Pour vivre heureux, vivons cachés !
Hashiguchi est l’un des rares cinéastes nippons à traiter de front de l’homosexualité, un sujet qui n’est pas pris très au sérieux dans l’archipel puisqu’il prête plus à sourire qu’à autre chose. Pour autant, Hashiguchi ne se prend pas au sérieux et baigne son œuvre dans une atmosphère légère, décrivant ses personnages avec humour et détachement, comme si tous leurs problèmes, si compliqués soient-ils, pouvaient trouver une solution simple à court ou moyen terme. A travers ce trio amoureux peu commun (un couple d’hommes dans lequel s’incruste une femme en mal d’enfants), certains tabous de société sont dévoilés : ainsi, après une violente altercation avec des membres de la famille et les incertitudes qui en découlent, SPOILER le trio se reforme malgré tout avec le temps car bien que leur situation soit rare, ils avaient réussi à créer un équilibre que d’autres personnes, la considérant de l’extérieur, n’arrivaient pas à admettre.FIN SPOILER
Seul problème, Hush ! est trop long ; nul doute qu’avec un montage plus serré, le rythme mais aussi le propos en seraient sorti grandis. Malheureusement, tel quel, l’ennui est bien présent, même si les 3 acteurs principaux sont éminemment sympathiques. Au final, un film précieux pour la reconnaissance des gays dans la société, mais trop vite oublié.
Beau sujet, film décevant
Hush démarre sur les chapeaux de roue : dans une chambre, on voit deux jeunes hommes après une nuit agitée cadrés au cordeau. On retrouve ainsi la signature Hashiguchi. Dans le gros plan suivant sur une jeune femme désespérée filmée avec un vrai sens de la durée, un détail désamorce malheureusement la force mélancolique de la scène : le score complètement à coté de la plaque de Bobby Mc Ferrin. Cet excellent réalisateur va ensuite s’égarer à faire ce qu’il ne sait pas faire. Talentueux dès qu’il s’agit de décrire l’homosexualité à l’adolescence, il échoue ici à essayer de parler du désir de stabilité des homosexuels trentenaires. Une des grandes erreurs du film est d’essayer de donner dans le coté sitcom. Tout d’abord, cela donne lieu à une série de situations kitsch et grotesques (qui pourraient passer si le film avait un ton mélodramatique, ce qui n'est pas le cas): les deux chiens qui font l’amour, la cliente bourgeoise arrosée de spray désinfectant, la gymnastique à la piscine, la pipette servant à pomper le sperme. Et le problème est qu’Hashiguchi (outre le fait que le style de réalisation et les situations sitcom passent mal au cinéma), contrairement aux maitres du genre (le Darren Star de Sex and the City, le David Kelley d’Ally Mc Beal), n’a pas le verbe haut, ce qui donne lieu à un vaste déversoir de lieux communs tels entre autres perles que « l’homme est vénal ». Le croisement de multiples personnages donne une impression d’artifice scénaristique et crée une accumulation indigeste de saynètes sans lien narratif fort. Le trio amoureux (les deux gays et la fille solitaire souhaitant etre fécondée par ces derniers), s’il est une belle idée sur le papier (réunir un couple et une femme qui ont une vision de la cellule familiale différente de la norme), donne une impression de préfabriqué (on n’arrive jamais à y croire). Les acteurs jouant le couple gay manquent de la maturité nécessaire à leur role. Par contre, Hashiguchi sait toujours dépeindre des personnages féminins forts qui sont le moteur de l’action : il est aidé en cela par une Kataoka Reiko possédant une intensité dans son jeu et dans le regard qui vont comme un gant à son role (c’est bien simple, lorsqu’on la voit prendre un taxi et tirer une tete d’enterrement à l’arrière car elle sait qu’elle est malade, on pense immédiatement à la superbe et très proche scène de Kids avec Chloé Sevigny). Les cadrages et le rythme du film sont ceux de n'importe quel téléfilm. Mais dans la dernière demi-heure, lorsque le film devient un peu plus tragique, la caméra d’Hashiguchi retrouve son sens de la durée et sa capacité à émouvoir à coups de plans distants. Mais malheureusement, le film se conclut de nouveau sur un ton de mauvaise sitcom.
Tout cela est d’autant plus dommageable qu’il est courageux pour un réalisateur japonais dans un pays où les revendications des gays sont moins fortes qu’en Occident d’évoquer le désir des gays d’élever un enfant (malgré le PACS, il n’y a toujours pas eu de film sur le sujet en France alors que le débat est sur la place publique). Et si le film parle de passage à l’age adulte, Hashiguchi n’a pas réussi à rester lui-meme à l’intérieur d’un film plus grand public. Et il y a à craindre qu’il ne souhaite pas revenir à la veine de ses débuts vu l’énorme succès public et critique du film au Japon (le buzz avant la sortie du film était tel que des places du film étaient déjà réservées par le public): cette tentative un peu artificielle de faire un parallèle entre les gays souhaitant avoir le droit de fondation de foyer et les familles monoparentales en augmentation au Japon suite à la croissance des divorces a touché au-delà des gays les femmes japonaises et leur désir d'émancipation. Le débat sur les parents homosexuels a été mis sur la place publique. Mais on préfèrera un Harada qui a bousculé des tabous (corruption, prostitution adolescente) en apportant quelque chose au cinéma.
Ni parfait ni mauvais
Hush n'est certainement pas le film qui changera votre vie mais il merite tout de même qu'on lui prête attention. A ceux qui trouvent que le film est trop long, je répondrais que finalement cela permet au réalisateur de porter un regard approfondi sur ses personnages. En effet, ce qui est appréciable et touchant, c'est toute la tendresse qu' Hashiguchi leur porte. Le film réussit la gageure de soulever des questions sociologiques pertinentes sur sociétés contemporaines sur un ton qui se veut léger mais sans sombrer dans la simple superficialité.
Parce que la démarche et noble et le rendu élégant (ce qui n'est pas toujours le cas lorsque l'homosexualité est abordée), ce film ne doit pas être négligé.
Hush Papy
Après un silence radio (forcé) de plusieurs années, Ryosuke Hashiguchi revient sur le devant de la scène en signant ce nouveau film bien plus destiné au grand public que ses précédents métrages. Développant toujours le thème de l'homosexualité avec un couple de trentenaires gays confronté à une femme en mal d'amour souhaitant un enfant d'un des homos, Hashiguchi met pourtant de l'eau dans son discours et sert une soupe bien moins provocatrice que par le passé.
L'impact du film est d'autant amoindri, même si le réalisateur cherche à grands coups de mélodrame de toucher son public. S'éparpillant dans tous les sens, il ne réussit pas le fragile équilibre entre comédie et drame. Son scénario se perd dans de nombreuses sous-intrigues, abordant frontalement d'autres problèmes récurrents au système japonais (l'être et paraître; le carcan désincarné familial), mais qui ne font pas avancer pour autant le fil conducteur principal.
Trop long, la mise en scène est des plus maladroites et ne fais pas preuve d'aucun talent personnel : souvent en plan-séquence fixe, les rares scènes découpées le sont de manière sommaire (champ-contre-champ-champ) et desservent le jeu des comédiens.
Pourtant quelques rares moments laissent entrevoir une vraie sensibilité du réalisateur, telle la visite inattendue du personnage principal auprès de son frère et toute l'amertume et retenue sous-entendue de sa belle-sœur amère.
Un essai non transformé sur tous les plans par son réalisateur de persévérer dans le sillon de ses précédentes oeuvres tout en atteignant un public plus large.
Mouais... un coup pour rien.
Un film moyennement réussi à mon goût, qui pourtant possèdait une bonne matière première : un bon scénario et de bons acteurs. C'est donc directement au réalisateur HASHIGUCHI Ryosuke que j'attribue les mauvais points de ce film : manque de rythme, morale trop présente (un manque de subtilité typiquement japonais selon moi, que l'on retrouve même chez les grand cinéastes nippons), ambiance convenue et prévision d'une happy-end tout le long du film...
L'histoire raconte le chemin de deux hommes et une femme un peu à part, dans une société qui ne les inclus pas dans son standard. Ils vont donc se construire leur petit bonheur ensemble, en formant une union surprenante, intéressante, et comique !
Hélas, selon moi, "Hush !" possède quelques passages humoristiques pour beaucoup de longueur et de passages assez creux, une réflexion peu apronfondie sur le sujet traité, et pourtant une banale morale mise en avant.
pas d'accord!!
ok, c'est vrai que ce film n'est pas un chef-d'oeuvre mais il y a des moments vraiment réussis,dans la comédie (les scènes dans la boutique de toilettage,la tout fin..) et aussi plus dans l'émotion (la scène avec le taxi,celle au bord de l'eau)
l'actrice qui joue Asako est vraiment formidable (les autres sont pas mal non plus).
c'est un film imparfait mais attachant..
le film aurait dû être plus cours de 30minutes . En revanche les acteurs sont tous excellents .