"I hope you're ready to hear a long and magical tale. Are you ready to trust me?"
Ah il mare..... Que de plaisirs rien qu'à l'évocation de ce film et de cet endroit magique où les plus belles histoires peuvent arriver. Le film s'ouvre de manière magistrale à l'heure des brumes matinales sur cette maison appelée il Mare et dressée au milieu de nulle part entre la terre ferme et la mer.Si le cinéma est un rêve alors le réalisateur y contribue grandement et il n'y a pas à s'étonner que cette oeuvre d'architecture moderne ait été crée spécialement pour le film et que sa position ait été étudiée spécialement pour s'accorder avec le paysage environnant et le coucher du soleil (une maniaquerie digne d'un Kubrick...). En un seul plan, on est déjà conquis par cet hâvre de paix où il fait bon vivre ce qui augmente encore plus l'identification avec nos deux héros qui inévitablement ne peuvent résister au charme des lieux. En 1998 se trouve Lee Jung-Jae, ouvrier et fils d'un riche architecte. En 2000, Jeon Ji-Hyun est une doubleuse qui fait des voix de dessins animés et dont le fiancé est à l'étranger. La boîte aux lettres aux charmes rustiques et à l'entrée d'il mare leur servira comme moyen de communication à travers le temps. Il n'y a aucune explication à ce phénomène(à part une distortion du temps) et c'est tout au bénéfice du film qui se focalisera plutôt sur leur relation inhabituel et dans tous les cas, hors du commun. On pourrait voir arriver la trame du simple film romantique de base mais il mare est bien plus que cela....
Sous ses aspects charmeurs, il mare est avant tout un endroit de solitude avec aucune âme dans les environs et au fur et à mesure du film et de leur correspondance, on en viendra à comprendre pourquoi ces deux personnes se sont exclues volontairement de leur environnement quotidien. D'un côté, Jeon Ji-Hyun est dépendante affectivement de son fiancé alors qu'elle sait éperdumment bien que ce n'est pas réciproque et cette dépendance ne cesse de la détruire intérieurement. De l'autre côté, Lee Jung-Jae est un jeune homme dont la volonté d'indépendance l'a définitivement éloigné de son père, jusqu'à abandonner ses études et devenir ouvrier sur des plate-formes en mer. La correspondance que ces deux personnages entretiendront par lettres interposées leur fera prendre consience de leurs erreurs respectives et chacun apportera les réponses que l'autre cherche. Et malgré la barrière temporelle entre eux, ils déjouent habilement cet état de fait via une superbe séquence de promenade commune où ils profiteront des mêmes sensations à deux ans d'intervalle. En fait, on pourrait même dire qu'il mare n'a rien de romantique car leur relation est bien plus basée sur l'amitié et la confiance et c'est cet aspect qui singularise énormément le film car il apporte une certaine universalité à son sujet et peut toucher n'importe quel spectateur.
Ce qui singularise aussi le film est son rythme langoureux et la façon très adulte d'aborder son sujet, on est certes devant un film aux objectifs avant tout commerciaux mais l'intelligence de son propos et la subtilité des sentiments qu'il propose le place quelque peu à part. Je n'ai pas envie d'écrire des lignes et des lignes sur la beauté visuelle du film qui est à la hauteur comme d'habitude (sans compter la réalisation composée de mouvements de grues et de travellings comme je les aime), mon seul regret pourrait être que la fin d'origine n'ait pas pu passer les screen-tests en raison de sa trop grande tristesse mais heureusement, la fin actuelle qui a été rajoutée est à la hauteur et le résultat n'en est que peu altéré car on finit quand même par pleurer à chaudes larmes. Mais ce sont des larmes de joie devant l'un des meilleurs films de ces dernières années que le cinéma ait pu nous offrir....
D'autres critiques sur ce film ici et ici
S'il est des films moyens parce qu'inégaux, Il Mare est moyen en permanence. Il se regarde sans joie mais sans plaisir non plus. Tout cela du fait de choix esthétiques ni mauvais ni personnels. Dans le genre film de relation amoureuse à des années de distance, Il Mare est moins mauvais qu'un Failan parce qu'il ne choisit pas de faire du pathos sur des personnages communs: il filme de façon commune des personnages communs. Les travellings latéraux, la focale se dévissant d'un personnage à un autre, la combinaison ralenti/gros plan sur un objet pendant une scène d'accident, les plans en grue sur un véhicule en marche, la caméra pivotant légèrement sur un personnage immobile, tous ces choix reflètent une absence d'engagement esthétique, un désir d'utiliser les mouvements de caméra qui ne risquent pas de couler un film plutot que de risquer le ratage. Ces plans très "placement de père de famille" empechent du coup le film de pouvoir exploiter le vrai potentiel de son sujet.
Les personnages sont certes communs et ressentent des émotions simples mais justement c'est une des qualités du langage cinématographique de pouvoir faire ressentir la profondeur des émotions simples (la découverte d’un objet, l’ouverture et la lecture d'une lettre, le croisement de deux individus dans une gare, l'attente lors d'un rendez-vous amoureux, le calme d'une ballade sur une plage, le rendez-vous manqué et sa déception). Par l'anonymat de ses choix esthétiques pas mauvais mais ne correspondant pas non plus à un projet artistique fort, le film se prive de cette belle possibilté cinématographique. Le film ne sort que rarement de l'anonymat pour le meilleur -la séquence d'ouverture et son beau travelling survolant la mer pour arriver à la fameuse demeure centre de tout le film, les cassures de plan offrant quelques accélérations bienvenues- ou le pire -une accélération clippeuse lors d'une scène d'accident-. A ce propos, les métaphores ferroviaires liées à l’idée de remonter le temps commencent à devenir un cliché assez lourd du cinéma coréen après Failan et Peppermint Candy.
Quant aux acteurs, leur jeu est correct mais pas non plus émouvant, on est encore dans une certaine neutralité. Certes, le couple change au travers de la correspondance, chacun réalise son désir d'indépendance mais les acteurs ne font pas assez ressentir par leur jeu ces changements au spectateur. Quant à la musique, elle est le plus souvent gentiment mielleuse avec ses pianos à la Elton John et ses guitares légères mais jamais au point de couler le film meme s’il nous gratifie de slows chantés dignes d’un Billy Joel et de quelques passages dignes d’un bal musette. Les seuls moments où l’on se demande pourquoi le réalisateur nous fait subir CA sont les scènes de doublage de dessin animé. Mais après ces quelques accès de médiocrité le film revient vite vers sa vitesse de croisière très moyenne.
S’il s’oublie vite après le visionnage, Il Mare permet de passer le temps. C’est déjà mieux que de le faire perdre au spectateur comme un Volcano High ou un 2009. Sans compter que sans ce genre de films mous du genou on n'apprécierait pas les casse-cous de la pellicule.
J'attendais d'avantage d'Il Mare que cette tambouille amoureuse et dramatique, à peine digne du drama de base réservé aux petites vieilles ou aux adolescentes sensibles. Le pas très prolifique Lee Hyeon-Seung livre dans une boîte aux lettres une oeuvre manquant de cohérence et d'ambition, elle reste au point de départ (la communication entre les deux personnages) sans jamais chercher à se surpasser ou à dépasser les codes déjà bien installés du mélodrame à effet lacrymal. Ce qui est d'autant plus décevant puisque le film tourne à bloc certes, mais en rond dès la première demi-heure, devenant par ailleurs ennuyeux puisqu'il reste dans l'abstrait et ne confronte qu'à une ou deux reprises les deux protagonistes, devant une gare ou près d'un café. Pas de quoi faire relever la nuit n'importe quelle personne pour le moins intéressée par le projet -casse gueule si mal maîtrisé- ou désireuse d'en savoir plus sur cette distorsion temporelle, on ne reste que dans le larmoyant et les bons sentiments mielleux de A à Z. En revanche, une poignée d'éléments sauvent les meubles, comme l'interprétation toute en douceur de Jeon Ji-Hyeon touchante et impliquée dans l'un de ses premiers rôles, avant que le public ne la reconnaisse vraiment à travers son personnage hallucinant dans le formidable My Sassy Girl de Kwak Jae-Yong, et à l'occasion son meilleur film.
En revanche, elle n'atteint pas la grâce dans le film cité, pas même la roublardise de Windstruck mais c'est son personnage qui veut cela, être à la fois terne mais amoureuse, réticente et nostalgique. Un peu rêveuse aussi. Rien de bien surprenant de voir à quel point Il Mare loupe de peu la marche du film touchant du fait d'un manque cinglant d'ambition et de volonté d'aller au-delà des clichés du cinéma romantique et fantastique. De même, l'utilisation de la boite aux lettres est décevante car pas assez développée, à croire que les deux jeunes gens font tout pour s'esquiver. La symbolique de Noël, les séquences de doublage, les guirlandes lumineuses rabaissent encore plus Il Mare au statut de simple "drama" comme on les appellent si souvent. Ajoutons un score moyen, une direction artistique absente et une fin faussement lacrymale (indifférence totale chez moi) qui plombent tout simplement un métrage prometteur de part son casting et son pitch de départ attrayants.