Cette nouvelle production des studios Ghibli, n'est pas tout à fait un trésor de nouveautés. On y retrouve quelques répétitions par rapport aux anciens films: un chateau qui vole, de la magie, des traits familiers chez les personnages, ... Mais d'un autre point de vue, se sont aussi les ingrédients qui ont toujours conduient aux bonnes recettes et à captiver le public. En tous les cas, moi, ça m'a plu.
Ce qui est indiscutable, c'est qu'une nouvelle fois, les studios Ghibli nous offre un feu d'artifice de couleurs, de graphismes et bien sûr une bande son toujours aussi plaisante. Ainsi, après quelques minutes, les anciens points communs avec d'autres films sont oubliés et vous vous sentez absobé par l'histoire de Sophie.
Tout de même un petit peu décevant, les détails sur les personnages principaux ne sont pas assez nombreux. Markl ou le petit démon du feu Calcifer auraient dus être dévelopés plus.
Parce qu'il foisonne d'idées de tout poil, parce que ses personnages féeriques vous transportent vers des contrées rarement atteintes dans le paysage d'animation, parce que son traitement alliant parfaitement message social anti-militariste et précaution de l'être plus âgé est asséné avec suffisamment de retenue pour ne pas paraître lourd, parce qu'il évoque tout un pan de la filmographie du sensei par l'utilisation exceptionnelle de la matière (caoutchouc, liquide visqueux, herbe, air, eau) et la présence de mauvais personnages au bon fond (la sorcière des landes), Le château Ambulant est un immense classique instantané qui vous renverra à la dure réalité de la vie une fois la projection terminée. Peu d'oeuvres peuvent se targuer à ce stade de proposer autant de magie et de poésie atteignant la grâce chaque seconde, notamment par la présence de détails d'une précision chirurgicale confinant à la maniaquerie. Du travail d'orfèvre qui n'a de défaut que d'appuyer fortement les sentiments en fin de métrage et d’accompagner les images de guerre d’une musique pompière, mais rien qui ne fait basculer l'oeuvre autre part que vers des sentiers d'une poésie universelle.
Mêmes ingrédients pour une recette proche, techniquement parfait et très souvent bluffant, Miyazaki recycle tous ses thèmes favoris dans une gigantesque marmite estampillée "magie pure" pour cuisiner un nouveau plat maison ultra calorique, une recette au goût prononcé qui a quand même du mal à se contrôler, à contenir ses protubérances éruptives qui voudraient déborder de l'écran pour échapper au cadre du récit, à l'image de ses chers personnages dont l'esprit déborde au delà du corps pour se répandre partout en une bouillie informe.
Du coup, même l'amoureux de la fantaisie la plus foisonante aimerait parfois se raccrocher à une réalité plus tangible pour mieux apprécier la force si évidente des grands chef d'oeuvre de Miyazaki et mieux se retrouver dans le champ infini de son esprit qui semble toujours vouloir aller plus loin dans le délire rêvé (désir que je souhaite ardemment aller toujours plus loin pourtant). Alors malgré la grande légèreté de l'histoire qui ne compte presque que sur les sentiments des personnages, malgré la reprise évidente de certaines recettes conceptuelles et malgré mes interrogations quant à l'unité de l'ensemble, moins évidente et concise car ouvertement couverte par la magie qui de toute façon peut tout se permettre, ce château en a dans le ventre, maîtrise presque parfaitement son feu d'artifice, tentant de garder ses thèmes importants bien calés au fond du panier pour que les flots n'emportent pas tout quand la marée fantastique se déchaîne.
Le Château Ambulant, comme toute oeuvre "miyazakienne", rejoue une énième fois les thématiques et figures de styles propre à Miyazaki ; il y a la guerre, la nature, la métaphore d'une habitation (ici le château et dans Chihiro la maison de bains) comme moment de maturation existentiel (Chihiro) et symbole d'une relation amoureuse "domestique" en construction, métaphore sur la vieillesse également... Tout ça et bien d'autres choses déjà abordées par le réalisateur dans ses différents films. Le Château Ambulant démontre encore toute la richesse de l'imaginaire de Miyazaki, le sens du timing dans sa mise en scène, sa capacité à capter en deux plans trois mouvements l'attention de n'importe quel être un minimum sensible. Le Château Ambulant prouve que si on peut mettre en doute le miracle des petits pains, les miracles successifs et constant que sont les films de Miyazaki apportent la preuve de son génie avec une habitude qui frise la banalisation du miracle. Là est certainement la raison qui fait dire à certains que le monsieur se répète, ou qu'il tourne en rond, ces derniers confondant tics visuels et thématiques avec univers intérieur.
Mais Le Château Ambulant marque surtout, sous ses apparences de redite géniale, l'émergence d'une dimension absente du reste de la filmographie de Miyazaki : Le Château Ambulant est certainement le premier film de Miyazaki qui fait clairement transparaître une forme d'érotisme dans sa façon d'aborder ses personnages principaux. Non seulement le réalisateur s'occupe d'amours plus matures qu'à son habitude, mais il passe aussi le seuil de la relation platonique sur laquelle il s'était toujours arrêté pour aborder frontalement cette question : dans Le Château Ambulant les courbes toutes féminines de l'héroïne visibles au détour d'un plan posent immédiatement la notion de désir qui en est consubstantielle. De mémoire, pour la première fois de façon centrale, Miazaki explore pudiquement et délicatement mais néanmoins réellement le sentiment amoureux chez quelqun d'autre que des ados assexués. Il ne botte même pas en touche comme ce fût le cas, de façon trés romantique, dans Porco Rosso. Le désir est là qui envahit tout le film : la Sorcière des Landes n'est-elle pas la figure même de la frustration amoureuse accumulée au cours des ans, frustration amoureuse sublimée par une vie qu'on devine pleine de stupre et de luxure, un trop plein fait chair et bourrelets censé combler le vide sentimentale qui est désormais son quotidien ?
Sous l'apparence de la redite le dernier film de Miyazaki marque une réelle évolution des préoccupations du bonhomme. Et quand on y regarde de près, tout le dispositif narratif qui pousse nombre de critiques à établir une liste de comparatifs abscons pour essayer de situer le film dans l'oeuvre de Miyazaki, n'est qu'apparat et décors de théatre - là où précedemment il était souvent une bonne partie de la matière thématique première - permettant à ses personnages d'exister, servant avant tout et uniquement à mettre en relief cette quintessence de relation amoureuse qu'est l'histoire de Haru et de Sophie ; la guerre, le pouvoir, la corruption, la nature... autant de thèmes qui confinent volontairement au cliché, autant de sous-intrigues qui n'appellent aucune résolution car tout ce qui importe au réalisateur, tout ce qui nous importe finalement, c'est de savoir "s'ils vont sortir ensemble", bien que l'on sache dès le départ qu'il ne peut en être autrement, comme dans toute comédie romantique.
Chihiro était emprunt d'une inquiétude sourde et d'un malaise permanent, traversé de long en large par cette personification du trop plein libidineux qu'était le personnage de l'esprit collant - c'est bien le mot - au basques de l'héroïne. Le Château Ambulant, au contraire, est léger et inconséquent (la façon dont sont cavalièrement abordés tous les thèmes "sérieux"), principalement préoccupé par les sentiments de ses personnages, personnages principalement préoccupés par leurs sentiments. Le plan le plus marquant du film ? Sophie, vue de dos, avec son physique de jeune fille, la courbe de ses reins épousant sa robe, la forme de ses fesses se devinant dessous. Un plan aussi fugace qu'un bout de jambe révélé par une jupe brièvement relevée...
Peut-on parler d’œuvre mineure de Miyazaki en évoquant Le Château Ambulant ? On serait tenté de dire oui, car cet anime ne marquera probablement pas autant les esprits qu’un Mononoke ou qu’un Chihiro. Cependant, la patte de Miyazaki est telle que même pour une œuvre considérée comme « moins incontournable » que les autres, cette dernière se classe nettement au dessus du tout venant, seuls Otomo, Takahata et Oshii étant capables de rivaliser à ce niveau-là. Avec une imagination fertile et délirante, des idées absolument géniales (un château sur pattes tout déglingué, un changement de monde sur simple rotation d’un bouton, un prince transformé en épouvantail bondissant) et une complexité de situations impressionnante, il parvient, tout en conservant ses thèmes de prédilection comme la nature, la guerre et les machines volantes, à nous entraîner dans son monde, un univers sans limites où tout est possible. Du grand art, forcément.
A raison, certains voient dans ce chateau ambulant une sorte de petit résumé de la carrière du Maître. Tout comme Sophie qui est amoureuse de son beau magicien, Miyazaki est amoureux de la magie du DA, et tout comme Sophie, il y consacrera toute sa vie. Plusieurs clins d'oeil au passé viennent renforcer cette hypothèse: les vaisseaux de guerre ont presque le même design que les insectes à carapace de Nausicaä de la vallée du vent, un navire en feu et tout son équipage s'enfuyant dans un joyeux bordel, cela nous ramène aux pirates de Laputa, le château dans le ciel et même, pourquoi pas, aux gendarmes en furie de Sherlock Holmes. Le petit avion que pilote Sophie, lui, ressemble beaucoup au planeur de -once again- Nausicaa, les bestioles/animaux de compagnie sont toujours là pour faire les pitres, quant à l'endroit où loge notre héroïne au début, il ressemble à s'y méprendre à la petite maison avec courette intérieure de Kiki la petite sorcière. Un film testament? En attendant le prochain, peut être. Peut être aussi que le spectateur apprend juste à connaître et reconnaître le bonhomme, comme on reconnaîtrait un bon ami dans la rue.
La magie est toujours là, bénéficiaire cette fois d'une nouvelle richesse thématique, ce qui lui permet d'être supérieur à celle d'un Le Voyage de Chihiro un peu trop gentiment fourre-tout. Le Château ambulant transcende aussi son statut d'excellent divertissement grâce à des passages somptueux de maturité, en particulier cette scène superbe, dans le château de la reine, où l'envolée lyrique de la plaidoirie de Sophie est secondée par les évolutions adéquates de son visage.
Quelques petits bémols sont malgré tout à signaler. Au début du métrage, la morale sur la vieillesse et ses vertues est quelquefois un peu trop appuyée. Le score d'Hisaishi, bien qu'efficace, n'a plus rien à voir avec les perles qu'il nous avait concocté pour Totoro et Mononoke, mais là où le film devient surtout très déstabilisant, c'est avec son traitement expéditif et excessif du gros happy end qu'il nous balance. Certaines entités auraient dû périr et ça n'est pas le cas, Miyazaki préfèrant apparemment sacrifier son propre talent et limiter une partie de ses ambitions pour ce qu'il imagine être la bonne cause: les enfants. A terme, ce choix n'étant pas artistique, cette scène (un vrai petit sabordage) dénote énormément par rapport à tout ce qui a précédé. Reste un élan de grande générosité, artistiquement discutable mais quelque part on s'en fout un peu, ça fini bien et les mômes sont contents.
Le mélange des contes d'antan (ah cette porte magique qui donne sur un autre monde... vous avez dit "Narnia"?) et des délires de Miyazaki fonctionne très bien. Comme à l'accoutumée, le bestiaire Miyazaki se voit agrémenté de nouvelles créatures complètement décalées, ces dernières étant comparables aux éternels sidekicks promus peluches de chez Disney. Une nouvelle fois ça marche, la preuve, on a tout de suite le besoin urgent de s'acheter un épouvantail pour étendre le linge en sortant du ciné. Génial, non?
Du temps, il en faut un peu plus qu'aux Miyazaki précédents à ce Château Ambulant pour acquérir toute sa force. Mais c'est aussi parce qu'il prend son temps pour poser tous ses enjeux thématiques et narratifs que cette nouvelle réussite d'un grand du cinéma mondial finit par émouvoir. Reste qu'on voit néanmoins très bien pourquoi le film risque de susciter des avis très tranchés: pour certains, sa richesse scénaristique pourra être synonyme de trop plein, de scénario embrouillé et son côté visuellement baroque de pompiérisme indigeste.
Ce qui gêne au début du Chateau Ambulant, c'est l'impression de (bon) pilotage automatique qu'il dégage. Certes, on rit déjà beaucoup au début du film mais cela ne fait pas oublier des éléments visuels un peu trop proches du Voyage de Chihiro et un Hisaishi qui refait du Hisaishi. On n’aurait rien contre le (re) travail sur des effets de signature mais ici on est plus proche de la reprise en un peu moins fort et un peu moins émouvant. Mais si le film va avoir par la suite en commun avec Chihiro son caractère de conte initiatique –d’une fille ne se sentant pas attirante- il va néanmoins éviter ce genre d’écueil. Lorsque son héroine se retrouve « transformée », elle commence à regarder d'un autre oeil son vieillissement subi. Alors qu’elle veut au début cacher sa vieillesse –le drap, la fuite-, elle se met à prendre conscience qu’elle a gagné en vécu lui permettant d’affronter les aléas de la suite du récit. La transformation n'aura donc pas été que physique. Un peu comme après avoir imaginé son nouveau physique comme un obstacle dans la conquête de l’homme qu’elle aime elle finira par le surmonter.
A partir de là le film va jouer sur les questions des apparences et de la frontière rêve/réalité. Les moments où l’héroine apparaît avec un visage rajeuni peuvent ainsi se concevoir de diverses manières : comme des moments où elle tente de s’imaginer plus jeune, comme des passages rêvés, comme des moments où l’homme qu’elle aime la voit plus jeune, comme des moments où le sortilège suspend son effet. Mais cette quête est aussi pour elle l’apprentissage de l’acceptation des apparences/transformations moins attirantes de l’homme qu’elle aime. Les rôles se retrouvent également parfois inversés dans la narration. Celle qui a jeté un sort se retrouve vieillie et désirant le jeune homme, se retrouvant ainsi dans la position dans laquelle elle a mis l’héroine. Lorsque par erreur les cheveux du jeune homme se retrouvent à changer de couleur et que ce dernier se demande s’il est encore attirant, c’est celle qui s’est retrouvée avec les cheveux blancs par la faute d’un sortilège qui le console. L’idée de pouvoir avoir plusieurs vies se retrouve aussi cette fois au sens littéral au travers du personnage de Calcifer qui réussit à se ranimer alors qu’il était éteint.
Le seul salut dans le film, c’est d’accepter de vieillir comme cette héroine qui revient au point de départ pour accepter de se montrer vieillie aux gens de son proche entourage. C’est ce genre de jeu sur les rôles et les apparences qui donne au film son pouvoir de fascination et à la narration sa force. L’autre point intéréssant est l’intrusion en contrepoint du récit de la guerre : au monde de pure évasion du film s’oppose ainsi la réalité la plus cruelle. Et c’est par la guerre que les deux êtres vont se construire et se rapprocher. Le monde irréel du château ambulant et du jeune homme se trouvant à bord refuse ainsi de se compromettre dans la cruauté humaine, d’aider par la magie les hommes dans leur entreprise destructrice. Visuellement, le film va pousser le gout d’une certaine surenchère baroque encore plus loin que Chihiro : tous les passages relatifs à la guerre sont ainsi soufflants de meme que le château ambulant du titre. Quant au score d’Hisaishi, il va se révéler plus varié au cours du film et ainsi mieux fonctionner. Grace à la combinaison de tous ces éléments, l’émotion va aller progressivement crescendo dans le film.
On le voit, Le Château Ambulant fonctionne à de multiples niveaux : comme cinéma d’évasion pure naïf et visuellement baroque, comme film sur les apparences dans la relation amoureuse, la lutte pour accepter le vieillissement, l’idée de vies multiples, comme film/roman d’initiation et comme dénonciation de l’horreur de la guerre. A défaut de renouveler fondamentalement l’œuvre de Miyazaki, il maintient sa régularité vers le haut et offre un modèle de cinéma à la fois ambitieux visuellement et thématiquement, de cinéma alliant la naïveté, l’évasion du réel et la grandeur humaniste.
Encore un film original et inventif d'un réalisateur qui semble n'être jamais à court d'inspiration, même si on peut lui préférer d'autres oeuvres, ce château ambulant est très fréquentable.
"Le château ambulant" devait – selon les propres dires de son auteur – être le dernier film de Miyazaki. Une sorte de film testament pour conclure une magistrale œuvre filmographique. Quoi de plus normal, que de voir les thématiques les plus chères au cœur de son auteur ressassé dans ce qu'il pense être son dernier rendez-vous avec les planches de dessin? !!
Le début du film ressemble donc à s'y méprendre au témoignage d'un homme se sentant "vieux" et d'appuyer tous les petits tracas d'un âge avancé; mais au fur et à mesure du film se dessine une totue autre préoccupation: après l'âge de l'innocence/enfance délaissé pour celui de l'adolescence dans "Le voyage de Chihiro", voilà-t-y pas que Miyazaki retrace la fin de l'adolescence pour celui de l'âge adulte, mise en exergue par les premiers émois amoureux…mais également la prise de conscience de la cruauté humaine illustrée par le combat intérieur entre le Bien et le Mal…et la Guerre, qui peut résulter d'un tel conflit.
Mais pour une (prétendue) dernière, Miyazaki n'a certainement pas envie de terminer sur une note pessimiste – et de célébrer l'Amour éternel, vainqueur de tous els maux, renaissant à l'infini et durant éternellement…
Au contact de son "charmant prince", Sophie, vieille fille, rajeunit à vue d'œil, une belle métaphore de comment un être peut véritablement "revivre" grâce à l'Amour.
Il faut savoir entretenir la flamme et être à l'écoute du cœur de l'autre pour pleinement vivre une relation à deux.
Bref, un enchantement pour les petits par une nouvelle incroyable richesse visuelle – mais sans aucun doute la plus mature des histories de Miyazaki, composant un hymne à l'Amour et à la vie.
Je me suis complètement laissée porter par ce film, où l'on s'envole au dessus des toits dans les bras du jeune et beau magicien "Hauru", à l'âme sombre.
Les "prises de vue" font ressortir une forme de sensualité entre lui et la fausse vieille Sophie, phénomène renforcé par la musique - encore une fois sublime et presque pas "déjà entendue" de Hisaishi.
Bien sûr, comme toujours, l'histoire est très riche et les personnage secondaires, toujours fantaisistes et non-manichéens, sont comme de petits satellites autour des deux principaux... ha, pardon, des trois... oui, car il y a Calcifer, le feu (comique) qui brûle entre les futurs amants. Il va falloir l'éteindre pour que le couple se transforme en un foyer équilibré.
Et le tout dans un tourbillon d'actions, nous menant d'une boutique de chapeaux à de splendides champs de fleurs, en passant par des combats aériens, une scène de "ménage", un caprice de star qui rate sa couleur de cheveux, des transformations inquiétantes...
Bon, j'arrête, j'ai envie de le revoir rien qu'en y pensant !
Ah si, j'ai aussi lu le livre qui a inspirer ce film (Howl's moving castle)... inspiré seulement, mais c'est amusant de voir à quel point l'imaginaire de Miyasaki rejoint parfois celui de l'auteur anglaise.
Attention, film atypique ! Ici, Miyazaki se passe de "présenter" un univers ou justifier quoi que ce soit, dès le départ, le décor est planté : un chateau se déplace dans la brume, des magiciens cotoient la technologie, ... bref on rentre direct dans le vif du sujet.
Cependant, il serait bon de voir les autres oeuvres de Miyazaki avant d'aborder celle-ci dans la mesure où chaque nouveau film contient des éléments des précédents dans le but de prolonger, approfondir ou créer une nouvelle thématique.
De ce fait, ce chateau regorge de références à Chihiro (Haura qui se transforme en aigle et voit ses ailes se disloquer), Laputa (la jeune fille et la question du "coeur"), Princesse Mononoke (la nature vivante). En gros, les costards-cravates de la distribution mérite une sucette pour leur n'importe quoi !
Quant à l'objet filmique en lui même, il défie tout analyse de par sa (dé)construction et sa richesse.
Film irracontable ? Absolument. En fait, le raconter consiste à énumérer une suite de moments, tant l'histoire dévie de sa ligne principale tout en maintenant des changements de rythmes incessants.
Mais loin d'être un copier/coller d'anciens films, Le Chateau Ambulant montre un Miyazaki novateur dans ses personnages : des jeunes adultes. Ainsi, l'exposition des sentiments se trouve à maturité. Aussi, dans sa logique narrative et sa constrction, l'auteur prend de gros risques tant l'histoire est touffue et complexe et ses changements de rythmes, comme dit plus haut, incessants. On passe des sentiments à l'épique (les scènes de bataille sont assez impressionnantes), tout en rebifurquant vers l'aventure pur jus (comme le faisait Laputa).
Aussi, on note chez Miyazaki de constantes références à ses contemporains comme Peter Jackson (les morphing constant de Sophie évoquent celui du roi Theoden dans Les Deux Tours) ou Tim Burton (le personnage, excellent, de l'épouvantail ainsi que les débordements gothiques de paysages en flammes), voir ...Oshii (le chien) ou... les frères Wachowski (les portes qui permettent de changer d'endroit ou encore le personnage de Suliman quiévoque l'Architecte).
A noter également des références à l'histoire européenne dans l'évocation de la guerre (on pense aussi bien à la guerre 14-18 avec la "fête" pour les soldats qui partent la fleur au fusil ou au bombardement de Londres tant le "royaume" évoque l'architecture anglaise.
Bref, un Miyazaki qui surprend, fascine et prend encore plus des allures de coffres à trésor que ses précédentes productions. Vivement un beau DVD que l'on puisse bien en saisir toute la teneur !!
Du tout bon, mais c'est une habitude avec le grand Hayao MIYAZAKI . On retrouve toujours un message dans l'animé de ce dernier, des dessins sompteux, des couleurs vives, des personnages attachants, nuancés et non manichéens ... et la musique de Joe HISAISHI est inoubliable . Cependant en regardant "le château ambulant", on a l'impression que ce dernier est une synthèse de tous ces autres animés et qu'il manque d'originalité .
Oui, c'est un joli film. Beaucoup de poésie et d'humour.
Bon, les messages qui veulent être passé sont à la limite du niais (genre "je deviens vieille mais j'aqcuiert de l'expérience"; genre "tu as perdu ta teinture jaune mais tu reste un beau gosse à l'intérieur"); mais faut pas oublier que ça s'adresse aussi à un public jeune.
Pour etre bref, l'ambiance est magique et le tout est assez drôle. J'adore Calcifer
Le nouveau Miyazaki, s’il n’atteint pas les sommets de Totoro (pas aussi poétique) ou Mononoke (pas aussi épique), est encore une belle réussite. Inutile de recenser les redites par rapport au précédents car Miyazaki fait partie de ces réalisateurs dont l’oeuvre est d’une telle cohérence qu’on peut presque se demander s’ils ne refont pas toujours plus ou moins le même film (en gros : un conte initiatique narrant les péripérties d’un héros candide qui se heurte aux réalités du monde qui l’entoure, et qui apprend à s’y adapter).
On pourrait pinailler sur le happy end un peu bâclé qui arrive comme un cheveu sur la soupe et qui est en contradiction avec la montée dramatique qui précède. On pourra aussi reprocher au scénario son coté un peu fourre-tout (ce qui est un peu une constante chez Miyazaki : Chihiro était bien plus corsé de ce point de vue la !) mais ce ne sont que des détails mineurs qui n’empêche pas le Château ambulant d’être un film enchanteur dans lequel on plonge sans peine malgré la complexité de l’intrigue et qui nous laisse un sourire béât à la fin de la séance.
Le plus important, en effet, c’est que l’invention visuelle est omniprésente avec une foultitude de trouvailles visuelles ou scénaristiques formidables à commencer par le fameux château. Comme toujours chez Miyazaki les personnages sont magnifiquement dépeints dans leur complexité et les personnages secondaires à vocation comique (Calcifer, le chien-espion) sont très réussis.
Tout le monde connait l'intrigue, je pense, mais résumons-là vite fait...
Dans une cité à l’esthétique européenne entre Angleterre victorienne et Alsace de carte postale, la jeune Sophie fabrique des chapeaux sans trop de passion et s’accommode plus ou moins des frasques de sa famille. Un jour, elle rencontre par hasard le beau magicien Hurle, se fait embarquer dans ce qui ressemble fort à une querelle de ménage entre sorciers, suite à quoi l’amoureuse éconduite du jeune premier jette à l’héroine un sort qui la transforme instantanément en vieille grabataire.
Commence alors une épopée fantastique à la Magicien d’Oz au cours de laquelle la « jeune grand-mère » Sophie, entre deux rencontres avec des personnages ou créatures étranges et autres situations surréalistes, tentera –vaguement- de retrouver son apparence et surtout de percer le secret du mystérieux et multiforme Hurle, dont elle finit par s’éprendre.
Avant tout, l’impression principale laissée par ce nouveau film du célèbre studio d’animation Ghibli est celle d’un album photo résumant l’intégralité de la filmographie du studio. La recherche des œuvres dont est issue chaque idée est agréable au fan (peu ou pas de neuf, uniquement de la reprise, du mixage et de l’adaptation : on retrouve en vrac des éléments provenant d’absolument TOUS les films précédents du studio, sans exception – à chacun le plaisir de mettre la légende sous chaque « vignette »-), mais ce coté « album de famille » dessert finalement l’oeuvre, car à vouloir trop en mettre, on ne met finalement rien (de profond). Le film est un patchwork qui n’a pas ou trop peu d’identité propre.
Ainsi des seconds rôles trop sommairement esquissés, qui ne bénéficient d’aucun traitement personnalisé, d’un background souvent limité à une ou deux caractéristiques, une scène/phrase flashback énigmatique et surtout une bonne grosse ellipse (critique qui pourrait, dans une moindre mesure, s’appliquer également aux premiers rôles). Les personnages les plus importants, sur qui est sensée reposer l’intrigue, manquent par ailleurs de polarisation nette dans leurs interactions, aucun n’assumant pleinement son identité ou son statut(de héros, de vilain, etc) : cette absence est récurrente dans les plus récents films du studio (et permettait d’éviter le traditionnel manichéisme), mais elle n’aboutit ici qu’à flouter un peu plus les contours d’une intrigue qu’on a déjà bien du mal à percevoir. En somme, ces personnages existent peu, on a du mal à les cerner, à les imaginer en dehors du temps immédiat du récit, ce qui leur ôte toute profondeur.
Ainsi également de toutes ces lignes esquissées, rarement approfondies et peu ou pas reliées entre elles.
Ainsi du manque de rythme général.
Précisons : on ne parvient pas vraiment à rentrer dans le film et à percevoir la fabula, car celle-ci est trop ténue, beaucoup trop en tous cas pour pouvoir proposer matière à une trame solide sur laquelle viendraient se greffer les multiples épisodes, tel que cela fonctionnait de manière magistrale dans les films précédents (Mononoke étant peut être le meilleur exemple) : il ne reste ici que les épisodes, et on saute de l’un à l’autre sans trop comprendre, sur un rythme dès lors « clopin clopant ». La scène d’introduction annonce généralement une intrigue sur laquelle elle viendra ensuite se poser et à qui elle « passera le relais » : cette intrigue ne vient pas (car on comprend très vite que Sophie n’a finalement que faire de retrouver son apparence initiale), et tout le film va dès lors souffrir de ce « problème d’allumage » : le spectateur attend tout du long l’arrivée de cette pierre d’angle qui assoira le film et son rythme, or elle ne viendra jamais.
Pour ces raisons, absence de ligne cohérente, manque d’émotion, de souffle épique surtout. Sur quel tableau joue finalement le film ? Que cherche-t-il ? Que veut-il nous transmettre ? On se pose tout du long ces questions, auquel on n’obtiendra malheureusement que la plus minimale réponse : il veut nous divertir, en faisant jouer les – certes sympathiques- ficelles qui ont si bien fonctionné dans les films précédents.
Mais ce qui devrait conférer à cet opus son identité dans la filmographie du studio, ce monde baroque de magiciens très 19e siècle, n’est guère plausible. Il est trop hybride, pas assez typé, et comme aucune ligne de rive n’est vraiment approfondie et exploitée à sa juste valeur, on ne s’attache à rien, on n’arrive pas à s’imaginer cet univers au-delà des images qu’on nous montre dans l’instant, et le tout ne dépasse donc pas le cadre du conte un peu désincarné. (Souvenez vous de la faune qui peuplait les thermes de Chihiro : on s’imaginait d’où venait chaque créature, on extrapolait d’après quelques petits détails bien sentis –qui montraient chaque fois tout l’amour des créateurs pour leurs créatures- son petit univers personnel, sa mythologie, et la réussite eschatologique était à la hauteur du soin avec lequel on nous dépeignait cette maison, son organisation, sa cohérence interne. Dans Hauru, rien de tout cela, puisque rien ni personne ne bénéficie d’un traitement un tant soit peu personnalisé et approfondi).
Poser la question de l’apparence (héroïne vieillie et –gentiment- enlaidie mais rapport amoureux comme moteur - ?- du film, son prétendant Hauru hanté par sa vanité narcissique et donc sa dualité homme-monstre) est peut être LA bonne idée du film, venant le replacer dans le contexte plus contemporain de la société des signes et de l’image en inversant le jeu de miroirs thématique antédiluvien de la Belle et la Bête, mais l’idée est peu exploitée et peu à peu renversée puis abandonnée en cours de route pour un retour à une romance plus classique (Sophie redevient jeune au fur et à mesure que grandit son amour pour Hauru et sa volonté d’implication dans le récit –d’ailleurs uniquement explicable par le manque de passion et le détachement dont elle faisait preuve dans sa vie d’ « avant »-, Hauru qui finalement s’assume et du même coup se réhumanise, et ainsi le final peut sauvegarder les clichés de l’amourette – La magicienne du roi vient d’ailleurs maladroitement souligner cette conclusion par un insert en forme de clin d’œil méta-narratif sur le nécessaire « happy end » dont on se serait bien passé). Le traitement léger et sans grande volonté de cette problématique du dépassement des apparences qui a pourtant été vendue comme la ligne de rive principale du film contribue à lui donner ce désagréable effet de flou, de manque d’identité, principal reproche qu’on pourrait lui faire.
L’idée des portes dimensionnelles est également bonne, mais elle est finalement peu exploitée, ses occurrences manquant de vitesse et de « folie ». Ajoutons qu’à l’instar de bien des films du studio, Hauru souffre d’une fin légèrement languissante… (syndrome ultra-courant dans la production ciné actuelle)
Finalement, un Ghibli mineur (à peu près au niveau des Totoro, Porco Rosso, Kiki’s Delivery Service), mais qui tente de se hausser du col au niveau des majeurs (thème de la guerre repris de Nausica, largeur de l’échelle, etc…), pour un résultat agréable mais mitigé. Le film se veut sans doute de par son ampleur au niveau des Mononoke, Chihiro, Nausica et autres Laputa, mais son manque d’identité et de cohérence le cantonne au rang de –bon- divertissement, à l’image des autres Ghibli « mineurs » (que leur cohérence rend toutefois bien plus attachants et typés que ce dernier opus).
On ne saurait soupçonner le studio d’avoir bâclé l’œuvre, mais c’est parfois l’impression qui se dégage de ce chaos d’idées reprises et esquissées, souvent laissées complètement en plan ou au mieux cousues ensemble tant bien que mal (et tenant ensemble par la « magie » du studio, cette force poétique et humaniste à toute épreuve qui dieu merci fonctionne toujours, mais qu’on sent ici peu à peu s’étioler)…
C’est la première fois qu’une telle sensation apparaît dans un Ghibli (alors qu’on avait les mêmes craintes au moment de l’annonce et des premières esquisses de Sen to Chihiro, craintes qui se révèleront finalement complètement infondées…). C’est un peu inquiétant…
Miyazaki se disait déjà « en sursis » après son chef d’œuvre Mononoke. C’est donc avec un peu de surprise, un grand soulagement et un ineffable ravissement qu’on avait accueilli la réussite totale que fut Sen to Chihiro. Mais peut être le sursis a-t-il ici pris fin… Ou souhaitons qu’il ne s’agisse que d’une pause, et non d'un chant du cygne…
Car Hauru no ugoku shiro fonctionne intégralement sur les automatismes, les recettes qui ont fait le succès des films précédents du studio, mais sans ce supplément d’âme sous forme de cohérence interne et d’unicité du « langage poétique » qui les élevait bien au-delà du simple divertissement familial, niveau auquel se cantonne honorablement ce château ambulant qui vient comme un bon vieux camelot – certes talentueux, sympathique et honnête - proposer de porte en porte ses bons vieux tours aux petits et grands…
Tours de passe-passe ou tours de magie, c’est votre sensibilité qui tranchera.
Une superbe histoire, de merveilleux personnages, une oeuvre remplie d'émotion et de tendresse comme sait si bien le faire MIYASAKI. Un chef d'oeuvre de plus dans son palmares! A voir et à revoir
Difficile de rester objectif devant un Miyazaki, c'est juste un pur moment de bonheur de regarder un tel film, un peu comme dans un rêve, on aurait envie pour un peu de traverser l'écran pour aller se balader.
L'animation est super, le chara-design agréable ( j'aime assez bien les "mechants" en caoutchou), l'histoire est bien même si je n'ai pas tout compris, et une immagination débordante.
A revoir bien sûr, mais en Vost cette fois.
Vraiment très impressionnant, rien à dire, niquel. Miyasaki a vraiment fait un chef d'oeuvre! Magnifique esthétiquement et belle histoire. Tout est là!
A voir et à revoir sans modération.
Hayao Miyazaki est devenu le principal artisan de la reconnaissance de l'animation japonaise en France,et depuis Princesse Mononoke ses oeuvres sont attendues par le grand-public connaisseur peu ou prou de cet univers sans équivalent en Occident.
Ce CHATEAU AMBULANT (pour une fois,traduction directe,mais qui tombe mal car rappelant un peu trop un précédent CHATEAU DANS LE CIEL) est à la hauteur des précédents,même si l'ambition affichée d'un PRINCESSE MONONOKE apparait comme un sommet désormais indépassable.
Le graphisme et l'animation restent exceptionnels,plus chaleureux que dans le précédent VOYAGE DE CHIHIRO,mais les décors rétro favorisent cette impression générale,ici on est plus proche de l'univers de KIKI la petite sorcière,autre adaptation d'un bouquin d'ailleurs.Et le monde de LAPUTA est bien sûr aussi présent en filigrane,puisque toutes ces constructions aériennes échevelées sont une constante dans la féérie du patron des studios Ghibli...En fait,il serait vain de rassembler tous les emprunts aux autres longs-métrages,LE CHATEAU AMBULANT se présentant comme une somme de tout ce qui a été vu avant chez Miyazaki.Et pourtant,il s'agit bien d'un film nouveau,et même novateur,les références habilement disséminées comme des repères apparaissant comme des clins d'oeil,pour un scénario moins linéaire qu'il n'y parait,ou les renversements de situation sont prétexte à dynamiser une histoire relativement alambiquée mais comme toujours trés agréable à suivre.Les héros sont attachants,mais d'une complexité certaine,même si la jeune héroine trouve comme toujours dans l'adversité(en l'occurence sa terrible malédiction)matière à puiser une force peu commune et un humour régénérateur de vieille grand-mère!D'ailleurs la galerie des"second rôles" est trés réussie, du chien asthmatique hilarant au sympathique épouvantail à tête de navet en passant par la magicienne devenue quasi-sénile.Le magicien Hauru étant quant à lui le personnage le plus dramatique de l'histoire,charismatique et bienveillant mais qui a aussi sa part d'ombre.
Pour ajouter au bonheur des images,le score musical de Joe Hisaishi est encore une fois de toute beauté,certains passages évoquant étrangement les partitions pour HANA-BI lyriques et puissantes.
Avec ce CHATEAU AMBULANT,sans pour autant réaliser le meilleur opus de sa longue filmographie,Miyazaki se situe encore et toujours trés au-dessus de la production courante,et à l'image de ses créations,il reste sur le toit du monde de l'animation mondiale.
Souhaitons que malgré son age,il puisse nous offrir encore d'autres moments de pur bonheur cinématographique,pour que ce nouveau film ne soit pas le dernier.
pour etre le plus objectif possible, je dirais que le chateau ambulant est un bon anime, poetique, personnel et doux. le coté reflexion n'est pas très développé mais ce n'est pas niais non plus, et techniquement ce n'est pas une tuerie mais c'est très joli.
pour résumer on n'est pas surpris du tout car on retrouve beaucoup d'éléments des précédents films, le chateau ambulant fonctionne bien mais j'attend maintenant que son prochain film sera aussi bon mais renouvellé.
ps:euh oui la musique est encore une fois magnifique.
Il faudra sûrement une seconde vision pour apprécier Le Chateau Ambulant à sa juste valeure... Certainement parce qu'il est assez différent des précédents titres.
Miyazaki semble moins s'inquiéter de la clarté de son récit qu'à l'accoutumée. Non seulement il se laisse aller à pas mal de saynètes visuellement délirantes, sortes de passages oniriques non-rêvés haut en couleurs, etc., mais surtout il change un peu sa caractérisation : il garde cette idée très forte sur la part de bien et de mal des personnages, sur le changement continuel d'un peronnage "mauvais" en un "bon" - à l'instar du Chateau dans le Ciel ou de Chihiro - sauf qu'il dépose un voile autrement plus flou sur ses différentes figures. A ce titre, le personnage de la sorcière ne sera jamais, à aucun moment, aisé à croquer. Ni gentille, ni mauvaise. Miyazaki aimait dire qu'il y avait des deux en chacun de nous (forme de pensée avancée), il s'amuse à nous dire aujourd'hui que c'est le cas mais que la visualisation de cette dualité est souvent imperceptible (encore plus avancée, donc).
Au-delà de ce détail (majeur) que l'on jugera un peu "gênant" pendant le film car apportant son lot de confusion pour notre attachement aux personnages et à l'histoire, et que l'on admettra "bien vu" post-visionnage pour l'effort de caractérisation singulière, le film fonctionne bien. Le début est d'une limpidité et d'une fraicheur réjouissante, aussi d'un enchantement visuel fort et néanmoins très terre à terre de par son aspect très détaillé de la représentation de la ville (à l'européenne, comme toujours), évoquant un peu Kiki et même le somptueux Nasu, de Kitaro Kosaka. Le reste se perd donc un peu parfois dans ses virées-rêvées mais séduit toujours. Le film développe en tout cas un beau sous-texte sur le respect des anciens, égratignant en parallèle une certaine populasse snob au détriment de gens plus marginaux, plus complexes et torturés mais plus bons au fond d'eux (d'où l'importance de l'image du coeur, jusqu'à sortir du corps).
En terme de dépaysement et de propos subalternes, non, ce n'est pas Chihiro non plus mais Le Chateau Ambulant est un plaisir constant, un drôle de voyage qui tient son pouvoir dans son incapacité à être absolument défini et saisi, à l'image de ses personnages. Il peut donc bien être fascinant, ça oui.