De cris et de fureur
Trois ans que l'ancien chef rédacteur prodige du magazine ter Kab Chan n'avait plus tourné, principalement en raison du scandale assez poussé de son précédent "Go-Six", qui impliquait la sexualité ambiguë de l'un de ses personnages féminins.
Pour le retour derrière la caméra pour son cinquième long-métrage, Poj Arnon ne laisse planer plus aucun doute quant à l'orientation sexuelle de ses personnages. Profitant de la vague de succès déclenchée par "Iron Ladies", il braque tous les projecteurs sur une folle équipe de jeunes ladyboys dont le rêve serait de devenir des starlettes cheerleaders. Tous les prétextes sont donc bons, pour se faire entrechoquer une nouvelle fois deux univers en apparence incompatibles, auxquels s'ajoute – en plus – celui du rugby, sport par lequel les donzelles en herbe sont obligées de passer avant de pouvoir se lancer dans leur réel objectif.
Aucun doute, quant à l'opportunisme mercantile du film – en plus de l'accroche de réunir 50 "teen idols" du moment (Poj s'est fait une réputation en "découvreur de jeunes et nouveaux talents" et a toujours construit ses films autour de la "célébrité" momentanée de ces jeunes vedettes).
C'est également dans ce petit détail, que le bât blesse: alors que les ladyboys sont communément un objet de plaisanterie, mais sans aucune autre arrière-pensée (puisque pleinement intégrée dans la société thaïe, et non pas un sujet de "moquerie"), la surenchère de gags assez puérils (le film reste avant tout un divertissement adolescent et se préserve de quelques gags trop graveleux vus par ailleurs) en fait une telle caricature, que l'on se pose la question du réel regard du réalisateur sur la communauté. Parfois même, il n'est pas à se demander, si Poj n'aurait pas pris un malin plaisir de pousser dans les derniers retranchements du ridicule ses jeunes vedettes du moment.
Sinon pas grand-chose à signaler, sauf à se préparer à supporter gestuelles de folles et petits cris aigus pendant près de deux heures, alors que l'intrigue avance au rythme d'un escargot par journée de soleil. LA fin est bien évidemment connue par avance et les nombreux détours pour y arriver n'ont pour seule conséquence d'horripiler son spectateur.
A quelques rares moments, l'incroyable vitalité de l'ensemble du casting et les chorégraphies relativité soignées durant les 20 (!) dernières minutes du film réussissent à arracher un sourire fatigué (la fin de la partie de rugby) – mais le film reste bien en déca du niveau du premier "Iron Ladies".
