Une plongée incroyable et terrifiante dans l'esprit dérangé de Miike.
Imprint est, il me semble, le seul épisode de la série à s'être fait censurer aux Etats-Unis et qui ne bénéficiera pas de diffusion sur Canal + d'ici quelques mois. On est prévenu, Miike n'est pas là pour plaisanter ni pour faire son mariole comme il l'a si bien démontré avec Dead or Alive. Non, l'homme a plus d'un tour dans son sac et nous le démontre avec ce sidérant et épuisant Imprint, sorte de farce horrifique carrément douloureuse à ne pas mettre entre toutes les mains.
Une histoire très simple, basée sur des faits graves racontés par une geisha défigurée à un "client' venu au pays pour rencontrer la femme de sa vie, une certaine Komomo. Dès les premières minutes, le climat est posé : les teintes sont carrément glauques, il fait si sombre que seules les lanternes suspendues éclairent les chemins, de même que la lumière émanant des maisons closes dispersées ça et là dans ce qui ressemble à un décor de studio digne de la Shaw. Sur le plan esthétique le travail est donc louable surtout quand il fait preuve de culot, tout en se révélant particulièrement inquiétant. On se sentirait presque enfermés, pas d'issues possibles entre cette maison close, ce lac perdu infranchissable ou la demeure poubelle dans la forêt. La seule liberté se trouve au niveau de la narration où Miike multiplie les vrais/faux aveux de la prostituée, nous faisant passer pour ce qu'on n'est pas, c'est à dire des cons. En effet Imprint s'axe sur les récits de cette prostituée difforme, racontant en long en large et en travers le passé douloureux de Komomo. Cette dernière ne nous épargne rien, jusqu'à rendre infiniment sadiques les quelques séquences de torture parsemant l'oeuvre sur une grosse heure. Il faut voir la pauvre Komomo subir les foudres de ses soeurs, un spectacle inoubliable dans le mauvais sens du terme, déroutant et particulièrement marquant, sans être vomitif non plus. Ceci dit, on aurait préféré peut être que Miike n'en montre autant. Le type est cinglé certes, c'est une évidence et prouve une fois de plus qu'il est bien le seul maître nippon actuel à proposer un cinéma si populaire et si déviant.
Mike Garris ne s'est pas gouré en louant les services du cinéaste, savamment inspiré pour l'occasion. Tous les thèmes les plus glauques y sont abordés sans retenue, l'on voit ainsi défiler sous nos yeux inceste, tortures, massacre de foetus jetés à la rivière ou à même une bassine, mutation explicite, malformation physique, le tout semble pourtant très cohérent et on se plait à suivre cette histoire épouvantable afin de comprendre le pourquoi du comment. A ce petit jeu, la prostituée défigurée est un modèle de tromperie, qui derrière son visage angélique malgré cette déformation handicapante, s'avère en fait un parfait démon. De même que le bourgeois Christopher (le seul occidental du film), bien dérangé du ciboulot. Oui, dans le fond, Imprint est un épisode à en perdre la tête.
Esthétique : 3.75/5 - Joli travail d'ambiance. Pour une fois la photographie est magnifique. Musique : 3/5 - Musiques de Koji Endo assez discrètes. L'ambiance sonore reste très travaillée. Interprétation : 3.25/5 - Du bon boulot surtout pour le format télé. Scénario : 4/5 - Tout le monde n'accrochera pas, mais Imprint fait mal, très mal. Dérangé et dérangeant.
Pas bouleversifiant
De Masters of Horror, la série télé réalisée par les grands noms de l’horreur, il n’y avait qu’Imprint de Miike qui m’intéressait. Pourtant je ne suis pas fan, je n’ai même jamais vu un de ses films. Pas d’attrait particulier (sauf peut-êre MPD Psycho parce que j’aime le manga). Par contre le fameux 13ème épisode que Showtime a décidé de ne pas montrer, ça a fait friser les moustaches du Tanuki d’un coup. Qu’est ce que l’ignoble Japonais avait bien pu faire pour mériter un rejet aussi radical ? La réponse est dans l’épisode mais pas là où on pouvait l’attendre.
Résumons rapidement. Un américain arrive sur une petite île japonaise et passe la nuit dans un claque en compagnie d’une femme de petite vertue défigurée. Il lui dit être à la recherche d’une femme qu’il a rencontrée et aimée et elle décide de lui raconter la terrible histoire de Komomo. Sauf qu’une prostituée ça ment, forcément.
Pour tout dire, hormis un cadavre flottant, une mini-sadako qui se balade, une ombre qui apparait au dessus d’une épaule, les 27 premières minutes sont relativement calmes, trop calmes. A la 28ème, ça se corse avec une scène de torture à vous faire disparaitre derrière vos mains et que même Jack Bauer renierait sans hésiter. Associons vaguement aiguilles, ongles, gencives dans la même phrase pour donner une idée. Forcément, il faut avoir l’estomac bien accroché. Mais finalement en une scène, on comprend que dans Imprint il n’est pas question d’horreur mais de sadisme. On ne fait pas de bonds, on grince des dents. Nuance. Et il reste 30 minutes à tenir avec l’idée en tête qu’au petit jeu de la surenchère, le pire est sans doute à venir.
Ce serait donc ce genre de scènes qui auraient été susceptibles de choquer le public outre-pacifique ? Ça peut se comprendre, moi-même je n’en menais pas large mais il y a fort à penser que la thématique de l’avortement a tenu un rôle aussi. Parce que les foetus jetés dans la rivière, on en voit des bassinets entiers. Le Dakota du Sud en frémit encore. Soupoudrons ce sujet sensible d’inceste, de pédophilie et de maison close. La coupe est pleine, n’en jetez plus, passez votre chemin. Après, ça reste de la fiction tout droit sortie de l’esprit tortueux de Miike, on ne pouvait serieusement pas s’attendre à moins connaissant la réputation du monsieur. On pouvait aussi s’attendre à mieux car il faut reconnaitre que les 3/4 des acteurs asiatiques parlent mal anglais et ça n’est pas un problème d’accent, ça ressemble plus à un problème de compréhension du texte. Du coup, quand ça ne crie pas, c’est assez mal joué. Pourquoi ne pas avoir pris le parti de tourner en japonais et de doubler par la suite pour que tout ça soit un peu plus naturel ? Cela dit même sans ça, il manque encore un peu de conviction notamment de la part de l’acteur américain qui reprend trait pour trait son rôle de Charmed. Les deux actrices principales sont, elles, correctes sans plus. Quant à l’histoire et malgré les 3 dernières minutes, elle aime un peu trop à s’étaler en longueur, à jouer les fausses pistes et fleurter avec le ridicule. Malgré tout, je dois reconnaitre qu’il y a certaines scènes très esthétisées comme la suspension de Komomo à la fin de la scène de torture qui n’est pas sans rappeler certaines photos de Nobuyoshi Araki. Pas de quoi laisser une empreinte impérissable dans les esprits cependant.
Du côté obscur de la réalité
La rencontre entre Miike et le producteur de cette série horrifique de 13 épisodes a du être rigolote :
Le producteur : "
Mais monsieur Miike, il s'agit d'un film de commande, vous ne pouvez pas y mettre ce que vous voulez ! ... Si, ça sera tourné en anglais... Non, monsieur M... mons... Tak... Takashi !! Pas de vomi, ni de sperme, ni de caca, ni de p... Ohh arrêtez, vous avez signé le contrat, vous n'allez pas abandonner ! ... Non, on ne prendra Miyazaki pour vous remplacer... Si, c'est un film pour adultes, mais... Bon d'accord, un peu de pipi si ça peut vous faire plaisir... Quoi ?? Des avortements ? Mais vous êtes malade ! Vous n'avez pas plus glauque en stock ?... Pfff... Ok, c'est bon, on arrête là, moi je laisse tomber, faites ce que vous voulez avec vos foetus, mais c'est la dernière fois qu'on fait appel à vous."
Le résultat a beaucoup de défauts, mais il a cependant quelques mérites : d'abord celui de hurler devant les tortures sadiques très kilikilikili et les rebondissements toujours plus crades, et ensuite celui de nous rappeler que la réalité, la vérité est souvent magnifiée par les belles âmes alors qu'elle n'est parfois pas bonne à révéler entièrement...
Aussi subtil qu'un film de Miike en quelque sorte...
... cet épisode de MOH est pour l'instant le plus mauvais qui ai été réalisé, avec le Tobe Hooper.
Dans l'art du n'importe quoi sous prétexte de mettre en exergue les travers de la cervelle humaine, l'ami Miike est un champion. Du moment que le spectateur est rebuté et que la critique branchouillarde y trouve son sompte dans le domaine égo-excentrique du je pense donc j'essuie...
Car c'est bien de n'importe quoi dont il s'agit avec cet épisode complètement vain et outrancier qui se targue de n'aligner qu'un long et mou consensus sur le rapport entre la condition féminine japonaise au siècle dernier et sa confrontation avec la civilisation fantasmée occidentale. Et en plus il se prend au sérieux.
C'est beau la torture comme art, quand il s'agit de montrer des scènes d'une cruauté qui chez un bon réalisateur aurait servi ses théses. Chez Miike ça devient un festival d'horreur malsain sans queue ni tête, qui ne sert rien.
Certains y voient une critique du puritanisme américain... cet ennemi éternel... n'importe quoi ! ... Mel Gibson ruuuules tiens ! L'outrance chez lui est viscérale au moins...
En tout cas le père Miike a réussi à se faire censurer chez tonton Sam, on applaudit... MOI JE DIS HAUT ET FORT, LE CINEMA FANTASTIQUE N'A PAS BESOIN DE GENS COMME TOI MIIKE !
Et dire qu'en Asie, il y a des gens comme Tsui Hark, Hideo Nakata ou Bong Joon-Ho, de vrais auteurs qui servent le cinéma....
Au bout de l'abjection
Avis avec spoilers!
Miike veut aller au bout, aller jusqu'à la nausée, se faire interdire et que du coup on parle de son film. C'est réussi! De ce point de vue là rien à dire. Pour le reste, on peut se montrer très sceptique sur la pertinence d'une telle démarche "artistique".
On objectera que Miike a fait aussi pire, dans Ichi the killer notemment. Certes! mais il n'y a pas ici ce qui faisait de Ichi autre chose qu'un étalage de barbaque, un certain grain de folie, un peu de fantaisie, et surtout, d'humour. Parce que ici ca se prend au sérieux! très au sérieux même! Le score musical en rajoute des caisses sur le coté ambiance étouffante et mystérieuse. Billy Drago (est mauvais) en fait des tonnes dans le rôle du mec dépassé par les événements, et le script en rajoute dès qu'on peut dans l'abjection et la gratuité de la violence (un suicide ca te suffit pas, tu veux un meurtre? c'est pas assez?! alors ce sera un meurtre sur fond de relations consanguines: ca va ca? bon d'accord ce sera un meurtre sur fond de relations consanguines, de tortures, d'avortements en gros plans et de mains qui parlent dans la tête: ca va comme ca? ca suffit?). C'est la logique du no-limit et on peut bien reconnaitre que le film est bien vomitif, ca il n'y a pas de discussion possible. Mais c'est creux et finalement sans intérêt comme le disait Tanuki. Ca en devient un film vulgaire, putassier, un raccolage éhonté. Miike se regarde complaisemment dépasser les limites et se félicite d'être un réalisateur qui ne s'en laisse pas compter.
Pétard mouillé
On l'attendait, celui-là. Tonton Miike allait apporter sa pierre à la série Masters of Horror, nous laissant subodorer une bonne tranche de cinéma transgressif et décapant, susceptible de nous remettre les yeux en face des trous. Que nenni. Son
Imprint – préférez peut-être le titre francophone,
La Maison des Sévices, plus explicite – ennuie plus qu'autre chose, et ce n'est pas quelque culot pour le sadisme ainsi qu'un sujet dérangeant qui vont pallier la déception suscitée par l'ensemble. On constate une fois de plus que les critiques des fanzines s'emballent vite dans leurs dithyrambes, simplement parce qu'un nouveau truc fait montre d'une certaine audace dans ses scènes de violence; mais il n'y a pourtant aucune raison de se prosterner devant ce téléfilm laborieux, entaché de nombreuses faiblesses.
Dès le début, le jeu catastrophique de Billy Drago (lui qui nous avait pourtant habitués à d'excellents rôles de bad guy, notamment dans le cultissime
Les Incorruptibles) annihile toute crédibilité à l'histoire et la lenteur exaspérante de la narration, d'habitude guère gênante chez Miike, passe en l'occurrence très mal. Après une bonne demi-heure, on pense enfin assister à quelque chose d'« intéressant » lorsqu'une prostituée passe à la casserole, sous la cruauté d'une maîtresse ignoble. Mais l'ensemble des tortures n'est en fait qu'une redite d'
Audition, si bien que celles-ci ne surprennent pas trop. Bien sûr, les mini-bâtons plantés dans les ongles et dans les gencives se veulent douloureux mais les amateurs de gore passeront leur chemin, ces actes de sadisme étant à peu de choses près filmés hors-champ. Ceci mis à part, rien de spécial n'est à signaler dans
La Maison des Sévices sur le plan de la violence trash, pas même ce headshot final grotesque. On parlait d'un summum de l'insoutenable ? Faudrait pas pousser le bouchon trop loin ! Le reste ne se révèle pas plus percutant: un tempo insupportable dans sa monotonie, un scénario potentiellement louable mais mal exploité, une direction d'acteurs lamentable et des maquillages ratés (la prostituée balafrée, la soeur siamoise ridicule mais rigolotte). De surcroît, Miike oublie tout sens de l'humour noir et traite l'ensemble beaucoup trop au premier degré malgré les moyens convenables qui lui furent accordés, occasionnant une réalisation plutôt luxueuse – il faut bien l'avouer, la photo est tout à fait soignée. Il apparaît frustrant de voir qu'un cinéaste aussi génial lorsqu'il le veut gâche un projet favorable tel que celui-ci. Un bon prétexte pour revoir le prodigieux
John Carpenter's Cigarette Burns, un épisode de Masters of Horror qui lui dépasse toutes les attentes et surprend en diable.
Coup dans l'eau pour Miike que cet
Imprint qui ne nous offre pas la carotte tendue au bout de la perche. On se consolera sur
Ichi the Killer et
Visitor Q pour de vraies sensations fortes, sur
Dead or Alive pour du cinéma-BD déjanté et imprévisible, sur
Audition,
Bird People in China et
Les Prisonniers du Paradis pour une bouffée d'intelligence et de maîtrise, ou alors tout bonnement sur des Masters of Horror autrement plus réussis. Un objet inutile dans la filmographie de son auteur.
Une bague dans la tête
MIIKE n'a pas trompé son monde - et a très certainement voulu en démontrer à ses confrères américains en choisissant dès le départ de s'entourer de son équipe habituelle, tourner au Japon et de mettre le paquet côté horreur - au risque de se faire censurer, permettant de lui assurer un maximum de couverture médiatique et de se faire davantage connaître par les américains pour avoir été le seul cinéaste de la série à se faire censurer.
Soit, MIIKE a depuis très longtemps compris les règles du jeu du marketing et assure tout de même suffisamment pour pouvoir en jeter...
Sauf qu'à force de vouloir trop en montrer, il perd un tout petit peu de l'impact d'autres de ses films, où le choc émotionnel venait largement de ce qui n'était PAS montré. Qui ne se rappelle pas de la fameuse séquence des aiguilles de "Audition", où la fine épingle se trouvait juste au-dessus de l'oeil, mais n'était jamais montrée en train de s'enfoncer dans la chair. Dans le présent film, le "maître" montre tout - et en GROS PLANS siouplait ! De quoi largement faire grincer des dents (surtout pour ce qu'il invente comme moyens de torture, directement inspirés des supplices français sous la "fameuse" Révolution et repris de son précédent "Audition"), mais qui verse également un peu trop dans une gratuité visuelle et enlève de la force émotionnelle d'autres de ses productions.
Quoiqu'il en soit, sa mise en scène est de premier ordre, ainsi que les décors et costumes; nul doute, qu'IMAMURA et son "Eijanaika !" a été d'une influence majeure. Le film tient en tout cas ses promesses au niveau de la violence graphique, comme du côté des célèbres débordements de "dernière" minute du cinéaste. Rien ne sera épargné au spectateur; en revanche, une fois l'effet de surprise passé et le grand mystère dévoilé, le métrage perd de son impact lors d'une seconde vision - contrairement à d'autres de ses oeuvres, plus riches en petits détails.
L'acteur Billie Drago a également une légère tendance à sur-jouer et d'entraîner dans son cabotinage sa partenaire bien plus convaincante au cours d'autres scènes sans la présence masculine.
Un très bon film à déguster la première fois - mais qui n'ira pas chercher bien plus loin.
"Imprint" est un Miike au mauvais goût assumé de plus, mais bien mieux soigné à la réalisation que d'habitude. En revanche, la direction d'acteurs est peu convaincante pour un "cinéaste" pourtant habitué au brassage des cultures sur ses plateaux de tournage.
Miike, tout au fond
Avec une direction d'acteurs en dessous de tout, un choix de faire tourner en anglais qui rend son film proprement irregardable et une addition de clichés orientalisants, Miike atteint peut etre effectivement le fond de sa démarche: se @!#$ de tout, du spectateur comme du cinéma.
Sans l'humour, il ne reste de lui que les outrances. C'est bien peu.