grotesques, les yakuzas, les enchainements calme/violence imprévisibles, et les formidables prestations de Kitano l'acteur, bref, tous les ingrédients qui font de son cinéma quelque chose d'unique sont déjà présent.
(ne lisez pas la suite si vous ne l'avez pas vu !)
Une chose que peu de personnes semblent comprendre : le film parle en fait un rêve, que fait Masaki, dans les toilettes du stade de base-ball, et qui se termine à sa "mort" dans le camion, pour ensuite se réveiller dans ces mêmes toilettes. Même s'il n'est pas évident pour tout le monde qu'il s'agissait d'un rêve, on peut toutefois se demander si Kitano n'aurait pas transformé son film en rêve par la suite, vu le nombre de loufoqueries qu'il y a placé
Pour ceux qui ne comprendraient pas le titre, qui est normalement "3x4 - Jugatsu", je précise qu'il signifie "3 x 4 = octobre", pas très évocateur mais bon... Le "Boiling Point", l'autre titre, on peut dire que c'est celui qu'atteignent les scènes de violence qu'on attend pas (je crois d'ailleurs qu'une fois qu'on a vu le film, et qu'on sait ce qui va suivre il est d'autant plus difficile de supporter la scène où il coupe un doigt à son partenaire...)
Pour terminer, j'aimerais préciser que bien qu'étant plus fan d'Hisaishi que de Kitano (Kitano m'a pourtant fait découvrir Hisaishi), ce film est celui de Kitano que je préfère, même si les suivants sont meilleurs d'un point de vue cinématographique. Pour moi, c'est un film un peu culte et un peu coup de coeur, mais en aucun cas un chef-d'oeuvre tel qu'Hana-Bi.
PS: A noter que Kitano compte faire une suite à Jugatsu (il a rien promis, mais on peut toujours espérer !)
Le brouillon des futurs chef d'oeuvre...
Takeshi commence à trouver ses figures de styles petit à petit et met en place son univers si singulier. Personnelement je trouve le film un peu trop lent et manquant d'émotions. A ce titre la musique de Joe Hisaichi manque cruellement. Un film intéressant car il préfigure les futurs chef d'oeuvres de beat Takeshi, à voir pour cette raison.
Kitano dans un role à l'instint primal.
Ce film ô combien étonnant est certainement, l'un des meilleurs films de Kitano avec Kids Return.
snif...
film fabuleux,un peu malsain parfois.
Avec son deuxieme film, Takeshi Kitano trouve sa voie, le film est violent, pas autant que Violent Cop, mais la violence y est très crue...l'humour est aussi présent, les délires visuels...etc...Masahiko Ono a autant le visage figé que Kitano, comme s'ils portaient les masques traditionnels du théatre japonais...
Bref, les éléments qu'il utilisera après dans ses films sur les yakuzas sont tous présent ici, dans son deuxieme film !
Yakuzas plus tarés que nature...
Pour qui s'attend à un film kitanien de yakuza déjà classique, contemplatif et poétique, Jugatsu sera une déception: ce n'est pas Sonatine, ce n'est pas Hanabi... ici, point de personnage désespéré, grandiose dans la déchéance, juste des gens du commun, et même le plus souvent beaucoup plus idiots que le commun et des yakuzas, qui semblent faire un concours du gangster le plus bas du front. Ici la violence n'est pas spasmodique, intrusive, elle est gratuite et reflet de la vacuité des cerveaux de ceux qui l'emploient.
Mais c'est aussi le plus drôle des films de Kitano, parceque justement un des plus puérils: on est plus près de Getting Any que de Sonatine. Les séqunces les plus glauques sont aussi les plus pathétiques et par conséquent les plus poilants (le karaoké, un grand moment de rigolade). C'est pourquoi ce film est un peu déconcertant: il prend des thèmes "sérieux" de Kitano (les yakuzas, l'amitié, l'amour, l'honneur) mais anticipativement les démonte et les ridiculise. C'est un peu comme si Clint Eastwood avait réalisé Impitoyable avant de jouer dans les Leone, déconstruit les myhtes de son oeuvre avant de les avoir sérieusement édifiés...
Et que dire du style de Kitano si ce n'est qu'ici plus qu'ailleurs on a l'impression d'avoir à faire avec une sorte de degré zéro de la réalisation, tant la transparence des plans et de leur enchaînement fait presque disparaitre le "réaliser" du film. Ce qui sera porté au sublime par Sonatine est déjà présent ici: une ascèse de l'image, une pauvreté tellement pauvre qu'elle en devient richesse.
pas mon préféré mais c'est un bon KITANO
pas aussi marquant que la plupart des autres KITANO, JUGATSU porte quand meme la marque de fabrique et les amateurs seront satisfaits. personnellement j'ai trouvé le personnage et l'histoire moins interessante qu a l'accoutumée.
En ébullition
Véritables débuts remarquables, après la réalisation d'un "Violent Cop" au pied levé.
Etonnant coment Kitano définit déjà les limites esquissées de son propre univers avec les scènes de violence souvent élucidées (on voit le début, puis les conséquences de l'action violente), les personnages pas très bavards, la scène de plage et un rôle taillé sur mésure pour l'acteur / réalisateur, qu'il ré-itéra de nombreuses fois.
Le plaisir y est coupable, par le nombre de petites touches sadiques, le rapport dominant - dominé et une fin particulièrement noire.
La superbe fin ne serait pas une séquence de rêve, qu'un éternel recommencement et le triste constat, que le spectateur sait déjà à quoi s'attendre -alors que le jeune protagoniste naïf et simplet ne le sait pas - lui.
Une rare maîtrise et un début embryonnaire, qui n'aura jamais laissé présager la fulgurante carrière amorcée par la suite de Kitano.