ma note
-/5

Jours d'hiver

nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 1nombre de notes: 1nombre de notes: 0nombre de notes: 1nombre de notes: 0

les avis de Cinemasie

2 critiques: 2.88/5

vos avis

1 critiques: 4.25/5



Arno Ching-wan 3 Aussi fascinant qu'éreintant
Ordell Robbie 2.75 Projet aussi beau qu'un peu vain.
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Aussi fascinant qu'éreintant

Jours d'hiver est un renku du XVIIième siècle signé des poètes Bashô, Kakei et Yasui. Un renku est une suite de 36 petits poèmes (haïkus) enchaînés, la règle voulant que chaque chaînon réponde à celui qui précède. L'intention de retranscrire en film d’animation hybride ces haïkus en presque autant de réalisateurs est à ce point formidable qu’on en arrive à pardonner le défaut majeur de cette œuvre : son inaccessibilité. Tentons de résumer cette tare à l’aide d’un petit haïku de notre composition :

« Dans un beau magasin, parfum sur une main évoque de belles images.
36 parfums plus tard, autant de chandelles étourdissent l’esprit. »

Donc voici. Oui mais voilà : un tel exercice est historique. Regrouper sur 40 minutes 35 des plus grands animateurs actuellement en activité relève d’un exploit de taille. Le projet fut initié par le japonais Kihachiro Kawamoto – qui a ici pondu deux segments - et le russe Youri Norstein, et entretenu par un collectif d’artistes aussi investis dans leur mission qu’inspirés dans leurs travaux. L’omnibus est composé de 36 segments d'une durée de 40 à 60 secondes chacun. Cela va clairement trop vite : à peine a t’on lu le haïku sur le point d’être illustré qu’on entre déjà de plein pied dans un très court métrage sur le point de s’achever par le poème du suivant dans lequel on entre de plein pied et… c’est épuisant. La rêverie du poète ne s’instaure qu’épisodiquement, trop furtivement, et l’hétérogénéité globale perturbe les sens, dilue l’effet escompté et gave le spectateur comme on gaverait une oie à l’approche de Noël. En faisant se jouxter autant de techniques disparates (2D, 3D, marionnettes, peinture animée etc), le film en devient désagréable à l’œil, même malgré l'apport non négligeable du thème musical léger et fluide de Shinichiro Ikebe. Le spectateur ne pouvant s'immerger, l’enchaînement d’animations se transforme alors en concours ludique avec pour gagnant « celui qui pisserait le plus loin ». A nous d’en être juge et de dire solennellement que celui-ci est mieux que celui-là. A ce jeu, l’Europe gagne grâce à Raoul Servais (photo), il transcende son haïku en recréant par-dessus un poème visuel immédiat et novateur tout en respectant son cahier des charges. Stupéfiant. Parmi l’extrême richesse de la démonstration de force, on notera aussi ces croisements culturels que sont une Venus de Botticelli animée par le japonais Yamamura Koji, et une très belle appropriation partielle des ombres chinoises par le canadien Co Hoedeman. De leur côté, Kawamoto souligne l'aspect « poètes party » de l'entreprise en montrant des artistes rire entre eux d’un rien, et Isao Takahata, à qui Kawamoto dit avoir confié le plus difficile, conscient du caractère très austère de l’entreprise, décide pour l’occasion de titiller le blasphématoire en terminant une bien jolie pluie par un dieu concentré à terminer son affaire dans les toilettes. Une feuille d’arbre flotte au fond du trône en guise de ponctuation finale. Gonflé. Profitons-en d’ailleurs pour nous étonner de ce que l’hiver japonais ressemble à l’automne : Kawamoto a interdit la neige à ses élèves du jour et ceux-ci se sont souvent retrouvés à représenter des feuilles rouges volantes issues de branches dénudées.

La programmation de ce film au cinéma est complété d’un bonus de 25 minutes, composé de brèves interviews d’une partie des réalisateurs. La totalité du film en devient un documentaire passionnant, 36 bandes-annonces de ce que savent faire de grands animateurs et une déclaration d’amour sincère de joyeux rêveurs envers un média à la force poétique évidente. Sous cet angle, c'est du béton. Tout au plus regrettera t’on quelques absents : la France avec un Michel Ocelot, l'Angleterre avec Nick Park, et il aurait aussi été intéressant de voir à l'oeuvre quelques américains: un Don Bluth, Brad Bird ou autre John Lasseter manque à l'appel. Peut être pour une prochaine leçon d'animation.



12 novembre 2007
par Arno Ching-wan


info
actions
plus
  • liens
  • série/remake
  • box office
  • récompenses
  • répliques
  • photos
  • bande annonce
  • extrait audio