Elise | 3.25 | Romance un peu classique pour un si grand duo |
Ordell Robbie | 2 | Sympathique mais vite oublié |
C'est le genre d'association d'acteurs dont on ne peut que rêver. Deux interprètes fabuleux se confrontent ainsi dans cette romance qui, malheureusement, n'apporte pas une originalité débordante. Le film raconte l'histoire d'un employé de banque qui croise régulièrement une jeune enseignante d'un institut voisin, qui finalement éprouve certains sentiments pour lui ; mais il n'y fait pas attention, tellement il est accaparé par sa relation avec son amie d'enfance. La trame principale se déroule ainsi de manière très classique entre comédie et drame mais ne montre pas de signe de nouveauté, tout en étant relativement téléphoné. On peut simplement noter l'utilisation des caméra de surveillance, servant d'échappatoire aux personnages qui n'osent pas dire leurs sentiments en face de la personne qu'ils aiment, et les tours de magie réalisé par Seol Gyeong-Gu devant la caméra, apparemment sans trucage sur l'image.
Par ailleurs, le film est quand même sauvé par le talent des deux comédiens. Seol Gyeong-Gu joue l'employé de bureau solitaire et frustré, avec encore une fois l'impression qu'il joue son propre rôle tellement il semble naturel. Jeon Do-Yeon, quant à elle, reste très sobre, et aussi naturel que son collègue, en jouant son rôle avec crédibilité et réalisme ; elle n'a donc pas volé son prix aux Baeksang Awards en 2001. Finalement, même si le film manque énormément d'originalité dans son développement, le charme du couple principale rend le film tout à fait regardable et même plutôt mignon. Et si la tendance actuelle est plutôt d'attendre le couple Jeong Wu-Seong/Jeon Ji-Yeon (première réunion sur grand écran par Andrew Lau), revoir les grands acteurs de la génération précédente est un toujours pur plaisir.
Le pitch de I Wish i Had a Wife ne diffère nullement de celui de n'importe quelle comédie romantique: le couple improbable comme ressort comique est un élément vieux comme le cinéma hollywoodien classique. C'est dans le traitement apporté que vont se nicher les éléments faisant que, s'il n'est pas un classique de la comédie, le film se laisse regarder volontiers. Et tout d'abord dans son casting. Car si à l'évidence Sul Kyung Goo ne peut exprimer toute l'étendue de son talent que dans des roles dramatiques sa prestation ici est néanmoins de très bon niveau: avec un geste hésitant, un petit regard, une moue légère sur son visage, il arrive à communiquer subtilement au spectateur la timidité, les hésitations et le coté dilettante de son personnage. A son coté un peu coincé s'oppose l'allure massive, sure d'elle d'une Jee Hi Kyung à la séduction plus spontanée. Ce charmant trio se retrouve au centre de gags suscitant un rire léger à l'image de la tonalité du film: les enregistrements de Bang Soo sur la caméra de surveillance en forme de version soft des petites annonces de Paris Première, la scène du début où la lumière du métro s'éteint qui se trouve répétée avec la scène où Bang Soo et l'enseignante se retrouvent dans un ascenseur bloqué, les charmants quiproquos liés au téléphone portable (Bang Soo géné d'écouter un message enflammé de son ancienne camarade de promotion alors que passe l'enseignante).
C'est dans un ton légèrement moqueur à l'égard d'un couple improbable que l'on retrouve un peu du passé de Park Heung Shik assistant-réalisateur sur Christmas in August. Ce dernier essaie en effet de capter la légèreté du quotidien de personnages qui, s'ils sont obsédés par leur solitude, se refusent néanmoins à dramatiser. Et cet aspect se retrouve au détour de quelques plans dilatés juste assez pour créer une impression de légèreté. Les nombreux plans au travers de vitres ou utilisant les reflets font aussi écho à Christmas in August (et on trouve aussi une sympathique relecture de la scène du parapluie de ce dernier film ainsi que le plan de dessus des parapluies au début du film). Dans ces moments-là, si Park Heung Shik ne filme pas de façon personnelle -et il est après tout légitime de retrouver un peu de son passé professionnel dans une première oeuvre-, il demeure malgré tout plutot convaincant. Il l'est un peu moins lorsqu'il utilise de façon assez cliché la focale pour représenter le regard "troublé" de Bang Soo, d'une utilisation gratuite d'une caméra portée aux mouvements très légers ou lors des scènes filmées au travers de la caméra de surveillance qui créent un changement assez gratuit de grain de pellicule. On sera assez indulgent vu que la tentation maniériste est souvent le défaut des premiers films. La musique du film contribue également à sa légèreté: le score alterne pianos légers et aériens, jazz un peu plus enlevé et quelques cordes classiques. Seuls quelques courts passages valse musette font tache d'huile. On relèvera aussi un coté un peu moins enlevé du film sur la fin. Heureusement, le final achève de nous renvoyer le caractère improbable et un peu fou du bonheur amoureux.
Et entre temps on aura savouré le plaisir d'un film sans prétention qui n'en est pas moins assez bien exécuté. Mais s'oublie assez vite et c'est sa grande limite.