Séduisant mais sans punch
Autant Zhang Yuan peut se vanter d'avoir réalisé avec
Les Petites fleurs rouges un film mignon tout plein qui évite la pose, autant
Green Tea est son contraire le plus parfait. Le film joue d'ailleurs de son esthétique poseuse pour dynamiser la lourdeur et la faiblesse de son récit, sorte de Lelouch en version moins pénible, mais Lelouch quand même : les dialogues minimalistes ne transgressent rien, tout juste sont-ils bien débités par un couple intéressant incarné par la belle Vicky Zhao et le touche-à-tout Jiang Wen que l'on trouvera peut-être plus intéressant derrière la caméra. Mais son physique un peu pataud cache une certaine classe, une retenue typiquement chinoise au cinéma, et ici il trouve une place confortable auprès des héros d'un Wong Kar-Wai par exemple, ce dont on peut aussi reprocher au film : son manque de personnalité dans la mesure où le film semble avoir été réalisé par Christopher Doyle, auteur ici d'une photographie alternant épure, maniérisme, visuel poseur ou clippesque (insupportable table ronde en fin de métrage) mais dans l'ensemble le travail est impeccable et fait preuve d'une belle palette de textures différentes (superbe plan final) typiques de son auteur, sauvant le film d'un ennuie monstre.
En vérité, si ce cinéma à mi-chemin entre l'auteur cool et la démonstration de force visuelle manque de punch c'est parce qu'il se repose bien trop sur ses dialogues écris sans grande recherche et la symbolique du thé vert dont on verra souvent les feuilles tournoyer au sein d'un verre : cette métaphore du trouble amoureux est certes symbolisé, mais cache une petite lourdeur dans la mesure où l'image est récurrente, sans doute dans un pur soucis d'esthétisme (ce thé tournoyant est un régal pour les mirettes) comme il est de coutume avec de tels cinéastes. Préférons tout de même des univers plus recherchés qu'un salon de thé ou la sortie d'une boite de nuit et ses nappes pendantes en plastique, préférons aussi des métrages qui ne se terminent pas sur une note quasi incompréhensible ou éclipsant des personnages que l'on aurait aimé connaître, comme l'ex-femme de Ming Liang par exemple, ou avoir plus d'explications quant au personnage double de Vicky Zhao incarné à la fois par Fang et Lang, deux personnages aussi différents que diamétralement liés. Pas du tout un grand film, ni une oeuvre vraiment conseillable, mais Zhang Yuan réussira à se sortir de ce pétrin ennuyeux uniquement à vocation d'épate visuelle.
Belle maîtrise
Curieux film, mais dès les premières images, il se produit une sorte d'envoûtement esthétique. Particulièrement frappante est l'utilisation de l'espace et sa mise en perspective. C'est manifeste dès le début du film avec ces plans où alternent une vision en deux dimensions et la profondeur de l'espace filmé (première scène dans la tea house). Et c'est dans un cadre avant tout esthètique que vient de greffer progressivement cette histoire d'amour, en s'y inscrivant comme un élément complémentaire à la trame du film sans pour autant sembler conduire le déroulement du film. Il en résulte un sentiment assez complexe de fluidité et de détachement qui tout en faisant de Green Tea une oeuvre au plein sens du mot, nous laisse charmé et contemplatif mais ne sollicite guère plus de participation de la part du spectateur. D'une certaine manière on en oublierait presque que les prestations de Vicky Zhao et de Jiang Wen doivent beaucoup à leur jeu d'acteur tellement l'intégration de leur jeu à l'esthétique génerale du film est parfaite et semble naturelle.
Exercice de style
Zhang Yuan compose ici un « Jeu de l’amour et du hasard » basé sur 3 points forts : un couple d’acteurs talentueux (Jiang Wen/Vicky Zhao) dont l’attirance physique et intellectuelle est censée se ressentir à travers l’écran, une mise en scène originale avec une caméra caressant les personnages tandis qu’ils parlent, et un badinage d’autant plus complexe que la jeune femme est mystérieuse et qu’elle semble se dédoubler. Malheureusement, le badinage se transforme vite en d’interminables bavardages qui ne mènent nulle part, sauf à une fin en queue de poisson. Dans la dernière scène autour d’une table, la mise en scène et le montage survoltés donnent d’ailleurs l’impression que Zhang Yuan l’a bien compris et qu’il tente désespérément de rattraper le coup à l’esbroufe. Raté.
Green Tea ne décolle pratiquement jamais et se cantonne à un exercice de style assez vain.
Surprenant !
J'ai tenté en vain de trouver un moyen de résumer le synopsis de ce film mais il me semble impossible de donner une voie sur laquelle lancer le lecteur de cette critique. Disons plutôt qu'il s'agirait d'une version soft et bien dirigée de la femme fatale, sous les trait de Vicky ZHAO Wei, fabuleuse. Jouant sur deux personnalités à la fois, elle donne vie à un scénario en étant tantôt une fille timide et sérieuse, tantôt une pianiste libérée qui se lâche un peu avec tout le monde. De son côté, JIANG Wen donne la réplique à Vicky en incarnant le prétendant plutôt collant mais sympathique.
Et la mise en scène .... !!! que du bonheur ! C'est fin, lisse et ça glisse comme sur du beurre. Même si je pense que le film aurait gagné à intégrer des plans-séquences, je ne peux pas nier que la mise en scène choisie permet bien d'instaurer le doute entre les deux relations que mène Chen.
Une histoire plutôt soft sur une femme "fatale", qui est merveilleux dans sa mise en scène et qui met en valeur un duo d'acteurs fabuleux.
Oui, c'est ma tasse de thé.
J'ai trouvé ce film passionnant. Sans blague, c'est l'un des films les plus bavards que j'ai vu, mais je l'ai trouvé passionnant de bout en bout. D'ailleurs, il n'y a pas de bout, dans "Green Tea", suis-je bête. C'est l'un de ces films qui ne se finissent pas. Et on a beau le regarder plusieurs fois, à chaque fois c'est pareil. Mais qu'importe, puisque le film est passionnant. Passionnant, oui, mais pourquoi, au juste ? Pourquoi voir un Homme et une Femme assis à une table (le plus clair du temps) à discuter durant 1h30, me passionne ? Et je suis sûr que si je vivais cette situations - un peu voyeuriste tout de même - dans la vie, je n'arrêterais pas de penser au cours de la conversation, à rentrer chez moi pour aller regarder mes DVDs. Ohhh, mais on approche de la réponse, là ! Donc, et pour faire court, "Green Tea", comme tout objet cinématographique digne de ce nom, est plus passionnant que la vie parcequ'il substitue à notre regard un monde plus conforme à nos désirs. Voilà, mazette, j'ai trouvé. C'est aussi pour ça que c'est un film qui ne se finit pas, tiens. Dans la vie, toute chose est éphémère. On se lasse de tout, avant même d'en avoir fait le tour, puisqu'on sait que ça ne durera pas. Tandis que "Green Tea", c'est un film éternel. Il n'y a plus de thé ? Hop, on vous en ressert une tasse, et c'est reparti.
Mais trève de blabla. Evidemment, la chose la plus intéressante, dans "Green Tea", c'est d'avoir deux Vicky Zhao pour le prix d'une : )
Un dédoublement amoureux bien curieux !
Une rencontre entres inconnus : une personnalité glaciale et timide pour la femme, attachante et directe pour l'homme. C'est autour d'une histoire triste et amusante, d'un café et d'un thé vert, que ce couple va se lier vers une complicité tellement ambigue qu'il est difficile d'y percevoir une issue. La femme, Fang, va faire peu à peu place à une nouvelle femme, Lang : une personnalité ardente et malicieuse. Dès lors, le rapport homme/femme va encore plus s'entortiller, et c'est encore plus un plaisir pour nous de voir le tout dériver.
Je crois que la force d'un tel scénario ne serait pas aussi touchante s'il n'y avait pas une aussi bonne performance des acteurs. Vicky ZHAO Wei et JIANG Wen sont ici fantastiques dans leur rôle. La réalisation n'est elle aussi pas en reste, j'ai beaucoup aprécié le travail effectué par ZHANG Yuan.
Trop long
Petit film chinois un peu long et sans rebondissement.
J'avais adoré Zhao Wei dans Shaolin Soccer, mais dans Lu Cha, il faut reconnaitre qu'elle est moins intéressante.
Sous le charme...
Quête étrange, chassé-croisé malicieux ou romance double dont la base pourrait faire penser à
"Suzhou River" : un homme, une femme, une deuxième femme rappellant furieusement la première... peut-être la même femme, peut-être pas... Mais là où Lou Ye orientait d'emblée son film vers une sorte de légende moderne, détaillée et laissant tout au long du récit une grande part au rêve, Zhang Yuan semble avoir pris le parti d'une transcription minimaliste, présentée via une esthétique glacée extrêmement classieuse. Certains trouveront ces choix esthétisants d'inspiration wong-kar-waïenne mais je me permettrais de ne pas être tout à fait d'accord : hormis dans les toutes dernières minutes, ce film distille un ambiance de froidure qui la distingue selon moi du style du duo Wong Kar Wai/Christopher Doyle qui me semble beaucoup plus hot (et quand bien même il y aurait inspiration ou tentative d'imitation, je trouverais plutôt honorable le fait de suivre une voix tracée par un authentique génie du cinéma). Attachons nous justement à l'atmosphère particulière du film... Une image presque totalement centrée sur ses deux acteurs principaux et ne laissant quasiment aucun protagoniste étranger pénétrer son cadre ; un récit ludique basculant par moments vers une étrangeté tantôt loufoque, tantôt quasi inquiétante (j'ai même eut un instant la vague intuition que le scénario pourrait s'orienter vers un truc dans le genre
"Audition"... KILI KILI KILI !...) ; un son très extrêmement ténu, des dialogues presque chuchotés et une musique ultra minimaliste ; un développement au rythme tellement lent que le temps y semble parfois suspendu, juste dans l'attente d'un éventuel moment suivant. Un véritable exercice de style constituant cependant un ensemble extrêmement cohérent propre à plonger le spectateur attentif dans une vague impression de léthargie et parois même d'un soupçon d'ennui. C'était certes un parti pris assez risqué mais je trouve que cela colle merveilleusement au récit et participe à son étrangeté tout en impliquant le spectateur*. Et tout cela se prolongera jusqu'au final, inattendu autant qu'inespéré. Joyeux, vif et coloré, laissant enfin ses personnages vivre leur envie tout en ayant la pudeur de nous les cacher enfin, il est en profonde rupture de rythme et d'ambiance avec le reste du récit et peut de ce fait être vu (ou vécu...) comme une véritable délivrance (autant pour les personnages que pour le spectateur, d'ailleurs...). Au niveau des acteurs, enfin, il n'y a pas grand chose à dire : ils sont tous les deux parfaits et servent subtilement leurs personnages. Jiang Wen rend à merveille le coté "terre à terre" d'un gars qui se laisse peu à peu fragiliser et entraîner vers une certaine irrationalité tandis que Vicky Zhao Wen compose son double rôle de fille coincée laissant entrevoir une étrangeté indéfinissable et de femme idéalisée et inconséquente tout en gardant dans les deux cas une part de l'esprit mutin qui a fait son succès.
Au final, on est ici très loin des productions mainland qui parviennent habituellement en occident (vivement une sortie en salles) : pas de fresque flamboyante à tendance parfois idéologiquement complaisante, pas de drame social ni de critique de la société à tendance fauchée, pas même de fond particulier à ce qu'il me semble... Ce film est un pur objet cinématographique moderne et futile qui atteint son but malgré un probable manque de moyens et je trouve cela réconfortant quand aux capacités créatives locales. Je ne saurais dire si il s'agit d'un grand film, mais je peux vous assurer que je suis parfaitement heureux et même légèrement fier de l'avoir vu. En tout cas, je suis tombé sous son charme...
* : considèrant que le cinéma n'est pas obligatoirement voué à être un pur produit de divertissement passif, il me semble que le spectateur doit parfois savoir s'impliquer dans sa vision et être capable de surmonter lui-même quelques épreuves, tel un léger ennui. Certains films se méritent, pourrait-on dire...
Futile et gracieux
Comme l'image, la musique, le scénario, les dialogues qui sont tous des monologues, les doux chuchotements rauques, et les personnages. Même Vicky Zhao se donne la peine de sembler futile, et même Jiang Wen réussit à paraître gracieux. Restent les trop belles images, discrètes et ironiques, de la ville de Pékin.
pour le visuel
GREEN TEA n'est pas un bon film: non qu'il ne possède aucune qualité, mais celles ci ne compensent pas le vide du scénario. La photo est belle, un peu comme une pub finalement, car ici elle n'ajoute pas grand chose au film, bien qu'elle soit des plus léchée. la réal est simple et agréable, les acteurs sont bons mais tous ça sonne faux, trop artificiel.
je vous conseille de ne pas regarder ce film si vous êtes fatigués, sous peine d'assoupissement probable.
au final GREEN TEA me fait penser à une copie de WONG KAR WAI, sans l'âme qu'insufle ce dernier avec Christopher DOYLE dans chacun de ces films, GREEN TEA s'averant trop minimaliste, pseudo-intello-psychologie de l'amour et surtout soporifique