Le rythme de la peau
Il faut réellement savoir appréhénder un peu le cinéma thaïlandais pour apprécier un minimum des films tels que ce "Perng Mang". Le rythme est assez lent, les comédiens pas toujours très convaincants et – surtout – la naïveté de la plupart des personnages et des situations ont de quoi heurter nos perceptions élevées "à l'occidentale".
En l'état, "Pern Mang" paraît donc comme un film d'horreur à petit budget, sans grande inspiration et particulièrement ennuyeux dans ses longs plages plus portés sur la romance des deux personnages principaux, que sur le déchaînement des sons de tambour.
Ce serait faire une impasse totale sur la production relativement soignée des décors et costumes et de la philosophie approfondie du jeu du "perng mang", ce particulier jeu de tambours aux sonorités assez inédites. Et c'est également l'une des forces du cinéma thaïlandais, que de vouloir préserver – ou du moins véhiculer – des us et coutumes profondément enracinés dans leur pays pour rappeler la richesse de leur héritage culturel.
D'un autre côté, "Haunted Drum" ne dispose malheureusement ni des moyens des grands studios (il s'agit d'une production "PhranaKorn", pas très connue pour leurs folles dépenses ou projets ambitieux), ni du talent des réalisateurs (Nimibutr en tête) qu'ils tentent d'imiter; car l'histoire de "l'esprit d'amour" s'inspire très fortement de la légende de "Mae Nak", immortalisée à la perfection à tout jamais dans "Nang Nak" du metteur en scène précité; mais louche également du côté du magnifique "The Overture" de Wichailak Itthi-Sunthorn dans ses jeux d'instruments.
S'il y a deux choses à retenir au final de ce film, c'est la beauté étincelante de son actrice principale, Wongsawan Woranut ("Midnight my love") et ces quelques scènes incroyablement gores (surtout dans le cinéma thaï) et purement gratuites, dont – une – particulièrement salée, où les tambours s'envolent dans les airs pour littéralement écrabouiller leur victime dans une scène étirée en longueur. Ce qui – je l'admets – est loin d'être suffisant pour en faire un classique du genre…