Tanuki | 4 | Amitiés, Amour et Plantes vertes |
Et un shojo de plus, un !
Si je n’avais pas flashé sur le récemment sorti Alice 19th, je n’aurais sans doute jamais acheté Imadoki. Pourtant Yuu Watase n’est pas une complète inconnue puisqu’elle est l’auteur de Fushigi Yugi et Ayashi no Ceres qui ont une très bonne réputation et sont d’ores et déjà sur la liste de mes futurs achats.
Je suis littéralement tombée sous le charme à la fois du scénario et du dessin. Encore une fois, il s’agit du cheminement à rebondissements d’une jeune fille respirant la fraîcheur et la bonne humeur vers le grand Amour. Le jeune homme étant bien entendu beau comme un Dieu et parfait (je préfère son frère néanmoins). Tout se joue donc sur la variation sur ce thème ultra représenté à droite et à gauche dans le shojo manga. En plaçant son héroïne dans un univers qui lui est dès le départ très hostile (un lycée de fils à papa où l’estime se base sur la fortune familiale) corse considérablement les choses. Non seulement Tampopo va devoir trouver sa place dans le groupe mais, en plus, elle va devoir lutter contre les traditions familiales qui font que les riches se marient avec les riches et que tout est organisé par les parents sans tenir compte des sentiments de leurs enfants. Inutile de préciser que l’arrivée de la jeune fille de la campagne va provoquer un vrai raz-de-marée. Et tout va ensuite s’enchaîner assez rapidement en sachant tout de même laisser le temps au temps quand il le faut. Le découpage très dynamique des pages jouant ici parfaitement son rôle.
La philosophie de la vie de Tampopo se base sur les fleurs ("Chaque fleur s'épanouit selon sa propre image…"). Elles seront ses armes, en plus de sa franchise et de son obstination, pour vaincre la cruauté ambiante et s'épanouir enfin. Elle va vite se retrouver entourée d'une bande d'amis, tous aussi attachants les uns que les autres et qui vont très vite se révéler très attachés à elle après avoir été séduits chacun à leur manière par Tampopo. Entre la noireaude enceinte, le copain disjoncté, la potentielle rivale jalouse, on a affaire à une bonne brochette de personnalités très différentes qui arrivent à être tour à tour touchantes et hilarantes (surtout Kyogoku). Chacun a ses problèmes, ses secrets et tous vont être changés par leur interaction avec la charmante Tampopo. Je reconnais à Yuu Watase un très grand talent pour arriver à créer une histoire d'amour bien construite en plus de formidables histoires d'amitiés, sans jamais tomber dans la gnangnantise absolue et les grandes réflexions sur l'Amour qui endorment le lecteur (la tournure qu'est malheureusement en train de prendre Urukyu).
Ça reste beau, émouvant, touchant, rigolo. On est souvent surpris au détour d'une page par la tournure que prend l'histoire surtout à partir de l'apparition d'Erika, la promise du frère de Koki. J'ai souvent alterné entre rires et larmes, pincements au coeur et bouffées de chaleur. Quel bonheur que ce manga !
Le dessin est largement à la hauteur du scénario même si on pourrait lui reprocher une certaine ressemblance entre les personnages d'Imadoki et ceux d'Alice 19th. Les différences sont souvent très subtiles (coupe de cheveux, longueur du nez, forme de l'œil plus ou moins en amande) mais on arrive finalement bien à distinguer qui appartient à quelle histoire. Le trait est très fin et très travaillé comme c'est souvent le cas dans les shojo. Les visages sont très riches en expressivité (Alissa fait quand même un peu peur ^^;) et les sourires de Tampopo sont de vrais rayons de soleil qui éclairent toute la page. Un grand soin est apporté aux uniformes scolaires qui ne font pas très lycée mais qui sont très joli quand même. Mais l'auteur sait aussi se lâcher et, pour mieux appuyer le comique de certaines situations, donne des visages super difformed à ses personnages, souvent aux moments les plus inattendus ce qui donne beaucoup de subtilité à l'humour wataséen.
Le hic existe cependant. Ça se finit trop vite. Au milieu du 5ème tome, on se retrouve le bec dans l'eau avec une fin à un endroit où on ne l'attendait pas. J'aurai bien voulu que ça dure plus longtemps tellement ce petit monde est sympathique. En tout cas, ça constitue une bonne introduction au travail de Yuu Watase, la touche fantastique en moins. Un bon moyen de tester avant de se lancer dans les séries plus longues. Je ne m'attarderai pas sur les 2 histoires qui complètent le tome 5, elles sont gentillettes mais un peu trop courtes pour prendre vraiment vie, même si c'est un plaisir de retrouver Tampopo dans l'une d'elle.