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3.39/5
Interstella 5555
les avis de Cinemasie
4 critiques: 3.56/5
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10 critiques: 3.55/5
Place à la rêverie
Interstella 5555
= Objet Filmique Non Identifié
= Bizarrerie animée pour amateurs de projets originaux
= Jolie illustration sur la liberté artistique + univers onirique qui entraîne très loin dans le cosmos
= ½ (Clip musical interminable + film muet avec orchestre façon dernier cri)
= Daft Punk + Leiji Matsumoto
= (Pierre angulaire de l’électro française des années 90-2000) + (Pierre angulaire de l’animation japonaise des années 70-80)
= (Paroles répétitives x rythmes entraînants / son déjà légèrement has been) + (personnages schtroumpfesques x vaisseaux intergalactiques en forme de guitare x scénario basique mais efficace)
= (1h07) x plaisir des (yeux + oreilles)
= (3,75 / 5) x (réalisation rythmée qui colle impeccablement au tempo)
= (3,75 / 5) x (mélange parfait de la carpe et du lapin)
CQFD
Une bonne surprise
Le style Matsumoto étant rattaché principalement à mes lointains souvenirs télévisuels et n'étant pas du tout fan des Daft Punk et de leur style de musique hormis deux-trois morceaux sur l'ensemble de leur carrière, je pensais franchement faire partie des derniers à voir ce film. Et pourtant, il aura suffit d'une petite note s'élevant à 3 dans le Première du mois de juin pour me faire changer d'avis. Après tout, peut-être y avait-il quelque chose à sauver finalement...
Je dois avouer que j'ai passé un bon moment. Après les deux premières chansons qui sont les plus connues et donc aident bien à rentrer dans le bain, c'est le scénario très bien construit qui prend la suite. Bien sûr, il est assez étrange de ne pas entendre un mot prononcé par les personnages en dehors des paroles des chansons. Encore plus étrange, le format 4/3 sur un grand écran de cinéma. Mais finalement, l'un comme l'autre, on s'y fait rapidement. Reste à aimer les dessins de Matsumoto surtout quand les personnages virent au bleu. Personnellement, ce chara-design ne m'a jamais posé grand problème et finalement il m'est assez familier puisque je regardais Albator étant plus jeune. Ça ne sera pas forcément le cas pour tout le monde...Tout comme pour la musique de Daft Punk d'ailleurs.
S'il y avait un mot pour définir ce film, ce serait sans doute complémentarité. En effet, il m'est difficile maintenant d'imaginer Interstella5555 sans sa musique et cette musique sans le scénario qui la met en images. Tout d'abord parce que la plupart des morceaux sont pour moi parfaitement inaudibles sans le support de l'image surtout quand les mêmes 5 secondes se répètent 30 fois de suite (!) et qu'il est d'ores et déjà acquis que je n'achèterai jamais l'album. Par contre, il est certain que ce même film refait avec des dialogues et une bande son "standard" y perdrait beaucoup en force et en originalité malgré un scénario que je qualifierai de rudement bien pensé et un dessin de très très bonne qualité. Certains morceaux semblent vraiment avoir été faits pour tel ou tel passage et y colle curieusement à la perfection. A part quelques petits problèmes d'enchaînement des morceaux par moment, l'ensemble marche bien. De l'autre coté, le scénario basé sur l'histoire d'un groupe de rock extra-terrestre qui se fait enlever par un mystérieux personnage rondouillard, tourne essentiellement autour du monde de la musique et des maisons de disques ainsi que des magouilles qui s'y trament. Il y a d'ailleurs quelques surprises scénaristiques que je ne dévoilerais pas mais qui font bien sourire (la séance de "transformation" des musiciens est excellente, pour n'en citer qu'une). De même, de nombreux clins d'œil en rapport avec ce partenariat franco-japonais sont présents et montrent bien, à mon sens, la bonne entente qui devait régner au sein de l'équipe pendant la réalisation du film.
Je retire mon "fontaine, je ne boirais pas de ton eau" et j'espère que d'autres qui, comme moi, ne sont pas fans des Daft Punk mais sont un tant soit peu curieux tenteront l'expérience. Je ne dirais pas que j'ai trouvé ça génialissime et que j'irai le revoir au cinéma dans la foulée mais un très bon scénario assorti d'une musique qui s'épanouie plus en images que sur un CD, ça provoque une certaine forme de plaisir intellectuel et sensoriel qui n'est pas désagréable.
Rêve de gosse
C'est en composant leur second album, que les membres de Daft Punk ont eu la vision d'un long métrage d'animation en guise d'illustration de leur disque. Certainement dû à l'oppressante situation de glorification au lendemain du tonitruant succès de leur premier disque, ils jettent eux-mêmes les bases d'un vague scénario d'un groupe de rock séquestré et manipulés par un véreux producteur de disques pour en faire ses pantins. Parallèlement - et comme toute une génération de désormais trentenaires français - ils sont encore sous le charme de leurs impérissables souvenirs du "Club Dorothée" et des mangas japonais (non-)censurés de l'époque et aimeraient faire appel à un maître du genre pour collaborer sur un projet en commun (cela aurait pu être pire : ils auraient pu être fans de Chantal Goya pour tenter de monter une comédie musicale mettant en scène Casimir au Parc des Princes ensemble...). Leiji Matsumoto est aussitôt contacté. Emballé, il leur met son unique talent à disposition et est ainsi créé "Interstella 5555". Les Daft Punk ne sont jamais à court d'idées en ce qui concerne l'entourage de leur musique. Invisibles derrière des costumes de robots spécialement créés pour eux, ils avaient déjà détonnés par les premiers clips réalisés lors de la sortie de leur premier album par Spike Jonze (inventeur du fameux "chien" leitmotiv de la plupart des clips) ou encore le fils de Coppola. La sortie de leur premier DVD avait valu une mini-révolution, permettant de changer d'angle de vue en cours de projection d'un de leurs concerts (procédé malheureusement limité). Leur nouvelle idée n'est donc aucunement insolite. Déjà visible en grande partie par la diffusion en boucle de quelques extraits lors de la sortie de leur album, la sortie en salles, puis en DVD permet donc de voir l'œuvre dans son global. Composé de séquences bien distinctes, chaque morceau de musique de l'album constitue un chapitre du film, se suffisant souvent à lui-même. L'intrigue est finalement assez classique et les chansons ne collent pas forcément à l'ambiance de la musique, surtout conscient de poursuivre l'intrigue. La réalisation - assurée par Kazuhisa TAKENOUCHI - est étrangement inégale : parfois très honnête (la séquence dans les champs de fleurs), souvent vite expédiée, elle assure tout de même le minimum syndical; seule la fin reprend par trop des séquences entières de l'action précédente pour relever un manque d'imagination. Les dernières images sont superbes, montrant tout ce que contient finalement un disque de Daft Punk et caractérisant l'ampleur de ce projet dans son ensemble : le rêve de gosse de deux musiciens, finalement des hommes comme tous les autres, mais ayant réussi à exaucer leurs vœux. Mignon.
Poésie psychédélique
Interstella 5555 est né d’une belle idée, originale et expérimentale. Celle de deux de nos coqueluches musicales française de la scène électro house, les trop populaires Daft Punk. Le projet, illustrer leur dernier album en image par l’un des plus prestigieux « character designer » de l’animation japonaise : Leiji Matsumoto (Albator, The Cockpit…), c’était d’abord dévoilé à nous sous la forme d’une série de clips télé, qui ne sont en fait que l’amorce de ce que sera le film.
Projet peu banal pour un résultat d’une certaine beauté, qui ne manque pas pourtant de s’écorcher sur quelques difficultés. Le plus bel atout d’Interstella c’est son esthétique. Son coté paillette, sa poésie psychédélique, sa romance naïve baignant dans un maelström de couleur bariolée et hallucinante. Sa force narrative d’arriver à nous conter une histoire sans parole, qui nous fait parfois penser à une expérience neuve et étincelante d’une certaine forme de cinéma muet. L’histoire se lit, des personnages se développent, une certaine ambiance émerge. Les Daft Punk, qui ont écrit le scénario ont su parfaitement intégrer à leur récit de manière à la fois simple, minimaliste, et pourtant excessive une certaine synthèse fétichiste de leur source d’inspiration. La saturation pastel et fluo des couleurs de Matsumoto, ces corps longilignes si propre à ses personnages, ne cessent de rendre écho aux images d’où sont né leur désir : les souvenirs d’Albator, d’une S.F pop seventies avec ses fantasmes chromatiques, ses structures allégoriques, son urbanisme multi-référencé. Une multitude de détail que la mise en image de Matsumoto réveillé par les Daft Punk ne cesse de travailler comme une nostalgie qui ne se complairait pas dans sa plus simple image mémorielle, mais au contraire travaille le souvenir comme une nouvelle structure possible de forme plastique. Si ce souvenir est aussi vivace, c’est certes beaucoup grâce à l’immense qualité de l’animation dû aux talentueux animateurs de l’équipe de Matsumoto, qui à su saisir avec une immense allégresse toute la poésie et l’apesanteur possible de ce space opera. Quelques scènes sont ainsi d’une fulgurante beauté : celle de l’amant de Stella rêvant de sa déesse au loin à un point éloigné de la galaxie. Leurs corps virevoltent dans des champs étincelants aux couleurs pop, ils tourbillonnent au centre d’une rose géante, dont les pétales servent d’écueil à leur amour extra-ordinaire. La beauté du rythme, la sensation grisante et contemplative de cette fantaisie acidulée est d’une telle et rare somptuosité formel, que l’ont se surprend facilement à fondre comme une guimauve pour tant d’ingéniosité et de simplicité.
Mais la réussite d’Interstella ne s’arrête pas seulement aux traits de sa mise en scène. Il faut bien reconnaître aux Daft Punk que l’écriture à ici aussi une place non négligeable, qui sans briller par la force de sa dramaturgie (leur faiblesse, on aurait aimé que la relation de Stella et son amant soit plus développé), reflète néanmoins un point de vue (l’enfance) qui trouve sa plus parfaite cohérence jusque dans les origines du projet.
Le seul regret devant Interstella, qui n’est pas des moindres, c’est la musique. Non pas ses qualités intrinsèques, on aime Daft Punk ou pas, ce n’est même pas la peine de discuter de sa qualité (plutôt faible), mais plutôt de sa quasi-absence de cohésion avec l’image. Si le coté disco, paillette et superficiel de la house de Bangalter trouve bien un certain répondant à l’esthétique de Matsumoto on en convient, le problème est que cette musique est tout sauf narrative. Ce qui n’est pas sans un certain paradoxe que les Daft Punk savent construire un récit en image et non en musique. Mais difficile de demander à de la « house music » d’être narrative. Il y a donc un certain effet de plaquage des plages musicales de l’album sur l’image parfois assez gênant, l’impression que l’album tourne tranquillement à la surface du film. Fait d’autant plus visible et audible dans les transitions entre les morceaux, qui aurait méritées d’être un peu plus décemment travaillées, autrement que par quelques intermèdes sonores assez faibles. Pour des DJ, censés être passer maître dans l’art du mixage, il est plus difficile d’être indulgent de voir qu’ils n’ont pas retravaillés l’ensemble pour la sortie en salle.
UNE HEURE DE BONHEUR
Une très belle initiative et un bonheur pour les yeux pour les fans d'Albateur et de son papa. Visuellement superbe.
A VOIR!!!!