Family (un)-Ties
De la part de l'un des plus prolifiques réalisateurs (commerciaux) philippins actuels, José Javie Reyes, arrive une comédie formatée au pur divertissement familial; mais – ô surprise – derrière la farce parfois grossière et une dramaturgie appuyée pointe un sérieux questionnement des valeurs familiales actuelles.
La famille est encore considérée aujourd'hui quelque chose d'immensément valeureux aux Philippines. Parfaitement structurée, elle n'est pourtant pas sans subir les affres du temps: femmes plus indépendantes, mariages plus volages et autres pressions sociales mettent parfois à mal certaines unions. José Javier Reyes pose le problème en s'attaquant directement à ce qui pourrait encore passer pour une sacro-sainte institution et le symbole d'une génération passée d'unions soudées: le mariage de nos grands-parents. Souvent mariés très jeunes, les couples n'avaient pas pour habitude de divorcer, même si tous les mariages étaient loin d'être heureux. Le départ de Mameng constitue donc une sorte d'idée révolutionnaire; sa demande en divorce parachève de transmettre un certain sentiment de malaise jusqu'au spectateur.
Son départ préicipte également la remise en question des autres couples: celui d'une de sa fille, qui ose finalement s'avouer le libertinage de son mari volage; et de celui d'une autre fille, qui se rétracte d'une proposition en mariage.
D'autres points seront abordés au passage – d'un ton plus comique – comme le fait de se "refaire une santé" en prenant une femme beaucoup plus jeune ou le fait de cacher ses premiers amours aux yeux de ses parents.
Le film exploite tous les aspects comiques de la situation de départ (la grand-mère se refaisant une beauté, faisant des courses et s'offrant même des vacances à l'étranger; le grand-père organisant des soirées de beuveries dans des clubs de nuit) avant d'aborder des thèmes plus graves. Production philippine oblige, Reyes n'y va pas de main morte sur certains clichés, frôlant plus d'une fois les situations typiques d'un soap-opera (pourtant plusieurs fois raillés au passage), mais la production reste bien plus mature et profonde, que la quantité de production de même genre à inonder les écrans locaux chaque année.
Mention spéciale à l'excellente prestation des deux "doyens" du film, les vétérans Eddie Garcia et Gloria Romera; dans des rôles secondaires, on retrouve les éternels Cherry Pie Picache et Joey Marquez, apparemment indissociables de toutes les productions populaires contemporaines.